Le deux poids et deux mesures de la communauté internationale tant décrié vient encore de s’illustrer de manière évidente au sujet du génocide qui se déroule dans le silence dans le Pool au Congo. Le Conseil de sécurité de l’ONU veut avoir une résolution sur la Syrie en feignant d’ignorer les massacres du Pool tout aussi ignobles. Mais, c’était sans compter sur le pragmatisme américain.
Deux dirigeants de ce monde, Hollande et Poutine, s’acharnent à protéger à leur manière deux dictateurs. Sassou Nguesso pour le premier et Bachar el-Assad pour le second, adeptes tous les deux « du Moi ou le chaos » avec le risque de dislocation de leurs pays respectifs. C’est à chacun son dictateur et le monde se portera bien en affaires.
Jadis pays des droits de l’Homme, la France sous un gouvernement socialiste a failli à protéger les paisibles populations du Pool de la terreur de son filleul. Les miasmes de la Françafrique ont fini par être humés par ceux là même qui les redoutaient. L’odeur du pétrole congolais a fini par les rendre respirables. N’est-ce pas que certains parcs animaliers en Afrique sont mieux sécurisés par les Occidentaux de peur de voir disparaître ces espèces qu’ils chérissent tant au détriment des populations locales depuis longtemps reléguées au rang de sous hommes. L’esclavage et la colonisation sont passés par là et les habitudes ont la vie dure.
L’on assiste à l’empathie des Occidentaux pour les Syriens parce qu’ils se ressemblent. L’on dira tout simplement parce qu’ils sont BLANCS, certains chrétiens et cela compte au final. Quant aux populations du Pool dont personne n’a jamais entendu parler, ces NOIRS d’Afrique et plus précisément du Congo, elles n’intéressent personne. Le Congo n’existe sur le plan international qu’à cause de son pétrole, de sa forêt, qu’il est de bon temps de piller avant que ceux qui ont le souci de cette nation n’en prennent les règnes.
Ceux de nos aînés qui portaient haut la fierté de notre continent sont partis, en ayant parfois payé de leur vie, à l’instar de Kwame Nkrumah, Lumumba, Mandela, Sankara, etc. La relève tarde à venir, car ceux qui veulent s’approprier nos richesses ont vite compris qu’il fallait corrompre les élites africaines pour continuer à prospérer. Le crime a changé de visage.
Notre éveil est lent, mais j’ose espérer qu’il portera ses fruits. Il est paradoxal de voir que l’Homme noir, l’Homme africain a perdu de sa prestance après être rentré de plein pied dans la civilisation occidentale. Il a perdu toutes ses aspérités au point de devenir lisse, invisible, incolore et inodore. Ce dernier a perdu ses repères devenant le premier persécuteur de ses semblables pour plaire aux maîtres. Quel gâchis !
Le Congo se meurt, le Congo sombre dans l’indicible, le Congo est devenu une dictature sans qu’aucune voix ne s’élève en Afrique pour condamner les massacres, les enlèvements, les arrestations arbitraires, la torture et les violations quotidiennes des droits de l’Homme. Le panafricanisme est comme certains dirigeants congolais, une girouette qui indique la direction du vent afin de mieux se positionner. Ceci est d’autant plus important qu’il montre la trahison des élites africaines corrompues par l’argent facile au détriment de l’immense majorité de la population qui croupit dans la misère.
Il est important de souligner par ailleurs qu’en Guadeloupe, qu’à Mayotte, et qu’en Guyane, il n’y a pas d’eau potable ni d’électricité pour tous comme au Congo. Le lien entre tous ces peuples n’est pas difficile à faire.
Notre vision du monde actuel nous montre qu’il n’y a de justice que pour les plus forts. C’est au peuple congolais d’écrire son histoire, une histoire qui sera faite de sang et de larmes et il ne pourra en être autrement. Que ceux des nôtres qui se sentent de la trempe de nos illustres aînés pour porter le projet du changement, de l’alternance, d’une nouvelle Afrique, s’en saisissent car l’heure est grave au risque de disparaître et de ne plus servir que de porteurs d’eau. Nous ne devons plus être éternellement de la race de ceux que l’on méprise et opprime. Il nous appartient dorénavant de prendre notre destin en main.
Les forces militaires de la Cédéao en Afrique de l’Ouest ont chassé Yahya Jammeh du pouvoir en Gambie. Le Président américain Donald Trump bouleversé par l’attaque chimique contre des populations civiles sans défense, a ordonné cette nuit, à 2 heures 54 minutes (heure française), la frappe d’une base militaire syrienne et reprend ainsi en main une politique étrangère capable de réguler la paix dans le monde au nez et à la barbe de l’ONU, « ce machin » comme disait de Gaulle. Tout ceci contraste avec l’attitude de désinvolture des autorités françaises vis-à-vis des massacres qui se passent au Congo. Ce qui nous étonne c’est le soutien inconditionnel et indéfectible de la France quoi que fasse Sassou Nguesso avec toutes ses atrocités commises contre les populations et les opposants au mépris des conventions internationales. Toutes les nations civilisées du monde doivent maintenant venir au secours du Congo. Notre génération saura le moment venu choisir les partenaires qui nous accompagneront dans la refondation de notre beau pays.
Résonnent encore dans nos oreilles les mots de Nikki Haley, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, prononcés le mercredi 5 avril 2017 : « Quand les Nations unies échouent constamment dans leur mission d’agir collectivement, il y a des moments dans la vie des États où nous sommes obligés d’agir nous-mêmes ». Le gendarme du monde est de retour pour restaurer la capacité d’un droit international qui promeut la paix ; La période d’impunité des dictateurs tend à sa fin. Le peuple congolais a un ennemi : c’est Sassou Nguesso.
C’est Romain Rolland qui écrivait : “Même sans espoir, la lutte est encore un espoir.”
Persévérons !
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA