Le Congo à la croisée des chemins.

congo-300x216-5616059(Réflexions d’un citoyen engagé)

Le Congo, notre pays vit un moment tourmenté de son histoire. Depuis son accession à l’indépendance en août 1960, les changements de régime se sont toujours opérés de façon brutale, hormis en 1992, année au cours de laquelle, la passation de pouvoir s’est réalisée de façon pacifique entre le président sortant et le président nouvellement élu, à l’issue des seules élections libres et transparentes organisées dans notre pays.

Depuis, le retour au pouvoir par les armes du régime actuel, des mascarades d’élections sont régulièrement organisées pour asseoir un pouvoir illégitime avec la complicité de puissances occidentales qui ne visent qu’à conserver leurs intérêts économiques. Le silence assourdissant de notre ancienne puissance coloniale sur les dérives du pouvoir et en particulier sur les massacres des populations de la région du Pool, n’en n’est que plus ahurissant.

Aujourd’hui le constat est amer et l’échec des apprentis sorciers de la politique congolaise est retentissant. Tous les indicateurs de la vie économique, sociale, culturelle et financière sont au rouge. Le Congo est régulièrement cité parmi les pays occupant les dernières places dans tous les domaines : économique, social, universitaire, humanitaire, liberté d‘expression, transparence des marchés publiques, sécurité d‘investissement. Pas un seul jour ne s’achève sans l’éclatement au grand jour d’un nouveau scandale du clan au pouvoir. Les slogans vides et creux sont légende depuis des décennies sans effet sur la gestion de l’état et la qualité de vie des populations qui se dégradent inexorablement.

Ce constat a déjà été réalisé à maintes reprises par de nombreux observateurs de la vie politique, économique et sociale congolaise. De nombreuses voix de personnalités plus ou moins connues se sont élevées pour dénoncer et condamner les dérives du régime actuel.

Tout cela est donc parfaitement connu. Ce qui l’est moins, ce sont les alternatives que peuvent proposer les leaders de l’opposition et la société civile. En effet, le président actuel n’est pas éternel, il l‘a d‘ailleurs admis lui-même au cours d‘une récente interview. La question de sa succession reste tabou, même si on décèle ici et là des velléités de succession monarchique dans l’entourage familial. Le président de fait est surtout entouré de faucons qui guettent ses faits et gestes pour déceler la moindre faiblesse et s’emparer du trône à la moindre occasion. Il est aujourd’hui évident que ce pouvoir est à bout de souffle et vit certainement ses derniers instants. Certes, des gardiens du temple se préparent à une lutte fratricide au cours d’une nuit des longs couteaux, en aiguisant leurs armes. Il existe certainement cachés en lieu sûr, des scénarios prévus en cas de passage à trépas du chef du clan au pouvoir.

Nous nous trouvons donc à la croisée des chemins, car viendra sûrement le jour où « le soleil se lèvera et le Congo resplendira à l‘issue d‘une longue nuit qui s‘achèvera ». Mais notre sentiment, et c’est l’objet de cet article, est que l’opposition ne sera pas prête à relever le défi pour s’opposer efficacement aux faucons du pouvoir à cet instant clé, si rien n‘est anticipé. Notre souhait bien entendu est que ces apprentis sorciers ne puissent s’accaparer du pouvoir vacant à cette occasion.

En effet, les différentes factions de l’opposition et la société civile fournissent de gros efforts pour combattre ce pouvoir répugnant. Mais force est de constater que malgré des avancées significatives, les résultats restent insuffisants, au regard du mépris qu’opposent les autorités de Brazzaville aux différents opposants. A notre sens, il est tout aussi indispensable de poursuivre inlassablement les campagnes de lutte médiatique et les manifestations pacifiques que d’envisager des démarches judiciaires. Le pouvoir de Brazzaville a une hantise de la justice internationale et la seule constitution de dossiers décrivant leurs forfaits leur donne de l’urticaire. Une compilation sérieuse de preuves devra être transmise aux juridictions internationales compétentes dont nos politiciens pensent s’être affranchis par une constitution illégitime.

Mais il est surtout nécessaire de s’organiser, en rassemblant nos forces et en mutualisant les moyens pour mener une action mieux coordonnée et plus efficace. Pour être visible et audible, il faut probablement désigner un leader qui va représenter une alternative crédible et porter une voix sur la scène internationale. La force de l’opposition réside dans la diversité et la richesse de sa composition. Malheureusement, certains de ses plus valeureux soldats sont aux arrêts ou embastillés pour des raisons fallacieuses. Mais, l’une de ses faiblesses et qui profite à l’adversaire, est son manque de cohésion, de coordination et de stratégie claire.

Ainsi, en plus, des actions de terrains qui produisent des résultats en fragilisant le pouvoir, il est plus que nécessaire de faire émerger un leader qui va incarner le vrai changement. Le cas échéant, on court le risque de fractionnement, d’affrontements de courants et de guerres des egos au sein de l’opposition, rendant tout changement illusoire. Toute initiative non coordonnée en situation d’instabilité profitera aux personnes les mieux préparées et les mieux informées, donc aux faucons du pouvoir en place. L’opposition devrait commencer à fourbir ses armes et sa stratégie car les défis à relever sont énormes et n’autoriseront aucune improvisation ou tâtonnement. Le seul départ du président non élu ne peut constituer une fin en soi, la reconstruction du Congo et lui redonner une place dans le concert des nations devant rester les principaux objectifs. Il est aujourd’hui impératif d’aller au-delà des dénonciations des dérives et scandales de ce régime à bout de souffle.

Il faut noter également que le Congo se trouve à la croisée des chemins de générations. Il faut admettre que les jeunes générations mieux outillées puissent prendre le relais de certaines responsabilités avec l’avènement de nouvelles règles de diplomatie, de nouveaux outils de communication et de techniques de managements. Les méthodes de gestions utilisées par les générations d’avant les indépendances sont révolues. Les anciens ont fait leur temps, mené le pays dans l’état actuel et somme toute montré leur limite dans l‘évolution du monde actuel. Les changements de générations impliquent un changement de mentalités, malheureusement nombre de jeunes ont été formatés par le logiciel des sous valeurs. Ceci est bien entendu, un autre aspect de notre société qui appellera à d’autres débats.

Voici, quelques réflexions que nous souhaitions soumettre aux acteurs de la vie politique congolaise, pour ne pas dire plus tard, qu’on ne savait pas. Nous avons des atouts à disposition, à nous d’en user à bon escient.

Citoyen engagé.