La diaspora congolaise peine à se rassembler pour défendre une cause juste pour redonner espoir à un peuple de plus en plus pris en otage par un pouvoir autoritaire et inégalitaire
On le savait déjà que cette diaspora était engluée dans ses divisions et ses élans égoïstes faisant de cette dernière la plus désorganisée et la plus multiple du monde. Lorsqu’on parle de la diaspora congolaise, il faudrait plutôt y voir des diasporas. On y dénombre plusieurs selon leur angle d’approche. Certaines utilisent l’humanitaire pour répondre à l’appel au secours du peuple. Elles s’investissent dans la recherche des solutions pour l’amélioration du cadre de vie sociale des congolais notamment dans la lutte contre l’insalubrité, l’accès au logement digne, la lutte contre les nuisance sonore, lutte contre la prostitution, les soins pour tous…. D’autres seraient plus politiques en dénonçant les abus du pouvoir, la mal gouvernance, l’arbitraire, les injustices, la corruption et le déni de démocratie. Leur action est concentrée dans la poursuite d’une solution pacifique pour un dialogue et une réconciliation politique durable.
Comme on peut le constater les intentions des ces deux formes de diasporas congolaises se joignent en un point commun. Toutes plaident pour aider le peuple congolais à se sortir de sa condition existentielle alarmante. Ce qui serait une bonne chose, pour ne pas dire louable, car c’est le but même d’une diaspora: apporter son aide et son savoir pour promouvoir l’émancipation et le développement des populations. Mais seulement voilà, il faut reconnaître que la fourberie, le régionaliste, l’appât du gain facile, la course aux privilèges, à l’enrichissement illicite, la manipulation et le dévouement partisan ont gagné le cœur de beaucoup de congolais qui utilisent la misère du peuple pour un tremplin vers des sommets clairsemés de pétales roses.
Ce qui est dans d’autres pays un atout, une force majeure pour accélérer le développement d’un pays est un boulet pour le Congo-Brazzaville. L’expression « DIASPORA CONGOLAISE » dit une chose et son contraire en même temps. Déjà même dans la définition du mot DIASPORA, une différenciation catégorielle divise les congolais. L’étudiant congolais venu en Europe pour parfaire ses connaissances intellectuelles s’érige souvent le monopole de s’attribuer le mot DIASPORA. Il s’imagine que le congolais non instruit, l’opérateur économique, le commerçant… résidant dans le même pays que lui ne sera pas digne d’être membre de la DIASPORA. C’est souvent ce préjugé qui est injustement fait aux « Parisiens » aux « aventuriers » « demandeurs d’asiles » etc. Qui est membre de la DIASPORA et qui ne l’est pas ? Serait-il possible que l’ humanitaire se confonde à la politique ? L’humanitaire et la politique seraient-ils interchangeables ou s’imbriqueraient-ils au contraire d’une manière plus harmonieuse ?
Essayons d’apporter une explication à ce mot parfois utilisé à mauvais escient
: « Le terme de diaspora vient du verbe grec speirein (semer) ou plus précisément du verbe composé diaspeirein (disséminer) et indique ainsi la dispersion d’une population. Il a été emprunté au vocabulaire religieux des Juifs hellénophones d’Egypte dans le texte de la Bible de Septante. Il faut éviter qu’il ne s’applique à toute forme de dispersion, provisoire, instable ou précaire. Toute diaspora résulte d’une migration qu’elle soit volontaire ou non, mais toute minorité ethnique n’appartient pas nécessairement à une diaspora.
Toute forme d’exode ou d’exil ne conduit pas obligatoirement à la constitution d’une diaspora, en tout cas pas immédiatement. La migration économique ne crée pas nécessairement une diaspora. Il faut qu’avec le temps se maintienne un sentiment d’appartenance, une identité, par une décision consciente et même en vertu d’un certain acharnement. Dans son sens originel, celui de la diaspora juive après la première ou la deuxième destruction du Temple de Jérusalem, une diaspora est issue d’une dispersion forcée. C’est le cas pour de nombreuses diasporas résultant d’une catastrophe ou d’un génocide comme celles des Arméniens, des Assyro-chaldéens, des Grecs pontiques. Mais souvent il n’est pas possible de faire une distinction stricte entre ceux qui migrent pour des raisons politiques et ceux qui le font pour des raisons économiques. Il est des départs plus ou moins forcés par suite d’une oppression, d’une famine ou de conditions de vie jugées insupportables par ceux qui prennent la décision de migrer. En dehors de cas extrêmes, les motifs d’origine politique ou économique sont souvent mêlés ou concomitants. D’autre part les diasporas qui se situent dans la longue durée sont issues de plusieurs vagues migratoires dont les unes étaient plutôt d’origine politique, les autres plutôt d’origine économique.
Espace et territoire de diaspora doivent être appréhendés d’abord dans les pays d’accueil, où le lien communautaire joue le rôle essentiel, puis dans le pays ou territoire d’origine, pôle d’attraction, à travers une mémoire, enfin à travers le système de relations dans l’espace-réseau qui relie ces différents pôles. Le terme de diaspora a un usage très souvent plutôt métaphorique qu’instrumental. »
Ce qui se joue en réalité dans cette communauté congolaise de l’extérieur n’est pas forcément la quête d’une amélioration quelconque de la situation du peuple congolais, ni encore moins le sentiment d’appartenance à une même identité culturelle afin de se retrouver pour le revendiquer et le défendre. On a souvent l’impression de se retrouver en face des individus en quête de l’extériorisation d’un égoïsme primaire teinté d’une arrogance dont les tares et la poursuite d’une ambition complexe se confondent avec leur manque de conviction. On ne serait pas loin de dire que cette DIASPORA CONGOLAISE est instrumentalisée. « Car l’idée de diaspora ne saurait être confondue avec les idées de migration prolétaire et de réseau transnational et rappeler ses fondements primordiaux, l’exposition d’une population au risque de violence, d’expulsion et une institutionnalisation communautaire polycéphale, au-delà de frontières nationales, conjurant la menace de dispersion, sinon d’annihilation, en créant des liens. » Si les congolais exploitaient les moyens financiers et humains de sa diaspora, ils pourront faire émerger ses propres solutions à ses problèmes de démocratie, de pauvreté, de dictature, de misère, de développement et rassembler ainsi les forces pour construire l’avenir sous des meilleurs hospices.
Loin d’être un laboratoire innovant dans ses démarches et un espace partagé d’idées, d’initiatives et d’actions, ceci afin d’être le témoin de l’engagement d’hommes et de femmes congolais disséminés a travers le monde pour faire du Congo un pays débarrassés de la « Françafrique » ou « Chinafrique » et toutes autres actions qui sapent les bases de son développement, la plus par des membres de la DIASPORA CONGOLAISE dans leur conceptualisation sont des vrais boulet retardant le développement.
La situation tragique du 4 Mars dernier a montré à quel point le congolais savait se servir d’une cause nationale et douloureuse pour en faire un sésame lui ouvrant les portes du paradis. En moins de deux mois (entre le 5 Mars et le 20 Mai 2012) la course à la déclaration en préfecture des associations humanitaires et apolitique (à but non lucratif) frôlait la dizaine (rien qu’en région Rhône alpes). Il faudrait certainement multiplier ce chiffre par 10 voir plus pour avoir un aperçu de ses associations crées en France après le 4 Mars 2012. Toutes rivalisent par un grand élan de solidarité et de compassion pour le sort des populations congolaises meurtries. De la collecte des produits médicaux, des vêtements, produits alimentaires de premières nécessités à l’envoi des dons financiers et autres, tout y est passé pour marquer sa présence et sa générosité. Certains ont même effectué le déplacement de la France pour BRAZZAVILLE pour s’assurer de la bonne utilisation de tous ces dons. Comment ne pas applaudir ces compatriotes ayant la main sur le cœur usant de leur temps pour apporter secours à ses filles et fils du pays en détresse ? C’est même là le sens d’appartenance à un même pays, une même identité. Dès lors que ces notions sont touchées, l’union sacrée de tous les fils du pays repartis à travers le monde se retrouve pour reconstruire. Ce fut le cas pour certains.
Seulement, force est de constater que la plupart de ses associations n’ont été que les bras humanitaires du pouvoir pour détourner l’attention sur la réalité catastrophique sur le terrain. Elles ont été crées, financées ou sponsorisées par les membres du Clan SASSOU qui assurait tant le cheminement des dons que dans leur distribution sur les sites. D’autres se sont tout simplement rangées derrière le pouvoir en sollicitant des aides et autres subventions pour accomplir un acte , semble t-il, apolitique. Plusieurs membres de ses associations (dont certains se disent Membre de la DIASPORA) se sont ligués d’amitié avec les acteurs politiques. Ou encore ont été nommés conseillers dans des ministères à la solde des membres du Clan. Pour ceux qui ont regagné la France, ils brillent par l’étalage de leur « brillantissime » action auprès du gouvernement. Ils célèbrent avec faste et arrogance d’avoir réussi une action contre d’autres membres de la DIASPORA. Voilà une belle manière de faire de l’humanitaire à la manière de la DIASPORA CONGOLAISE.
A ce jour plusieurs sites manquent de couvertures, de médicaments, de personnels compétents pour les soins, d’accompagnement pour remplir certains papiers administratifs… Plus personne n’est là pour cela, livrées a elles-mêmes les victimes se sentant abandonnées et trahies par leur propres compatriotes puis se laissent mourir à petit feu. En France, ces membres d’associations véreux continuent de véhiculer leur venin de la manipulation se noyant parfois dans leur propre dérision.
Quant à la DIASPORA dite POLITIQUE, la situation est loin d’être reluisante. Voilà quinze ans qu’elle est incapable de parler d’une seule voix. Chaque association membre de la DIASPORA POLITIQUE a sa propre logique, son propre projet, sa manière de mener le combat bref, ne se sent lié aux autres que par soucis de coopter plus de partisans et d’infiltrer l’autre. Qui peut aujourd’hui sur la place de PARIS ou ailleurs affirmer qu’il existe une DIASPORA POLITIQUE qui parlerait au non de tous les opposants congolais membres de la DIASPORA qui affirme son identité et sa vision de l’avenir pour notre pays?
On a plutôt des associations membres de la DIASPORA POLITIQUE qui ne seraient en réalité que le prolongement à l’extérieur des partis dite d’opposition intérieure. De par leur structure et orientation nous avons là une copie conforme de la politique intérieure tant dans ses divisions, ses intrigues, et ses accointances avec le pouvoir dont elles sont sensées combattre.
Certains sont mêmes passées maîtres dans l’art du revirement de situations ou du maniement de la langue de bois.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu dire que la DIASPORA POLITIQUE de France se désolidarisait de l’opposition intérieure pour non respect de la promesse de non participation aux élections législatives de Juillet-Aout 2012 ? Combien de fois n’avons-nous pas lu des propos condamnant les arrestations des Maitres MALONGA et HOMBESSA, des Colonels Ferdinand MBAOU et Marcel NTSOUROU, du jeune opposant Paul Marie MPOUELE et biens d’autres par la diaspora politique, mais pas une réaction efficace et appropriée de l’opposition intérieure?
Cette même DIASPORA POLITIQUE se renie, se contredit, se fourvoie dans des considérations complaisantes. Le séjour de Mathias DZON à Paris suscite des tensions inimaginables au sein de cette DIASPORA dite POLITIQUE. Des camps se forment pour revaloriser des thèses contradictoires pour esquisser des possibles circonstances atténuantes à Mathias DZON, pour certains, et rompre le dialogue avec ce personnage versatile, pour d’autres. A chaque élection, toujours le même refrain, »il participe pas » au bout du compte « il participe ». Comme quoi en politique seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.
Reconnaissant que nous avons une DIASPORA POLITIQUE que nous méritant c’est à l’image de notre opposition intérieure. Elle est composée de gens de peu de conviction. Pendant qu’on s’organise pour se jeter mutuellement les peaux de banane, le pouvoir a mis en branle le train de la conservation du pouvoir en 2016. Il sera toujours temps de crier de nouveau à l’usurpation et à la mascarade.
Jean-Claude BERI
Président du DAC