Le Congo–Brazzaville pire que le Gabon

«  La solidarité envers les autres n’est pas une faiblesse. Bien au contraire elle est une force qui doit s’exercer avec fermeté qui empêcherait le mal de nous atteindre. » JCB

Il y a un adage qui dit : «  Il ne faut pas suivre deux lièvres à la fois » qui s’apparente bien à l’attitude des Congolais de France qui ont pris pour cause et effet la crise électorale Gabonaise. Sans pour autant vouloir faire preuve d’un égoïsme primaire, force est de constater que la crise Gabonaise est de loin médiatisée par la presse française et par beaucoup de politiques que l’a été la crise congolaise, pourtant bien antérieure et beaucoup plus meurtrière.

Les situations sans pour autant être identique sont, tout de même comparables. Le Congo, depuis la fin de la campagne électorale et le viol des résultats qui s’en est suivi ressemble à un malade à qui on interdit le traitement. Les assassinats, les enlèvements, les coupures d’internet, privations de la liberté de presse…tous ses ingrédients antidémocratiques ont été utilisés pour ballonnés le peuple. Le peuple congolais vit toujours sous une chape de plomb.  Cela émeut qui ? Tous les officiels français sont muets comme des taupes et détournent vite fait le regard devant les massacres de Sassou Nguesso sur le peuple congolais.

Quand est-ce que, nous congolais,  allons enfin prendre conscience que la gentillesse qui dit oui à tout et qui ouvre la porte à tout doit être à proscrire? Cette gentillesse qui nous pousse à courir à travers le monde pour secourir ceux qui sont opprimés est souvent une solution de facilité, d’échappement, de fuite en avant ou d’arrangement surtout pour les gens qui n’aiment pas voir la réalité de leurs propres difficultés.

Cette posture sournoise est mauvaise. Nous savons beaucoup d’entre vous nous traiterons de faire preuve de manque de solidarité ou d’absence de compassion. Seulement analysons les choses froidement.

Le Congo-Brazzaville vit dans une sorte de black-out totale depuis le vol électoral du 20 Mars 2016. Cette situation encouragée par le pouvoir sanguinaire en place a généré des morts, des déplacés, des séquestrations conduisant aux arrestations, des privations allant jusqu’aux brimades ne se limitant pas qu’aux politiciens mais touchant même le congolais lambda, pourtant cela n’a pas soulevé un tollé médiatique international.

Et voilà que beaucoup d’entre nous, congolais de France, remuant ciel et terre pour soit soutenir ALI BONGO ou soit soutenir Jean PING.

Avons-nous fini le travail de contestation des résultats frauduleux présentés à la face du monde justifiant une victoire usurpée au peuple par Mr SASSOU ? Avons-nous clôturé le travail de recensement de nos morts du 23 septembre 2015, du 20 Mars 2016, du 04 Avril 2016 et celles qui succombent encore aujourd’hui face cette barbarie militaro-tribalo-clanique installée de force au pouvoir ?

Quand l’injustice frappe à ta maison, il faut absolument filtrer et se serrer les coudes dans un mouvement de révolte pour défendre tes droits. Nous devons faire preuve de force de caractère. Nous devons apprendre à être dur,  vaut mieux être dur, ferme mais juste plutôt qu’être gentil et se faire ronger à petit feu par l’injustice qui aura des conséquences néfastes parfois importante par la suite.

Sommes-nous fiers de constater que depuis 50 ans, les WARA, les Libanais, les français, etc… se servent chez nous pour développer leur pays d’origine et que nous nous contentons de prôner notre gentillesse. La gentillesse sans justice mène inévitablement, à terme, à être floué par les autres et à se faire écraser. Ce mauvais comportement des congolais les expose sans défense vis-à-vis du monde extérieur étalant ainsi au grand jour là notre faiblesse.

Avez-vous vu l’armée française bougée d’iota pour soutenir la cause des démocrates du Congo-Brazzaville ? Avez-vous vu le secrétaire générale de l’ONU, BAN KI MON effectué ne fusse qu’un déplacement de quelques minutes à Brazzaville pour s’enquérir personnellement de la situation aussi dramatique, sinon pire que celle du Gabon ? Avez-vous observé le même engouement de la France  a relayé l’information sur la crise Congolaise comme elle le fait pour le Gabon ?

Pensez-vous que la crise congolaise sera réglée par qui ? Si ce n’est pas par nous même les congolais.

La nécessité de montrer notre amour pour le Congo s’impose

Il n’est pas interdit d’aller soutenir les frères gabonais dans la souffrance. Seulement cette solidarité devrait être aussi l’occasion de dire au monde entier qu’il n’y a pas que le Gabon qui est victime de guerre sous fond d’ingérence françafrique. Le Congo-Brazzaville également est enfermé dans un mouroir qui ressemble à un pays fantôche. Et la France détourne son regard, comme si les milliers de morts congolais comptent peu devant ceux des gabonais. Où peut-être que le pétrole gabonais vaut plus que le pétrole congolais ?

Ceux qui ont pris le Congo comme terre à profit, une sorte de vache à lait, sont autant présents au Gabon qu’au Congo. Seulement ils requièrent une certaine facilité d’agissement au Congo. Parce que notre fermeté à défendre notre pays n’est pas à la hauteur ce qu’elle devrait être. La France malintentionnée est responsable de notre mal-être. Mais si nous restons aussi passifs, faisons pas preuve de force intérieure et de discernement, nous sommes, à notre insu, complice du malheur qui nous arrive.

Les mêmes scénarios se produisent au Gabon avec un retentissement beaucoup plus réceptif qu’au Congo. Simplement parce que le gabonais est fier d’être gabonais avant tout et n’a pas hésité à s’en prendre aux français qui se mêlent de tout en ne privilégiant que leurs intérêts.

Jusqu’à quand allons-nous être des dindons de la farce de l’Afrique centrale ? «  Congo-Zoba » par ici ; « Congolais fainéant et peu courageux » par là et enfin; « Congolais corruptible à merci ». Tous ces adjectifs, certes loin de refléter la réalité, encouragent ce manque de respect et la méchanceté des autres sur nous.

Transcendons nos divergences pour mettre le bonheur et le progrès du Congo au premier plan. Montrons un autre visage du Congo où les femmes et les hommes politiques s’asseyent pour palabrer. La solidarité envers les autres n’est pas une faiblesse. Bien au contraire elle est une force qui doit s’exercer avec fermeté qui empêcherait le mal de nous atteindre.

Seulement nous ne nous posons pas les bonnes questions au Congo-Brazzaville.

Denis Sassou Nguesso a réussi avec un talent insidieux à désorganiser les partis d’opposition, que faisons-nous pour le contraindre à échouer son plan machiavélique ?

Le clan SASSOOU s’est enrichi  sur le dos du peuple, et ces gens sont aujourd’hui habités par la  peur d’abandonner leur soutien au despote Denis Sassou-Nguesso, puisque ce dernier a su restructurer l’armée, la gendarmerie et la police pour la préservation de ses ambitions personnelles, claniques et régionales, que faisons-nous pour inverser la tendance ?

Ne dit-on pas que la « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Avant d’aller soutenir le Gabon, commençons par nous soutenir entre congolais.

Ne tombons pas dans les ruses sadiques de Mr SASSOU pour qui la sagesse est la recherche permanente du déni de l’unité chez lui et le droit de le prévaloir chez les autres, de la satisfaction personnelle du pouvoir, de la jouissance financière et la prédominance  des intérêts partisans. Il aime s’octroyer le retournement insidieux des situations politiques qui est l’un des indices majeurs de la décomposition des principes démocratiques. Sassou Nguesso sait entrainer l’opposition sur le terrain de l’improvisation.

Par :  Jean-Claude BERI