Sans élévation ou affranchissement de soi, par delà le bien et le mal, les congolais médusés voient s’installer une classe politique qui agit à sa guise, et dont la duperie, le vol et la corruption s’érigent en mode de gestion du pouvoir.
C’est triste ! Eh oui, c’est encore triste de constater que le con-golais donne l’image d’un peuple qui ne sait pas où il va. Bien que le fossé se creuse de plus en plus entre le politique et la société mais plus grave encore la haine entre congolais reste aussi vivace, tenace accentuant ainsi le repli sur soi. L’intelligentsia politique congolaise a conditionné le peuple aux empoignades. A l’orée de chaque élection, le congolais est pris en Otage par son giron ethinico-régionaliste pour défendre même l’indéfendable au lieu d’une intro perspective sur son avenir.
Le spectacle affiché encore ce Lundi 6 et Mardi 7 Juillet 2015 par la communauté congolaise de France à Paris est affligeant et témoigne de l’instrumentalisation de ce peuple par les politiques. La question cruciale de mal gouvernance qui mériterait d’être placée au centre du débat laisse place à la démonstration de celui qui a les plus gros biceps. Comme dirait cet observateur sénégalais : « le congolais est intelligent mais il l’exprime par des moyens étonnants, comme la haine, la division et surtout une forte propension à s’entretuer pour des intérêts qui sont loin d’assurer son bien-être… », Ousmane KABORE, panafricaniste.
Il faut reconnaître que l’annonce d’un dialogue qui a inscrit dans l’ordre du jour « l’évolution des institutions » ravive les tensions latentes pour les propulser au sommet de l’iceberg de la mauvaise gouvernance. Cette annonce hasardeuse et pernicieuse a eu le mérite de plonger le Congo vers un avenir des plus incertains. Il est clair que les échecs à répétition des pseudos dialogues ne font qu’accentuer les tensions qui font que les congolais continuent à se fractionner, à se regarder en chiens de faïence. Pire, en ennemis irréconciliables et dans la lenteur, faute d’arguments pour une négociation hardie et responsable qui sont devenues l’arme politique font avaler aux Con-golais la couleuvre de la « Nouvelle République » qui ne sera que la consolidation de la gentrification des membres du clan d’Oyo avec des fonds publics. Ceux qui avancent l’idée de la « Nouvelle République », qu’ont-ils faits pendant 32 ans de pouvoir pour les jeunes, le système éducatif, la santé, l’emploi, la création des richesses, bref, le développement économique et social du Congo ?
La prise en otage des congolais se fait entre deux visions qui donnent l’impression de se soupeser à la recherche d’on ne sait quels points faibles respectifs vers lesquels se ferait l’échange réciproque et probable des coups fatals en préparation. Les uns en possessions de quelques jetons jetés ici et là et pensent défendre la « Nouvelle République » et les autres s’arguant de vouloir en découdre avec un dictateur en fin de règne. Les deux camps se sont donnés contre mauvaise fortune bon cœur en spectacle. Le spectacle est trop semblable à « du déjà vu » pour donner envie au peuple congolais de rejouer la même scène.
En effet, les entourages des chefs de la mouvance présidentielle (Denis Sassou Nguesso, Pierre Ngolo, Denis Christel Sassou) ont cru avoir pris le temps de bien préparer le dialogue mais n’ont vraisemblablement pas accordé assez de minutie à la préparation du peuple à l’acceptation de celui-ci. Ainsi Sassou s’est donné trois jours pour convaincre Hollande du bien fondé de sa patate chaude qu’il veut absolument faire avaler au peuple. Utilisant la même stratégie, c’est a dire bardé de pétrodollars et en ayant de longue date fait du lobbying auprès de la présidence française, de Nicolas Hulot et de certains chefs d’État africains en l’occurrence Yaya Boni du Bénin et Alpha Condé, président de la Guinée et vieille connaissance de Hollande qu’il a souvent fréquenté dans l’Internationale socialiste.
Serait-ce un coup de génie ou un coup d’épée dans l’eau ?
La réponse de François Hollande s’est faite en des termes diplomatiques : « … S’agissant des enjeux d’approfondissement de la démocratie en Afrique, le président français a indiqué son attachement à la préservation et à la consolidation des institutions. Il a rappelé son attachement aux principes de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Union africaine, qui supposent que les réformes constitutionnelles soient fondées sur un consensus. »
En d’autres termes, François Hollande met en garde Sassou Nguesso sur une réforme constitutionnelle. Le diable est dans le détail. Tout est donc dit.
L’autre partie (Opposition) crie a une tentative de coup d’état constitutionnel sournoisement préparée par Sassou pour rempiler en 2016. L’argumentaire du respect constitutionnel lui donnerait raison si l’on considère que durant 17 ans celui-ci n’a jamais fait remarquer un quelconque dysfonctionnement qui relèverait de la loi fondamentale. Pourquoi maintenant? L’observation de cet argument a fait déjà explosée sa propre majorité qui aujourd’hui ne serait plus qu’un groupement familial tel un navire sans capitaine.
Peuple congolais ! Ne vous en faites pas, Les uns et les autres ne défendent que leurs biftecks. Ils n’ont pas renoncé au dialogue et semblent même demander plus de dialogue. Seulement un dialogue qui sert leurs intérêts. Les uns étaient passés par la case France pour s’enquérir de la marche à suivre (Congrès de Poitiers). Aujourd’hui c’est au tour de celui qui n’est plus ou moins qu’un dictateur de venir donner sa conception du dialogue devant le maître d’école.
Ne soyons pas surpris que les prochains épisodes du dialogue inter-congolais ne tarderont pas à s’annoncer avec plus de choses édifiantes sur l’intelligentsia politicienne congolaise. Les prémisses d’un dialogue de sourds ou mieux un dîner des Cons sont là et font germer les préparations d’un affrontement comme il a déjà été expérimenté sur la place de Paris ce 6, 7 juillet 2015.
Et le peuple dans tout ça ? Qui s’occupe du niveau de décadence sanitaire, éducative, de la corruption, de l’incivisme, du favoritisme clanique, de la création des 40 000 emplois annuels promis aux Congolais ?
On ne serait pas plus écouté si l’on s’attelait à démontrer que nous sommes à la fin d’une époque, d’un système qui a eu comme mécanisme de conservation de pouvoir les antivaleurs démocratiques? A quoi serviraient les fatwas lancées entre congolais pour en découdre alors que l’on est tous dans un même navire qui s’achemine vers un iceberg ?
Les congolais qui ont encore à manifester une faiblesse d’esprit, doivent ouvrir les yeux et comprendre que la mouvance présidentielle de Denis Sassou Nguesso est un navire plongé dans un bouillon qui prend de l’eau de toute part et ne peut continuer à naviguer au-delà du mois d’aout 2016.
Impossible de ne pas prêter le flanc aux critiques venues du peuple, selon lesquelles le président congolais est prêt à brouiller l’harmonie et la solidarité qui existent entre les congolais pour sauver sa tête. Les Congolais ne sont plus dupes et cette fois ci, ils ne se feront pas avoir par Denis Sassou Nguesso qui est un « pompier pyromane ».
Il est impossible aussi de s’aliéner dans un projet baptisé « Nouvelle République » qui n’est plus ou moins que la continuité de l’œuvre très critiquable de SASSOU. Tel père, tel fils, l’adage tient bien là tout son sens lorsqu’on voit comment « KIKI le pétrolier » s’emploie à défendre cette idée saugrenue qui n’est que la continuité de la « République tribale » imposée aux congolais depuis le retour au pouvoir par les armes en octobre 1997 et sa persistance est la preuve par la négation et, disons-le, de l’échec des politiques publiques mises en œuvre. Une négation et un échec d’autant plus patents que Denis Christel Sassou Nguesso, Antoinette Sassou Nguesso, Claudia Sassou Nguesso, Jean jacques Bouya, Jean Dominique Okemba et bien d’autres parents du monarque en arrivent jusqu’à prendre des initiatives isolées en vue de suppléer le Gouvernement dans l’attribution des bourses d’études, l’organisation des soins médicaux (Hôpitaux mobiles) et une panoplie d’équipements médicaux sur la base des ressources financières dont l’origine reste à justifier, la gestion de l’urgence humanitaire, dons des ambulances, la formation informatique généralisée, entre autres. D’où provient donc cette richesse que ces compatriotes se plaisent à étaler cyniquement alors qu’ils ne sont que des fonctionnaires de l’Etat ou des directeurs d’entreprises nationales ?
Geste infamant plutôt que humaniste pour les professeurs de l’Université MARIEN NGOUABI, six cents ordinateurs leur ont été offerts par Denis Christel Sassou Nguesso traduisant également cette gestion patrimoniale de l’Etat.
Chaque année, les congolais incrédules observent le parrainage des municipalisations accélérées dans les départements par l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou Nguesso ? Les deniers qui les financent sont-ils familiaux ou publics ? Quel est son rôle dans l’action gouvernementale ? Constitutionnellement aucun si ce n’est l’illustration de la logique népotisme dans la gestion de l’Etat et l’exercice du pouvoir.
Que dire de plus de la dénomination familiale des établissements publics de santé tels que le nouvel hôpital général d’Oyo, dénommé Edith Lucie Bongo Ondimba et le Centre national de référence de la drépanocytose Maman Antoinette SASSOU–NGUESSO. La dénomination de la nouvelle université publique de Kintélé à Brazzaville au nom de Denis Sassou Nguesso alors que ce dernier n’est pas encore entré au « panthéon congolais ». Tous ces établissements sont entièrement financés sur fonds publics.
N’est-ce pas là pour le moins, une posture surprenante et nuisible à la réputation légendaire de l’homme des masses et des actions concrètes ?
Les congolais ne sont plus dupes, l’heure où les uns comme les autres pensent que l’heure est venue de se démarquer de cette duperie continûment prônée par les barons venus d’OYO. Seulement, les calculs de Sassou risquent de ne pas peser lourd face à l’accélération de l’histoire au sein de la population congolaise qui s’en débarque de plus en plus. Les sapeurs ont déserté les aéroports de Bourget ne laissant place cette fois-ci qu’à un ramassis de badauds venus lui dire ADIEU, même si SASSOU continue d’y voir que c’est toujours un BONJOUR.
Le jusqu’au-boutiste n’a pas toujours le dernier mot contre la réalité. Aux congolais de méditer cette citation : « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! ». « Il n’y a pas de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées. » dixit Thomas Sankara.
MELH MAYANGA