La paix est une question majeure pour le développement du Congo et de toutes ses grandes villes. Ce n’est donc pas une question ou une chose désirée par la seule opposition, mais, plutôt, une exigence de toute la classe politique et du peuple congolais dans toutes ses composantes.
Depuis un bon bout de temps, la sécurisation de Brazzaville n’arrête pas de turlupiner la force publique. Les actes barbares et ignominieux commis par les groupes de jeunes garçons âgés de 13 ans et au-delà, connus sous le tristement célèbre pseudonyme de «Bébés noirs» créent une grande psychose dans certains quartiers populeux de la ville capitale, comme au temps du phénomène «Kuluna» à Kinshasa et de Guerman à Brazzaville.
Et plus d’un Congolais se souviennent encore de nombreuses victimes tombées sous les armes du gang Guerman. A en croire certaines indiscrétions, le phénomène «Kuluna» aurait justifié l’opération policière «Mbata ya mokolo» qui a permis depuis avril 2014 le rapatriement forcé en République Démocratique du Congo (RDC), de tous les citoyens de ce pays installés illégalement sur toute l’étendue du territoire du Congo-Brazzaville.
Avec l’expulsion de plusieurs sans papiers à Brazzaville, notamment, beaucoup avaient cru que le grand et le petit banditisme avaient été définitivement vaincus. Grosse erreur. Face à la recrudescence du grand banditisme et de la petite délinquance, n’ont-ils pas raison tous ceux qui, aujourd’hui, se posent la question de savoir si ces tristement célèbres «Bébés noirs» accusés de martyriser les populations dans plusieurs quartiers populeux de la ville capitale, ne sont-ils pas délibérément soutenus par quelques officiers supérieurs des Forces armées congolaises, de la gendarmerie et de la police, avec la bénédiction de certains dignitaires du pouvoir, considérés comme leurs mentors ?
Le régime Sassou n’a pas encore préconisé, sciemment, des mesures draconiennes pour réprimer sans ménagement le phénomène «Bébés noirs» qui commence à connaître une montée fulgurante dans beaucoup de quartiers populaires de la capitale. Ce régime ne cherche-t-il pas à entretenir une insécurité généralisée d’abord à Brazzaville, puis dans d’autres grandes villes congolaises, qui pourrait justifier dans les tout prochains mois la mise en œuvre d’un éventuel état de siège dans le pays ou des assassinats précédés des braquages bien instrumentalisés par le pouvoir?
Comme l’affirment les leaders des partis de l’opposition, les acteurs de la société civile et certaines individualités du pays, le pourrissement de la situation fait partie des stratégies politiques du régime Sassou et de son parti, le Parti congolais du travail (PCT), qui ne s’avouent pas encore vaincus, concernant l’accomplissement de leur plan machiavélique visant le maintien de Sassou au pouvoir après 2016.
Qu’est-ce qui explique le laxisme du pouvoir de Sassou, des dignitaires de la force publique qui ont sous leur tutelle les services spéciaux et les unités spécialisées ayant la charge de sévir contre le grand banditisme ? Le pouvoir attend certainement que des massacres de grande envergure soient commis pour qu’il vienne faire semblant de condamner «les bavures» puis verser des larmes de crocodile, comme à l’accoutumée. Selon plusieurs témoins qui avaient défilé à la barre au procès sur l’affaire des explosions survenues le 4 mars 2012, si des mesures conservatoires avaient été normalement prises, les pertes en vies humaines n’auraient pas été aussi lourdes et effroyables.
En attendant leur anéantissement, les «Bébés noirs», qui poursuivent leur sale besogne sans crainte, continuent de défier les Brazzavillois, pour des raisons politiques certainement. Les habitants de la ville capitale n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Comme quoi, au Congo, le ridicule ne tue pas. Les «Bébés noirs» seraient-ils un petit noyau d’une milice privée en gestation ou en pleine renaissance ?
Pour sauvegarder l’image de marque du Congo et de la ville cosmopolite de Brazzaville, le secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), conseiller spécial du chef de l’Etat, Jean Dominique Okemba, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou et le directeur général de la police, le général Jean François Ndengué, sont fortement interpellés.
Certains citoyens n’hésitent plus à les accuser de pactiser avec ces «diables» de «Bébés noirs», en se fondant sur leur attentisme jugé blâmable. Sous d’autres cieux, se demandent-ils, Jean Dominique Okemba, Raymond Zéphirin Mboulou et Jean François Ndengué, ne seraient-ils pas parmi les premières autorités politico-administratives et militaires qui devraient mettre en œuvre tout ce qui est en leur pouvoir pour faire échec aux actions machiavéliques de ces apprentis sorciers? Leur attitude et leur passivité n’arrêtent pas d’interpeller plus d’un Brazzavillois. Ce qui suscite une sacrée audace au sein des populations qui se complaisent aujourd’hui à croire, à tort ou à raison aux folles rumeurs accusant certaines grandes autorités politico-administratives et militaires d’instrumentaliser les « Bébés noirs » à des fins politiques .
De nombreux compatriotes ne cessent de s’interroger s’il n’y a pas une similitude entre les «Bébés noirs» et les petits garçons «soldats» qui avaient été employés comme indicateurs ou éclaireurs dans les milices privées ninja, cobra, cocoye, mamba pendant les différents conflits sociopolitiques que le Congo a connus.
Les «Bébés noirs» seraient-ils un petit noyau d’une milice privée en pleine renaissance ? Ont-ils tort, tous ces Congolais qui seraient en train de croire que ces «Bébés noirs» pourraient intégrer l’ex-milice privée cobra, si elle venait à être réhabilitée par le régime ?
Comment le général Ndengué et sa soi-disant police scientifique n’arrivent-ils pas à mettre un terme au phénomène «Bébés noirs» ?
Comment expliquer que le général Ndengué avec le nouveau statut de la police lui autorisant de requérir toute la force publique ne parvient-il pas à stopper net ces jeunes bandits qui marchent en groupes sans être inquiétés ? La force publique (Gendarmerie et Police) n’est-elle mobilisée que pour faire la casse aux domiciles des opposants ?
Les cas de vandalisme perpétrés à la résidence de Ntsourou en 2013 et au domicile de Mierassa en 2014, sans oublier l’encerclement de la maison d’Okombi, en 2015, en disent long.
Ghys Fortune DOMBE BEMBA