La dictature mbochi du Congo-Brazzaville se raidit.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », écrivait Albert Camus.
Par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
Une annus horribilis 2023 placée sous le signe sécuritaire s’annonce au Congo-Brazzaville. Notre pays est sur une pente glissante savonneuse qui n’augure encore une fois rien de bon. De sombres et gros nuages obscurcissent davantage notre horizon. Des faits divers de vols, de raquettes, de braquages, des policiers et des pasteurs ripoux ayant défrayé la chronique en 2022 n’ont jusqu’à ce jour pas reçu de réponse de la part des pouvoirs publics.
Depuis la guerre civile du 05 juin 1997 avec ses 400 000 morts, la junte militaire du Congo-Brazzaville avec à sa tête le général d’armée monsieur Denis Sassou Nguesso sombre de plus belle dans l’horreur du tribalisme, l’incurie dans la gestion de la chose publique, la gabegie, le gangstérisme d’État, la corruption, l’injustice sociale, tous les mauvais mots qui gangrènent la société congolaise et empêche son développement.
Le début d’année 2023 a été placé sous le sceau du renforcement du pouvoir militaire en vue de la conservation à vie du pouvoir par le clan mbochi au détriment de la crise multidimensionnelle surtout socio-économique qui secoue depuis des lustres notre pays.
Un mbochi peut en cacher un autre est devenue la pratique dans la gestion des cadres de nos administrations militaire et civile. Ainsi, au niveau du Haut commandement de la Gendarmerie, un mbochi a remplacé un autre ; Idem au niveau de la Garde républicaine, républicaine que de nom car c’est une garde tribale qui échappe au contrôle du ministre de la Défense et du chef d’état-major général bien que tous mbochis.
Les nominations se succèdent et se ressemblent avec les ressortissants de la partie septentrionale du pays qui trustent plus de 99% des postes de responsabilité de notre administration. Il en est de même dans l’octroi de bourses d’études, de formations des fonctionnaires qui reviennent systématiquement aux mbochis. Dans certains ministères, les fonctions de directrices générales sont assurées par les deux filles d’un apparatchik du PCT (Parti congolais du travail), président du la Cour constitutionnelle. C’est le retour sur investissement de la servitude de ce dernier vis-à-vis du pouvoir qu’il sert avec zèle aux mépris du droit élémentaire.
Même le meilleur danseur du Congo-Brazzaville est du département de la Cuvette !
Ces petits arrangements entre petits copains et coquins de la république ne datent pas d’aujourd’hui. Mais, c’est la banalisation et la normalisation de ce phénomène qui inquiète et nous donne la nausée. La prise de parole du sinistre ministre délinquant de l’Intérieur sur les sorties nocturnes des Congolaises et des Congolais montre à suffisance l’incompétence de ce pouvoir qui en est réduit à porter atteinte à la vie privée des paisibles citoyens congolais ce qui constitue un délit au lieu d’assurer le bien-être de ces derniers. Preuve est encore donnée que le Congo-Brazzaville est une prison à ciel ouvert. Ces basses manœuvres seront exécutées par l’officier médiocre le général Philippe Obara, dixit feu colonel Marcel Tsourou, administrateur général de la Centrale d’intelligence et de documentation, l’ancienne « Securitate » de l’ère Sassou Nguesso. C’est le retour de « la milice » comme lors du parti unique le PCT, le parti-État qui gouvernait le pays avec des checkpoints pour le contrôle des cartes nationales d’identité.
Le Congo-Brazzaville a touché le fond submergé par les inondations récurrentes qu’il subit. L’architecte mbochi de ce désastre, monsieur Jean-Jacques Bouya, qui a endetté notre pays est maintenu aux affaires nonobstant son incompétence notoire. Il continue à pérorer devant les médias en se donnant l’impression d’être utile à la société congolaise, alors qu’il n’en est qu’un fardeau, l’un de ces déchets dont il convient de se débarrasser à tout prix. Au Congo-Brazzaville, la loyauté au chef de la tribu prime avant la compétence.
Les prémisses du comportement tribaliste remontent à Marien Ngouabi avec son épuration ethnique de cadres congolais de l’armée et de l’administration civile. Cette politique ayant évolué néfastement dans le temps a consisté à faire du nombre au détriment de la qualité d’où le désastre actuel auquel nous assistons tous incrédulement.
Devant cette chienlit, ce chaos ambiant, qu’attendre de nos brillants intellectuels mbochis pour dénoncer ce mal prégnant du tribalisme qui met à mal tous les fondements de la construction d’une société juste et équitable. Monsieur Théophile Obenga, égyptologue de renom, est aux abonnés absents. Ne pas comprendre et ne pas pouvoir expliquer les dérives de sa propre société alors que l’on peut être un éminent égyptologue, n’est qu’une science sans conscience qui est la ruine de l’âme. Que dire du ministre des Affaires étrangères qui accusait de sédition les ressortissants du Pool, alors que lui-même se vautre dans ce tribalisme systémique ; C’est le bossu qui ne voit jamais sa bosse. Le silence assourdissant de cathédrale de notre philosophe Charles Zacharie Bowao, jadis une voix écoutée et respectée de l’opposition congolaise, nous inquiète quant à la consistance de nos idéaux et postures politiques ; N’est-ce pas à l’intellectuel qu’il est et qu’il avait défini lui-même de dénoncer les dérives dans une société ? Nous retiendrons de cet excellent opposant gabonais rentré depuis dans les rangs : « On ne parle pas quand on a la bouche pleine ». Mais, à force de mastiquer tout le temps, l’on peut finir par perdre toutes ses dents.
Quant à madame Claudine Mabondzot Munari, l’étoile filante de l’opposition congolaise, elle s’est consumée dans le néant du cosmos, l’espace extraterrestre. Encore une fois, la politique n’est pas un défilé de mode ni un concours de beauté, mais un débat d’idées que notre ancienne pasionaria du temps des illusions a du mal à faire vivre sur les bancs de l’Assemblée nationale. À travers elle, c’était l’élection du siècle qui marquait le retour de l’opposition congolaise au-devant de la scène politique, mais la montagne a accouché d’une souris. La perfidie de certains ressortissants du Pool prêts à se vendre pour un plat de lentilles et dont le paradigme politique est mêlé d’indignité, de déshonneur et de trahison, est navrante. « Si vous ne lutter pas pour ce qui est juste, ayez au moins la décence de respecter ceux qui le font » écrivait José Marti.
En gros, rien de neuf dans le théâtre politique congolais dans lequel l’opposition fricote avec la majorité présidentielle dans le seul but de la conservation des privilèges et non de la sauvegarde des intérêts du peuple congolais. C’est avec ce spectacle lamentable une fois de plus que le Congo-Brazzaville fera sa rentrée à reculons dans l’année 2023.
À bout de souffle, le Congo-Brazzaville, un pays inondé par les eaux, la corruption, la gabegie, le tribalisme, le gangstérisme d’État, a besoin du rassemblement de toutes ses filles et de tous ses fils afin de le sortir du coma dans lequel il est plongé. Cela passe indubitablement par un dialogue national inclusif, la libération des prisonniers politiques et le retour des libertés fondamentales.
La dissonance cognitive des dirigeants congolais actuels est un mal sur lequel il convient de se pencher. Dans le cas du Congo-Brazzaville, l’on ne peut pas davantage plaider l’ignorance, sinon c’est que l’on ne veut pas savoir ni voir. « Chacun porte en soi sa conception du monde dont il ne peut se défaire aisément » dixit Raymond Poincaré.
C’est Frantz Fanon qui disait : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
Quand nous entendons dire du mal des mbochis, tendons l’oreille, on parle du Congo-Brazzaville qui va mal. Dans un pays démocratique, aucune tribu n’a le droit de tenir en laisse d’autres comme c’est le cas au Congo-Brazzaville.
Debout les damnés congolais, Debout les forçats de la paix et de la liberté pour que le Congo-Brazzaville resplendisse de nouveau dans l’unité, le travail et le progrès pour la construction d’une nation congolaise !
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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