La dilapidation des fonds au Congo-Brazzaville : « Balance le voleur »

mpouele-300x200-1616110 «C’est un mode de gestion adopté après le retour du Président Sassou en 1997» dixit Paul Marie Mpouélé

Par :  Paul Marie MPOUELE

«C’est un mode de gestion adopté après le retour du Président Sassou en 1997» dixit Paul Marie Mpouélé

Suite à son initiative, opération « dénonce les voleurs », et au phénomène de dilapidation des fonds et de détournement des deniers publics qui ont pris corps dans la société congolais dont les retombées ont catapulté ce pays dans la crise financière, nous avons posé quelques questions à Paul Marie Mpouélé, (président du parti des républicains) pour savoir comment le Congo en est arrivé là.

Bientôt un mois et demi depuis que vous avez lancé votre campagne Balance le voleur, où en êtes-vous ?

PM MP : Le travail se poursuit normalement. Vous savez qu’il s’agit d’un travail technique qui requiert beaucoup de lucidité et de professionnalisme. Nous avons commencé par examiner les mécanismes institutionnels de lutte contre la fraude, la corruption… Il faut souligner que ces mécanismes demandent à être reformés pour plus d’efficacité. La Cour des Comptes et de Discipline Budgétaire devenue autonome doit avoir son texte d’application pour être un instrument légal ; il faut aussi que le contrôle d’Etat recouvre ses lettres de noblesse et par-dessus tout il faut une Assemblée nationale qui reflète la volonté du peuple pour qu’elle cesse d’être une caisse de résonnance de l’exécutif. Il faut corriger toutes ces faiblesses.

La majorité présidentielle a aussi publié une déclaration qui va dans le même sens que votre initiative, comment l’appréciez-vous ?

PM MP : C’est le groupement politique au pouvoir. Je constate simplement que le chef de cette majorité a commencé à dénoncer les antivaleurs depuis plusieurs années sans que son camp politique ne s’en préoccupe. Nous étions nous-mêmes suspectés de fossoyeur de la paix lorsque nous dénoncions la fraude, la corruption. Vous vous rappelez que nous avons suggéré des audits indépendants sur la gestion des fonds publics dans des projets comme la municipalisation accélérée, les fonds agricoles, les fonds routiers et bien d’autres scandales révélés par la presse. Maintenant que nous avons la même perception des choses, il serait souhaitable que nous nous posions la bonne question : que faire ?
La confiance entre le peuple et ses dirigeants s’est effritée, il faut donc qu’ensemble nous trouvions des solutions adaptées pour résorber cette crise. La majorité doit aussi arrêter de présenter les autres (l’opposition et ceux qui pensent le contraire) comme des loups affamés prêts à bondir sur eux. Depuis 1997, le peuple a, dit-on, fait confiance à cette équipe au pouvoir, le résultat c’est cette chape de plomb qui pèse sur nous avec en complément l’avenir du pays qui est hypothéqué. L’humilité voudrait qu’on tende la main aux restes des congolais et non qu’on les diabolise en prétextant tout le temps une menace sur les institutions.

Pensez-vous que le PCT pourra dénoncer ses voleurs.

PM.MP : Je ne pense pas parce que c’est leur vision de gestion. C’est un mode de gestion que les cadres de ce parti ont adopté après le retour au pouvoir du Président Sassou en 1997. Ils se sont donné une impunité pour avoir aidé ce dernier à revenir au pouvoir. C’est donc au président de donner une impulsion réelle à cette dynamique nouvelle.

Vous aviez commencé des pourparlers dans le dossier du Pool, comment en appréciez-vous l’évolution aujourd’hui ?

PM MP : Les accords de cessez-le-feu sont signés, je m’en réjouis mais je déplore que les politiques soient totalement exclus de ce processus. Je trouve qu’on a pris trop de raccourcis. Cette crise du Pool a quand même eu des répercussions dans d’autres départements comme la Bouenza qui a accueilli des réfugiés et la Lékoumou où il y a eu une attaque à quelques encablures de Zanaga. Il est nécessaire de mon point de vue que le gouvernement mette une dynamique nationale pour résoudre définitivement cette situation, non pas seulement pour le Pool, mais pour tout le pays.

Interview réalisée par la griffeinfos Journal