La guéguerre MABILEMONO contre OUABARI et les autres est contre-productive
Par : Jean-Claude BERI.
« Nous avons choisi une opposition qui porte en elle les germes de sa propre destruction. Ce choix nous incombe car nous avons le devoir de pardonner pour reconstruire sur les cendres que nous aurions laissé SASSOU et sa clique. »
Depuis la nuit des temps, le Congo-Brazzaville a toujours des gens qui naviguent à contre-courant, qui distraient l’opinion avec des propos de vaillants combattants, d’hommes de conviction, de fins stratèges et autres stratagèmes qu’ils usent régulièrement pour changer de peau aussi souvent que le caméléon. On est dans l’opposition pour assouvir un besoin personnel d’existence ou encore pour soi et sa famille, mais loin des idéaux pour faire avancer le pays.
Quand on se penche sur la vie politique au Congo-Brazzaville, l’histoire faite de trahison se répète à chaque décennie. » Comme autrefois, comme toujours, on ne peut vaincre que par la force des armes, le massacre et la trahison. »
Le président Fulbert YOULOU fut trahi par les mêmes à qui il faisait confiance, Alphonse Massamba-Débat fut lâché aux chiens par les siens, Marien Ngouabi fut assassiné par ses amis du PCT et parents, Yhombi fut écarté comme un malpropre accusé d’avoir volé des milliards par ses propres amis et enfin Pascal Lissouba fut évincé par un complot ourdi dont les comploteurs sont encore tapis dans l’ombre parmi ses soi-disant opposants d’aujourd’hui.
Comme l’histoire se répète toujours, nous avions été envahis par les ombres des ténèbres en 1997 devant notre incrédulité et notre absence d’amour du prochain que les dieux ont abandonné le Congo aux mains du fils de Satan.
Depuis, nous errons dans la compromission, la trahison et le « boukoutage ». Et ce, à tous les niveaux ou toutes organisations. De l’ERRDUM à nos jours nous ne cessons de briller par une compétition baptisée « POUSSE-TOI QUE JE M’Y METTE ».
Bernard KOLELAS lâche l’opposition en pleine bataille et rejoint la case mangeoire et place sa progéniture sur orbite. MUNARI, MOUKOUEKE, MOKOKO, MBERI MARTIN, je vous laisse compléter la liste…se sont tous empressés d’aller embrasser le même tyran qu’ils vilipendent aujourd’hui. Ignoraient-ils le caractère intrinsèque de sanguinaire incurable de l’homme qu’ils partaient tous adoubés ? Si aujourd’hui certains deviennent des opposants farouches à ce même système qui les a formatés, n’empêche qu’ils traînent des tares de ce système.
Non, mes amis et frères, nous avons choisi une opposition qui porte en elle les germes de sa propre destruction. Autrement dit, avions-nous au Congo-Brazzaville et au sein de la diaspora, l’opposition la plus bête qui puisse exister ?
Ce choix nous incombe car nous avons le devoir de pardonner pour reconstruire sur les cendres que nous aurions laissé SASSOU et sa clique.
Le cinéma actuel sur la place de PARIS exaspère plus d’un Congolais. On se remet dans une guéguerre de leadership pour démontrer qu’on est mieux nantis que l’autre pour mener les hostilités contre SASSOU. Il se trouve que ça fait 20 ans qu’on attend toujours leur efficacité sur le terrain.
Au gré des situations, on s’éclipse pour un séjour à BRAZZA pour récolter des avantages au prix de multiples trahisons. Mais dès que leurs mentors changent de bord, ils redeviennent opposants plus que ceux qui sont dans le chaudron depuis des lustres. Qu’est-ce qui justifie que ceux qui se prennent pour des vrais leaders de la diaspora le sont vraiment ? Ou c’est simplement un positionnement pour faire avancer leur supposé plan B.?
Le dire n’est un pas un pavé qu’on jette dans la marre. C’est une réalité que ceux qui sont dans cette diaspora depuis des années connaissent et dénoncent chaque jour. Qu’est-ce qui a fait couler les Assises ? Qui se reconnaît dans le MRLC ? Où est passé le CODICORD ? Ou pire, qui se reconnaît dans la prolifération des gouvernements de l’opposition qui naissent tous les jours ? Est-ce la preuve d’une immaturité incontestable ?
Aujourd’hui, l’entité FROCAD-IDC-J3M se veut être l’organisation morale de toute l’opposition, ce qui n’est pas de l’avis de tous. Car toute l’opposition n’est pas encartée au FROCAD-IDC-J3M.
Simplement, la diaspora n’est pas une organisation structurée comme un parti politique pour lui imposer une conduite réglementaire. La diaspora congolaise se veut d’être une force de proposition loin des chapelles aux contours obscurs et souvent travaillant pour des intérêts partisans. On ne devra pas imposer une décision non concertée à la diaspora congolaise de France, car ce n’est pas une seule personne qui constitue cette diaspora. Elle est multiple et complexe. D’où toute décision prise en aparté et engage la diaspora sera nulle. À moins que de vouloir déclencher le bras de fer entre ceux qui s’entêtent dans cette démarche suicidaire et ceux qui s’orientent vers une clarification des points au préalable avant d’engager la diaspora.
Les participants du Colloque de Nice estiment que Jean-Luc MALEKAT serait le bon candidat de la transition. C’est leur point de vue, certainement inspiré par les débats qui ont eu lieu sur place. BOUKADIA veut organiser une conférence internationale sur le Congo, là aussi c’est un autre point d’ancrage de la situation du Congo. Que cela déplaise à ceux qui sont farouchement opposés aux idées séparatistes de son auteur, c’est une chose, mais on ne peut en aucun cas lui refuser le droit de penser et agir.
Le bras de fer entre MABILEMONO et une partie de la diaspora conduite par M. OUABARI est contre-productif.
La diaspora vit une période bouillonnante qui recèle de nombreux germes inconnus que nous devons, plutôt que de les ignorer ou tenter de les détruire par peur et ignorance, guider vers l’émergence.
Avions-nous au sein de l’opposition enterrer la culture de « la remise en cause » , autrement appelée « ouverture d’esprit » ?
Casser, détruire ou renverser du MABILEMONO me semble non seulement une solution dangereuse, mais un appel caché à la violence, tout comme l’est la volonté de supprimer toute contradiction à l’idée sacro-sainte que les uns doivent décider à la place des autres.
Dois-je rappeler respectueusement à Mr. OUABARI que lui et une franche de l’UPADS avait décidé de mettre sur pied un directoire de 25 vice-présidents sans concertation avec la base. On voit aujourd’hui où cela nous a conduits. L’UPADS est livré pieds et mains liés à un marchandage honteux sous la houlette d’un secrétaire général qui en a fait sa petite épicerie. L’UPADS et son chef nous narguent, mais pourtant aucune voix parmi tous ces 25 vice-présidents n’osent s’élever pour dénoncer cette attitude absurde. Ne serait-ce pas une forme de compromission ?
Sans pour autant vouloir prendre parti pour MABILEMONO, qui je le reconnais à ses qualités et défauts, seulement reconnaissant lui le droit de réclamer une certaine transparence et le droit d’être associé ou du moins informé des décisions prises au sein d’une diaspora qui se veut unitaire.
Essayons d’éviter d’être une opposition qui confond vitesse, précipitation et pratique l’exclusion . Sans aucune initiative consensuelle, cette opposition-là fait une lecture en diagonale de notre combat.
Comme on le voit depuis 20 ans, nos actions frisent le désespoir d’une diaspora minée par les ego internes traduisent son impatience et son manque de dignité d’assumer leur rôle d’instigateurs d’idées nouvelles. Nous sommes condamnés à se ressaisir ou du moins à revenir aux fondamentaux de notre combat. Autrement, nous creusons notre tombe, et ce, à chaque fois que certains penseront détenir seuls la science infuse… Même si chaque Congolais a son projet pour dégager Sassou seulement les 4 millions de congolais ne seront pas tous calife à la place de calife.
Vouloir le départ du dictateur-sanguinaire Denis Sassou Nguesso n’est pas un projet politique en soi. Depuis une semaine, nous assistons sur les réseaux sociaux à une mobilisation générale visant à faire barrage à MABILEMENO qui n’a pourtant donné que son avis, partagé par beaucoup d’autres d’ailleurs. On essaie de convaincre les indécis, abstentionnistes ou adeptes des chapelles partisanes à grand renfort de considérations culpabilisantes, de peurs ou même d’insultes. Mais tout cela est-il réellement efficace ? Ces actions atteignent-elles leurs objectifs, à savoir encourager une volonté d’aller vers un dialogue avec le pouvoir de Brazzaville ? Rien n’est moins sûr.
Nous sommes tellement attachés à notre liberté que le simple fait de sentir que l’on nous force la main suffit à entraîner chez nous des réactions d’opposition et d’attachements irrationnels. Réactions que les appels à la morale et le recours à la peur auront du mal à prendre corps. «En démocratie, il s’agit de convaincre les citoyens d’adhérer à vos idées, pas de leur faire peur en agitant des épouvantails », nous rappelle justement Jean Jaurès.
Nous sommes enclins à critiquer un pouvoir de merde. Ne sommes-nous pas aussi une opposition de merde avec ses agissements ?
Accordons à MABILEMONO le droit de s’interroger.
Ne dit-on pas que la politique est donc un art de concilier entre soi et les autres.
Juste un avis.
Jean-Claude BERI