Le Congo-Brazzaville est malade de l'ethnocentrisme, la corruption et l'enrichissement illicite

Jean-Claude BERI

A ce jour, Sassou Nguesso a fait de l’ethnocentrisme une forme de gestion et de conservation du pouvoir. Etre de l’etnie de Sassou donne accès à ceux qui en sont issus accès aux plus hautes fonctions de l’Etat, tant dans l’administration publique et dans l’armée, la gendarmerie et la police. Bref, c’est un quitus pour la corruption, l’enrichissement illicite. C’est un laisser-passer qui donne à certains le droit de jouir de l’impunité totale. Ce qui a engendré l’immoralité au sommet de l’Etat.

Si une ethnie en l’occurrence Mbochi se croit supérieure aux autres, on ne peut qu’assister à ce qui se passe actuellement au sein du pouvoir de Sassou.

L’ethnocentrisme a englué notre pays le Congo-Brazzaville dans une crise dont les tentacules néfastes dépassent le cadre des gouvernants congolais pour indexer si l’on n’y prend pas garde toute une partie de la population congolaise. Malgré les appels incessants de certaines associations civiles à différencier l’homme politique affilié au pouvoir de Sassou et l’homme politique ressortissant du Nord. « Diviser pour mieux régner ». L’adage est célèbre et universel. Le pouvoir de Sassou en a fait un de ses leitmotivs pour assurer sa pérennité et faire croire que son échec serait également attribué à toute une région. Il ne se passe pas un jour, dans toutes les villes et villages du Congo-Brazzaville, jadis où régnaient la tolérance et la solidarité entre congolais, sans que le débat sur la gouvernance critiquable de Sassou ne tourne autour d’une confusion incriminant une bonne partie des ressortissants du Nord dans la situation catastrophique que traverse le Congo-Brazzaville.  Pourtant les causes de cette descente en enfer du Congo-Brazzaville sont à rechercher nulle part ailleurs que dans la gouvernance  partisane du clan Sassou.

Calomnier l’ensemble des M’Bochis ne fait que reculer le combat

De même au temps du Président Pascal LISSOUBA la plus part des congolais ont incriminé la bande des quatre (MOUNGOUNGA, MBERI, TAMBA-TAMBA, MOUKOUEKE) d’avoir conduit le pouvoir dans les méandres d’un anathème coupable. Bien que le complot fomenté par les oligarchies financières à sa tête une Françafrique maçonnique ayant totalement infiltré la société d’ELF (TOTAL aujourd’hui) ayant fait du Congo leur terrain de jeu réduisant à néant toute velléité d’indépendance économique afin d’asseoir leur domination sur le destin des congolais.

Les faits et les preuves sont aujourd’hui à la portée de tous pour témoigner que la France n’a pas hésité d’armer Sassou pour marcher sur les cadavres des milliers de congolais pour livrer le pétrole congolais aux français. Que pouvait faire les BEMBES devant l’armada militaire mis à la disposition de Sassou par la France ?  

Pourtant dans certaines officines le BEMBE est toujours considéré comme les tombeurs du pouvoir honni et persécuté de Lissouba. Cela suscite un repli sur soi et la division qui, comme on l’observe aujourd’hui, ne cesse d’achèver la déconstruction de l’UPADS. L’échec ne serait-il pas à rechercher dans sa politique gouvernementale menée à l’époque ? Nous élisons un homme pas une ethnie.

Aujourd‘hui, les langues lègères font l’amalgame sur l’ensemble des Mbochis pour décrire la crise multidimensionnelle du Congo-Brazzaville.

Le M’bochi : une entité infréquentable ?

18765826_1335989543144511_4380155220208417644_n-300x225-4065743Les exemples fleurissent dans le quotidien des congolais. Fréquenter un homme du Nord s’apparente aujourd‘hui à être complice du drame que fait vivre le pouvoir de Sassou aux congolais.

Certes, le pouvoir de Sassou et la presse officielle ou proche des militaires n’hésitent pas à jouer sur le complexe de supériorité régionaliste et à sonner l’alarme contre l’ennemi de l’intérieur, en l’occurrence l’homme du Sud ou d’autres ethnies, soupçonnés de vouloir diviser le pays.

Qui peut démontrer que ce complexe est-il réel au sein de la société congolaise? Serait-il suffisamment ancré pour empêcher les congolais de s’unir pour imposer un changement de régime comme cela s’est fait dans d’autres cieux?

Je sais que poser ces questions taboues dans la rue congolaise ne vous attire pas que des réponses sympathiques. D’aucuns diront même que je serais en quête de nguiri. Loin de là. D’autres vous trouveront suspect; certains poseront sur vous un regard interrogateur.

On oublie très vite de dire que tous les M’bochis ne sont pas logés à la même enseigne. Beaucoup ne savent même pas de quoi il parle faute de n’avoir visité que la partie sud du Congo. Par extrapolation, ils s’imaginent une richesse immense cachée dans toutes les cases des ressortissants du Nord. Cette étroitesse de réflexion s’appuie simplement sur un énorme déficit de solidarité nationale entre les régions. Oubliant que cela ne fait laisser la porte ouverte au système en place pour inoculer encore davantage son venin de la division.

En effet, le système Sassou et les partis politiques affiliés à sa cause se sont toujours servis de ces différences pour renforcer leurs bases militantes ou pour asseoir son pouvoir. Le Pool  étant la région la plus contestatrice, il est devenu classique d’entendre les représentants du pouvoir l’accuser d’être à l’origine de tous les maux du pays. Cela est de moins en moins porteur même s’il perdure encore.

Aussi ce système a mis en place des pseudos milliardaires fabriqués de toute pièce pour entretenir à coup de billets cette idée de l’homme du sud détestable tant qu’il ne serait pas partisan de leur pouvoir. Ainsi des groupuscules sont créés pour véhiculer des messages de haine et protection du pouvoir de quelqu’un. Pour cela ils sont gracieusement rémunérés pour donner l’impression de servir une cause juste. Oubliant de ce fait que des milliers de ses frères et sœurs sont plongés dans une misère inextricable comme beaucoup de congolais.

Le M’bochi n’est pas la cause de nos malheurs, il est aussi victime d’un système qui se joue de tout pour donner l’importance de gérer une cité mais nous devons le démontrer que le système Sassou gère une épicerie familiale.  

Comme on le voit à travers le monde, ce ne sont tous les fils Mbochis qui sont évacués à travers le monde pour y être installés à l’abri de tout acte désagréable futur.  Ce n’est pas tous les M’bochis qui s’appellent ETOKA , SASSOU , EBATA, ADADA, DJOMBO, NGOKANA, BOUYA, ONDONGO

pn-01-300x176-8445705 Le clan des pilleurs du Congo

Les coupables sont, certes pour la plus part, du Nord mais ce ne pas pas tous les ressortissants du Nord qui ont détruit le Congo par un mécanisme bien huilé de vol et de pillage systématique.

Le vent est-il en train de tourner pour le pouvoir en place à Brazzaville ? Car si depuis l’annonce de la crise économique sévère rien ne semblait arrêté le déballage des affaires de détournement des dignitaires du pouvoir. Le système Sassou qui se disait inébranlable est sur bien des plans en nette baisse de régime et des fissures aussi grosses que des fossés sont apparus. 

Si ce pouvoir  bénéficie encore  d’un fort capital de sympathie de la part de leurs partisans ou encore de la part d’autres groupes qui ont porté allégeance au clan Sassou pourraient être bientôt tentés de s’en séparer pour éviter d’être affiliés à un groupe en pleine déroute. Les M’bochis avertis mettent un sentiment d’arnaque ou de désarroi, faisant passer  tous les cadres M’bochis pour des escrocs qui ont servis Sassou.

C’est ce que l’on appelle l’«effet halo», qui va avoir tendance à repousser les potentiels sympathisants qui ne miseront plus sur la réussite du clan Sassou. Aussi, il faut  rassurer l’homme du Nord qui se retrouve dans une situation de victime et d’accusé d’un système. Ainsi calomnier le M’bochi ne fait que reculer le combat et ce n’est certainement pas un projet politique constructif.

ll serait regrettable  que le débat politique soit tellement faussé qu’il est impossible d’aborder aucun problème de manière sereine et sans pensée négative. Le jour où l’on changera le régime dans ce pays, il nous faudra un an ou deux juste pour se mettre d’accord sur les concepts sociétaux qui nous unissent.

Il me semble, après de 57 ans après leur indépendance, les congolais  sont loin de se connaître entre eux. Si le Congo devait vivre une  transition vers l’ère démocratique et de développement, la question d’un leader qui rassemble toute la population se posera inévitablement. A ce jour, aucun ne semble  avoir réussi à mobiliser sur tout le territoire national.

Le cercle de la division du clan Sassou démontre à suffisance que les Congolais devraient guérir de la maladie de la division « inoculée par Denis Sassou Nguesso ».

Le Congolais devrait bannir de son logiciel mental le virus inoculé par Sassou qui fait : « A chaque fois que quelqu’un parle, au lieu de l’écouter et de l’apprécier sur son discours, sur sa démarche intellectuelle, on cherche à savoir d’où il vient, à qui appartient-il de façon ethnique… »

Jean-Claude BERI