A chaque parution, la « Lettre du Continent » livre à ses lecteurs les derniers scandales politico-financiers du Congo-Brazzaville.
Tout à fait illégalement nous vous présentons les révélations du N°628.
Scandale aux affaires étrangères
Suspecté d’alimenter une filière de faux passeports, le ministère congolais des affaires étrangères est dans le viseur des services secrets du pays. Révélations.
Début janvier, sur instruction de la présidence congolaise, le ministre de la justice, Aimé Emmanuel Yoka, par ailleurs coordonnateur du pôle de la souveraineté (affaires étrangères, défense et intérieur), a sommé le chef de la diplomatie, Basile Ikouébé, de remettre de l’ordre dans son ministère. Depuis plusieurs semaines, le Conseil national de sécurité (services secrets congolais) fait état d’un réseau frauduleux de vente de passeports diplomatiques. Selon nos sources, l’un des plus proches collaborateurs de Basile Ikouébé (photo), initialement recruté comme informaticien, serait impliqué dans ce trafic. Moyennant plusieurs millions de F.CFA il aurait fait délivrer des passeports diplomatiques à deux mineurs de 11 et 17 ans, en les faisant passer pour les enfants du ministre du travail et de la sécurité sociale, Florent Ntsiba. Cette situation, qui suscite déjà de nombreux remous au sein du gouvernement, a conduit le ministre Ikouébé à menacer de se séparer de l’intéressé, avant de s’envoler pour assister au 18ème sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu les 28 et29 janvier à Addis-Abeba.
Non moins embarrassante, une seconde affaire inquiète le même ministre après la nomination, à la mi-janvier, de l’une de ses proches, Marie-Jeanne Bissila, comme conseillère à l’ambassade du Congo-B à Washington. Une semaine après cette nomination, Basile Ikouébé s’est rétracté et a demandé à l’ambassade des Etats-Unis à Brazzaville d’annuler le visa américain de sa collaboratrice.
Arrivée au ministère des affaires étrangères en 2006 en provenance de celui de la justice, Marie-Jeanne Bissila se serait faite passer pour une magistrate alors qu’elle ne serait qu’une simple auxiliaire de justice. Elle aurait par ailleurs été poursuivie en justice lorsqu’elle travaillait à la Direction des Postes et télécommunications (PTT) du Congo-B. Marie Jeanne Bissila est actuellement activement recherchée par les services du ministère. Munie d’un passeport diplomatique, celle-ci aurait déjà quitté Brazzaville pour se réfugier en France. Après les affaires d’ambassades fantômes et de crédits détournés (LC n°624), le ministre Ikouébé a décidément bien des difficultés à contrôler son personnel.
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SNPC : Jérome Koko frime et bafoue la convention collective
Pour la première fois depuis sa nomination à ce poste en décembre 2010, le patron de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), Jérôme Koko, est confronté à la colère de ses salariés. Début janvier, il a invoqué « les difficultés de l’entreprise » pour remettre en cause la convention collective instaurée par le premier directeur de la société publique Jean-Richard Bruno Itoua, actuel ministre de la recherche scientifique. Les agents de la SNPC, qui gère les ressources pétrolières du Congo-B, sont montées au créneau dénonçant les 29 millions F.CFA de salaire mensuel de leur patron et la location, facturée 80 millions F.CFA par mois d’un jet privé pour son usage personnel. Face à cette fronde, Jérôme Koko, d’ethnie mbochi (Nord) comme le président Denis Sassou Nguesso, suspecte certains cadres de la SNPC, originaires du Sud-Congo, d’être des « opposants infiltrés« .