Ça y est. La montagne a accouché d’une souris. Le gouvernement de la rupture tant attendu pour sortir les Congolais de la mouise est la copie conforme des précédents. Point de rupture, mais l’on persiste dans l’erreur. L’on se complaît en adulte immature réfléchissant avec le logiciel du parti unique du XXème siècle. Encore une occasion ratée même pour avoir l’estime de ses partisans. Car même eux ne croient plus en l’homme. Sale temps sur le Congo.
Jamais dans l’histoire contemporaine, l’on a vu un homme incapable de tirer du passé des leçons pour l’avenir. C’est dire qu’il est dépassé par les événements et ceci n’augure rien de bon pour le peuple congolais.
Englué dans une dette cachée sans précédent, une crise économique, sociale et institutionnelle, notre timonier habitué à sa cour nomme encore et toujours ses fidèles courtisans. Ceci nous conforte dans l’idée qu’en dehors de ceux là même qui ont contribué avec lui à couler le pays, désormais aucun congolais digne de ce nom n’accorde du crédit à ce monsieur. Personne ne veut plus s’embarquer dans le Titanic dont le sort est connu de tous à l’avance. A défaut de voir les gens se bousculer pour « aller à la mangeoire », terme congolais consacré pour désigner les lieux de réjouissance, il s’est résolu à renommer en désespoir de cause les mêmes. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, à ce rythme la lumière n’est pas au bout du tunnel pour le peuple congolais.
Dans ces conditions comment le FMI (Fonds monétaire international) va-t-il négocier avec ceux-là même qui hier ont mis le pays par terre ? C’est la prime au pyromane qui se profile. Le pari est ailleurs pour ces milliardaires, ces nouveaux riches partisans du moindre effort, tous venus du village et dont les billets pour la plupart ont été payés à Brazzaville dès réception. C’était déjà le début de la vie facile pour eux, des passe-droits et le début des malheurs pour nous.
Je redis bien que le pari devant cette bravade réside dans l’augmentation de la production pétrolière qui pointe à l’horizon. Incapables de diversifier l’économie congolaise, ils retrouvent les vieux réflexes qui leur ont toujours permis de mener une belle vie. Le Congo va augmenter sa production pétrolière avec 50 000 barils par jour en sus, ce qui constitue une manne non négligeable pour ces sangsues. FMI ou pas, la minorité régnante a décidé de faire le pied de nez au peuple congolais. Force est de constater que le lait et le miel vont continuer à couler pour les mêmes alors que le peuple croupit et croupira toujours dans la misère. Nous voilà revenus au fameux slogan d’hier : « Vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain ». Quasiment dire qu’à cette allure nous allons continuer à crever de faim. L’on demande toujours au même de se serrer la ceinture pendant que de l’autre coté c’est la fête tous les jours. C’est Franklin Boukaka, artiste engagé depuis lors disparu à cause de ces mêmes intolérants qui sévissent aujourd’hui, qui le rappelait dans une des ses chansons « Dia bikola » de l’album « A Paris ». Comme quoi au Congo, les artistes ont toujours eu raison avant les politiques. Chapeau l’artiste, une pensée émue, puisse mon salut révolutionnaire te parvenir dans l’au-delà. Ton combat est toujours d’actualité et ta musique intemporelle continue de traverser les générations sans prendre une ride. Mais, ils persistent toujours dans leurs travers et nos masses peinent à faire l’histoire.
Le jeu de chaise musicale de cette réunion familiale élargie aux obligés qu’est le gouvernement congolais, n’a de cesse que de régler les problèmes de couche. Voilà à quoi est réduite la vie politique congolaise depuis 33 ans. Ainsi, l’inamovible gendre, Maire de Brazzaville et député de Gamboma, encore une incongruité, a finalement cédé son héritage pour un ministère. Son bilan étant tellement catastrophique à la tête de notre capitale qu’il fallut l’extirper telle une chique afin de sauver les apparences. La succession à la mairie de Brazzaville échoit maintenant à un autre gendre de l’aile Nguesso en lieu et place du gendre de l’aile Sassou-Nguesso. C’est « Dallas », version congolaise. Les premiers effets de la nouvelle constitution se font ressentir, à savoir que la mairie de Brazzaville est désormais réservée aux gendres du cobra royal. Pour les coureurs de dot, la chasse est ouverte et c’est une aubaine pour eux.
Revenons à l’homme qui ne veut plus grandir, frappé du syndrome de Peter Pan, et qui ne voit le prisme de la société congolaise qu’au travers de son clan. Son gouvernement fait de bric et de broc ne ressemble qu’aux précédents, celui des loosers ayant conduit le Congo dans l’abîme. On ne s’attendait pas non plus à un miracle de la part de celui qui considère le Congo comme son bien. Dans sa malice, il a réussi à liquider le MCDDI en se servant des enfants Kolélas pour mieux les jeter par la suite. La cupidité a fini par les achever. Ainsi, ce parti autrefois force politique de notre pays n’est plus que l’ombre de lui-même et a perdu son âme. Il a été laminé lors des dernières élections législatives et municipales de la honte. Le même sort aurait pu être réservée à l’association de l’autre n’eut été les menaces que ce dernier proféra à ses maîtres en publiant sa propre liste de députés élus. Le monde à l’envers ! N’est pas politicien qui veut et il ne suffit pas de s’appeler Kolélas pour être un fin tacticien. Ne dit-on pas que la pomme tombe toujours à coté du pommier ? Adieu les étoiles filantes. La lune de miel n’a duré que le temps d’une éclipse solaire. Quel gâchis !
L’autre perdant de cette histoire est l’héritier désigné, Denis Christel Sassou-Nguesso qui n’a pas pu placer ses pions. Sa frénésie pour accéder à la magistrature suprême a été freinée par le clan qui le combat de l’intérieur. Rattrapé par ses affaires louches, son absence lors des agapes de la fête nationale a été très remarquée. Ils commencent à se regarder en chiens de faïence. Mais, le Prince d’Édou veut rester le maître du jeu jusqu’au bout. Il confirme ainsi que n’exerce le pouvoir que celui qui le détient et que le pouvoir par procuration n’existe pas. A moins de faire comme Kabila fils ; Suivez mon regard. Le fruit est pourri de l’intérieur. Ce n’est plus une fuite en avant mais un suicide collectif que le gourou impose à ses ouailles.
Ainsi va la vie dans notre pays le Congo-Brazzaville géré comme une boutique familiale au gré des mariages, divorces, remariages, maîtresses et courtisans. Le peuple congolais que j’exhorte à retrouver sa grandeurd’antan n’a pas dit son dernier mot devant ce cirque. Il ne tient qu’à lui de mettre fin à ce jeu macabre de massacre. Le peuple a besoin d’un chef et le chef a besoin d’un peuple. L’histoire nous crucifiera si nous continuons à nous lamenter au lieu d’agir. Une révolution revêt plusieurs formes et à nous de trouver la meilleure afin que le Congo resplendisse. Ne soyons pas des coupables passifs d’un naufrage collectif.
Comme disait Einstein : « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent ». Aux psychiatres congolais d’abréger la souffrance du peuple.
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA