Par : Jean Claude BERI
On a beau épinglé les graves manquements de la politique de la ville menée par l’actuel gouvernement et l’équipe municipale a l’endroit des handicapés, on reste de nouveau stupéfait de constater que ces autorités restent sourds devant l’accessibilité pénible des handicapés dans les lieux dits publics. Nous avons été alertés par les compatriotes handicapés de l’aggravation de leurs conditions et surtout de l’abandon quasi-totale de la prise en compte de leurs doléances dans le processus de l’amélioration de leur accessibilité des lieux publics.
Au nom de la solidarité et surtout du respect pour tous congolais quel que soit son handicap (physique, sensoriel et mental) d’exclure certains congolais de toutes politiques visant à favoriser tant peu soit-elle les conditions de vie quotidienne de tous. La solidarité tant vantée par le nouveau gouvernement ne serait-elle qu’un vain mot ou juste un nouveau slogan manipulateur ?
Il est inadmissible qu’au moment ou le gouvernement congolais s’apprête à débourser des sommes inconsidérées pour fêter les 50 ans d’indépendances au goût douteux que les congolais souffrant d’handicap soient traités avec autant d’indifférence. Ce cas précis qui nous a été rapporté nous interpelle au point d’en juger utile d’alerter l’opinion congolaise. En date du 13 Avril 2010, Mlle A. Carine, handicapée physique se rend au CHU pour un contrôle de routine se retrouve confronter à un dilemme honteux et déshonorant pour le congolais que je suis. N’ayant pas pu être accompagné par un parent pour l’aider à gravir les marches, cette dernière est restée debout plus d’une heure sur ses béquille attendant qu’une âme sensible daigne bien l’aider. En l’absence des fauteuils roulant, sinon en nombre très limités, le calvaire de cette compatriote a duré encore plus d’une heure dans une position dont je vous laisse le soin d’imaginer le supplice. Elle a déboursée son argent du taxi (1200 f Cfa) pour trouver de l’aide qui l’a accompagnée au deuxième étage.
Cette histoire inacceptable nous amène à faire le point de toutes les faiblesses de nos installations qui ne tiennent pas compte de l’aménagement qui doit être fait pour faciliter l’accès aux handicapés. Est-il normal que 90% de nos bâtiments publics manquent d’ascenseurs ? Est-il normal que la ville de Brazzaville présente des dangers permanent au regard des handicapés en laissant béant des canalisations inachevées et non signalées ? Peut-on parler de solidarité entre les congolais, lorsque certains sont abandonnés à eux même à l’entrée du mémorial de Brazza faute de disposition adéquate d’accessibilité ? Est-il acceptable que certains congolais arrêtent leur année universitaire pour des raisons d’accessibilité dans les salles de TD et TP ?
Faut-il le rappeler que ce qui peut paraître évident pour une personne non affectée par un handicap devient vite une source de difficulté pour une personne handicapée qui se rend dans les mêmes endroits que les personnes valides, lieux publics (mairies, banques, postes, palais des congrès, Ministères, stade etc.).Continuer à l’ignorer peut être assimilé à une faute grave, un crime pour non assistance à personne démunie. Cela ne peut être accepté tant le pays regorge assez de ressources pour aménager ces espaces publics et donner aux handicapés le même sentiment que les valides d’appartenir à un État qui exclut toute forme de discrimination.
Il est plus qu’urgent qu’une initiative heureuse qui réponde a un besoin réel soit entreprise pour aménager ces bâtiments publics.
Pour ce faire :
►Favoriser la mise en place d’une rampe amovible intégrée au bâtiment public permet d’offrir une alternative efficace sans pour autant engager de travaux de grande ampleur, ni repenser votre entrée. Ce système indépendant trouvera parfaitement sa place sous un seuil de porte et dans différentes configurations, sans nécessiter de travaux d’aménagement importants. Les deux bavettes latérales qui composent la rampe permettent de limiter les risques de chute, et donc, de sécuriser encore plus l’accès des personnes à mobilité réduite à nos bâtiments administratifs et autres.
►Initier des bornes d’appel pour handicapés à l’entrée de nos bâtiments. Cela permettra de mieux prendre en charge l’accueil du public. Le principe de fonctionnement est simple. Le système fonctionne selon deux modes : Mode à télécommande. La borne d’appel est déclenchée par pression sur un bouton dédié de la télécommande. Ce sont généralement les personnes mal voyantes qui l’utilisent. Mode à bouton d’appel, la personne sonne pour demander de l’aide au personnel d’accueil. Vous améliorerez considérablement l’accès des personnes à mobilité réduite sans pour autant vous engager dans des travaux d’aménagement de grande ampleur.
►Activer les réparations des ascenseurs en pannes et créer ceux manquant dans les bâtiments administratifs à forte influence.
►Former le personnel des agents municipaux et autres à l’accueil des personnes à mobilité réduite
►Faciliter les formalités administratives (en mairie par exemple) en mettant en place un service d’aide à domicile destiné aux handicapés moteur dépendant. (Mettre en place un numéro gratuit de téléphone, un service d’écoute, d’orientation et information…)
Avec une rigueur sans faille, une volonté ferme et une ambition solidaire, certains travaux prioritaires peuvent être effectués dans un délai de deux mois en utilisant les ressources et les compétences nationales. Si l’on est en mesure de dépenser 700 millions pour l’achat des armes, plus de 17 milliards pour l’organisation des 50 ans d’indépendances, environ plus 250 millions pour les statues dite de culture…. serait-il injustifié de réclamer que l’on dépenser encore quelques miettes pour améliorer les conditions des congolais handicapés qui se sentent de plus en plus marginalisés dans leur propre pays ?
Jean-Claude BERI