L’amnésie étrange de Collinet Makosso

disparus-du-beach-300x167-1285796 COMMENT PEUT- ON SE RÉJOUIR DU MALHEUR DE SES PROPRES CONCITOYENS ???

Par :  OUABARI MARIOTTI

« Du livre de Collinet Makosso sur l’affaire des disparus du beach de Bazzaville ». Je ne l’ai pas encore lu. Cependant, si l’on s’en tient au post de Christian Perrin, sur Facebook, s’y référant, Collinet Makosso y fait preuve d’une déconcertante et insupportable légèreté, pour un citoyen de son rang social. Et les parents des victimes des disparus sont en position légitime de traduire Collinet Makosso devant les tribunaux pour offense et banalisation des faits dans une affaire dont le procès, organisé par les pouvoirs publics, n’a jamais convaincu, de nombreux points d’ombre subsistant.

Pour délier le régime de Mr Sassou Nguesso de cette affaire qui n’a pas fini de le poursuivre, Collinet Makosso manie, avec insolence, l’expression et le langage dépréciatifs aux fins de donner au dossier un contenu péjoratif. Pour lui, « l’affaire des disparus du beach de Brazzaville désigne des réfugiés originaires de la République du Congo » alors que c’est parce que les crimes sur les réfugiés ont été commis qu’il y a eu l’affaire des disparus. Par ailleurs, sans la moindre gêne, Collinet Makosso se doute des « disparitions », d’autant qu’il en parle au conditionnel. Auraient « disparu » t-il à leur retour au pays natal, après un exil en République Démocratique du Congo. Et d’ajouter, toujours au conditionnel, « revenus par le port fluvial de Brazzaville, les réfugiés auraient été arrêtés puis conduits à des destinations inconnues, du fait de leur appartenance supposée aux milices de l’opposition au régime en place ».

Pour Collinet Makosso, aucune certitude sur les manœuvres militaires de prise en charge des réfugiés dès l’appontement du port de Brazzaville. Une inimaginable inhumanité de sa part. D’où vient-il que Collinet Makosso dise de cette affaire qu’elle est « étrange » puisque le pouvoir de Mr Sassou Nguesso, s’y sentant accablé, a cru bon d’organiser un procès à sa manière pour tenter de calmer la fureur des familles et en versant à chacune d’elles, au bout du compte, une modique allocation réparatrice. Le rapatriement des réfugiés étant, de son avis, encadré par un accord tripartite, signé le 10 avril 1999, entre le Haut Commissariat des Nations unies aux Réfugiés, les gouvernements de Kinshasa et de Brazzaville pour l’aménagement d’un couloir humanitaire, pourquoi Collinet Makosso n’a t-il pas obtenu des autorités de Brazzaville qu’elles saisissent les institutions internationales spécialisées pour non respect des engagements pris par les parties à l’accord? Si on peut comprendre que le nombre exact des disparus continue  » de faire l’objet des « comptabilités macabres contradictoires », il est criminel que Collinet Makosso « s’interroge sur la nature réelle des disparitions ». Rien ne l’autorise de s’en douter. Les familles n’ont jamais revu les leurs, rentrés de Kinshassa, au delà du débarcadère du port de Brazzaville.

Encore plus criminel, de voir écrire, mis entre guillemets les mots disparus et disparition pour leur ôter toute certitude de qualification. Dans un contexte national non apaisé pour divers motifs qui accroissent, au jour le jour, le mécontentement populaire et les souffrances des congolais, le ministère de la culture est en droit et en obligation morale de censurer ce livre de Collinet Makosso, si jamais il paraissait, les faits relevés par Christian Perrin étant confirmés.

Paris le 20 juillet 2018 –

Ouabari Mariotti

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23953

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Lire le livre ici    :  9782296174115_extrait