J’accuse le gouvernement de cacher la vérité sur le 04 Avril 2016

« 354 millions FCFA, une maigre consolation pour les victimes du POOL ».

Lorsque le 04 Avril 2016, les sbires du gouvernement congolais lançaient une offensive destructive dans le POOL sous prétexte de poursuivre des « ninjas » du révérend Pasteur NTUMI, la majorité des Congolais dénonçait une mascarade meurtrière. Les assoiffés du sang des Congolais répliquaient qu’il fallait respecter le droit et protéger la nation des troubles.

On est passé par tous les noms d’oiseaux, tribalistes, souteneurs des rebelles, de semeurs de troubles à l’ordre public… On a même entendu des fatwas lancées envers les proches du révérend NTUMI. De ce fait, le POOL était catalogué comme un repère des « terroristes d’Etat » et qu’il fallait absolument détruire à coup de bombardement incessant, massif et aveugle.

Trois mois après, le disque mental des assoiffés de sang change de logiciel. Le POOL devient curieusement un département meurtri où survivent les populations désœuvrées, pourchassées, intimidées et injustement exécutées.

Sans le reconnaitre ouvertement, en l’exprimant en demi-mot, la mission conjointe d’évaluation humanitaire gouvernement/Système des Nations unies dans le département du Pool vient de marquer un pas vers la vérité. Un fonds de réparation des victimes du POOL de plus de 354 millions FCFA vient d’être alloué pour la reconstruction des maisons et autres biens détruits injustement.

Le Congo devient premier État au monde qui indemnise « les terroristes d’Etat », les fauteurs de troubles à l’ordre public, des assassins sans foi ni loi déguisés en « ninjas ». Bref, toute cette terminaison de la mort attribuée à des paisibles populations dont beaucoup ont trouvé la mort en plein sommeil. Sommes-nous en présence d’un mensonge d’état ? La désolation, les traumatismes endurés depuis trois mois par les enfants, les femmes enceintes, les vieillards, la privation d’une scolarité digne pour les enfants…Sont-ils quantifiables ? Peut-on guérir les lésions morales causées par des scènes guerrières menées par des soldats censés les défendre dans un état qui était censé être le leur ? Que valent 354 millions FCFA devant tant de désastres ?

Mme DINGA DJONDO (ministre des affaires sociales du gouvernement de la honte), vous reconnaissez que « les habitants ont besoin d’une aide urgente en articles ménagers essentiels ; des kits de dignité pour femmes, des rations alimentaires, des habits pour les enfants et d’un appui à la reconstruction des maisons détruites ou endommagées. Il est urgent d’offrir au counseling pour les situations post-traumatiques et de former des agents de santé à la prise en charge psychologique des cas de violence sexuelle et basée sur le genre. La prévention des maladies liées aux mauvaises pratiques en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement est aussi cruciale. Il s’avère également nécessaire de préparer la prochaine rentrée scolaire et de renforcer les centres de santé concernés en personnel et kits d’urgences ».

Il faut avant toute réparation établir les responsabilités. Ainsi :

  • J’accuse que le gouvernement congolais et en particulier Mr SASSOU NGUESSO d’avoir sciemment causé le désastre dans le département du POOL.
  • J’accuse le gouvernement de cacher la vérité sur le 04 Avril 2016 et d’être le complice du pire acte terroriste de toute l’histoire du peuple du POOL.
  • J’accuse le gouvernement d’avoir instauré le chaos dans le département du POOL et d’avoir incité la population à la haine tribale d’un côté, une entité pro-clanique proche du pouvoir et pro-démocratique. Cette situation a généré un fléau de haine qui tel qu’un torrent, fait présager la division du pays.
  • J’accuse le gouvernement de fait de Sassou Nguesso de tolérer d’un côté des milices déguisées en soldats semant la mort dans le POOL et de ne rien faire de concret pour empêcher ces assassinats organisés si ce n’est restreindre les libertés sur internet et de s’en prendre aux gens qui sont innocents.
  • J’accuse le gouvernement d’endoctriner les jeunes du POOL par une politique d’abrutissement et d’instaurer une pensée unique à l’école, au collège, au lycée et à l’université celui de glorifier un Président défaillant, Monsieur 8%.
  • J’accuse le gouvernement d’instrumentaliser les violences et tous ces malheurs à des fins électorales et pour mettre en place une politique sectaire.
  • Enfin ;
  • J’accuse le gouvernement d’être l’architecte de la future guerre civile qui risque de s’abattre sur notre pays juste pour la conservation des intérêts égoïstes et tribaux de quelques minorités.

Messieurs du gouvernement de fait, le principal objectif pour ces victimes innocentes du POOL est de contribuer à la démocratisation de la région. Ceci permettrait d’avancer sans briser le tabou du massacre des populations du POOL. Pour nous, congolais et ressortissants du POOL faire connaitre les violences du 04 Avril 2016 auprès d’un plus large public permet aussi de questionner les fondements d’un système étatique, basé sur l’absence de responsabilité et de jugement pour les crimes commis envers ceux qui sont définis comme « les ennemis intérieurs » et qui désigne, selon les époques, « ninjas », « fauteurs de troubles », « terroristes d’état ».

En reconnaissant la nécessité de l’urgence des besoins des populations du POOL, en cherchant à mobiliser 354 millions FCFA, le gouvernement de fait de Sassou Nguesso récidive en appliquant sa jurisprudence macabre du « procès des disparus du Beach de Brazzaville » où l’État doit réparer le préjudice subi sans indexer pénalement ou condamner les auteurs des crimes commis.

La nécessité d’une reconnaissance officielle par l’État congolais est aussi primordiale que des réparations. Malgré ces donations aussi importantes, nous disons que cela reste un acte embryonnaire.

Il faut engager une réflexion plus approfondie sur la manière d’établir la justice dans le département du POOL et le pardon de l’Etat.

Par :Jean-Claude BERI