Alors que dans de nombreux pays producteurs majeurs d’or noir en Afrique, la production pétrolière est soit stagnante soit en déclin, notamment à cause du recul des investissements globaux dans l’amont, au Congo-Brazzaville, les perspectives s’annoncent bonnes pour le secteur.
Selon une analyse faite par les spécialistes de Reuters, l’industrie congolaise du pétrole devrait attirer des investissements importants, à court terme. Cela ferait du pays le troisième plus gros producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne dès 2018 et par conséquent, donnera un important coup de pouce à la relance de l’économie.
Depuis 2012, date de la découverte du champ pétrolier Nene Marine en eaux peu profondes à 17 km au large, les investisseurs sont devenus plus optimistes sur les opportunités que pourraient offrir le bassin sédimentaire congolais. Cette découverte a d’ailleurs révélé aux acteurs de l’industrie que les eaux congolaises comportent de gigantesques ressources sous-exploitées de pétrole et de gaz. Entre 2012 et 2015, d’importantes réserves ont été découvertes en offshore. Cela a d’ailleurs conduit l’analyste du marché pétrolier Jean-Baptiste Bouzard à comparer les performances du Congo à celles de nombreux autres producteurs de la région dont le Gabon, indiquant que « le Congo résiste à la tendance ». Au Gabon par exemple, la production est en baisse et les découvertes se font de plus en plus rares.
Grâce à la mise en exploitation récente du champ Moho Nord avec un potentiel de production de 100 000 barils par jour, celui de Banga Kayo le mois dernier qui devrait atteindre 50 000 barils par jour en fin d’année ou en début d’année prochaine et de Nene Marine en fin 2017 (qui à terme atteindre 150 000 barils par jour), la production va croître de 25% pour se hisser à 350 000 barils par jour en 2018. Selon les analystes, les ressources issues de l’exploitation de ces champs devraient aider l’économie à émerger.
On anticipe par ailleurs une hausse des investissements dans la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité. Ces domaines souffraient notamment d’une insuffisance d’investissements depuis la chute des prix du pétrole qui a gravement affecté les recettes publiques. Celles-ci ont chuté de plus de moitié entre 2014 et 2016, selon la Banque mondiale, entraînant la perte de plus d’un millier d’emplois. D’après un rapport du FMI, cette situation a eu pour conséquence de porter la dette publique à environ 80% du PIB, souligne Reuters.
Cependant, de nombreux analystes et observateurs craignent que la nouvelle donne du secteur pétrolier ne profite pas pleinement à la population. Ceci, principalement en raison de la corruption. « Le démarrage de la production sur Moho Nord constituera incontestablement une bonne source de revenus. Cependant, la corruption grimpante et une lourde bureaucratie dysfonctionnelle pourraient hypothéquer l’objectif qui est de bâtir une économie émergente, malgré les richesses du sous-sol », a déclaré Maja Bovcon, analyste senior à Verisk Maplecroft.
Les autorités et leurs proches, en complicité avec les compagnies opérant dans le pays, sont fréquemment soupçonnés de détourner les recettes pétrolières. En mars 2015, une ONG suisse avait notamment accusé le fils du président, Denis-Christel Sassou Nguesso, de puiser dans les revenus pétroliers via une société basée à Génève, dénommée Philia. Comme l’explique une publication de RFI datée du 2 mars 2015, « cette structure permettrait au fils du président d’empocher une part importante des recettes revenant normalement au pays. Le bureau genevois servirait de simple intermédiaire entre l’Etat congolais et les grands opérateurs pétroliers. Un intermédiaire grassement payé. ».
Olivier de Souza
Agence Ecofin