Le Congo tend-il vers un crime de masse ?
Ghys Fortune BEMBA DOMBE
Selon le politologue Rudolph Joseph Rummel, le crime de masse se caractérise aussi par les actions dans lesquelles l’Etat ou le gouvernement cause la mort d’un grand nombre de gens » démocide « . De cette perception, il n’y a qu’un pas avec la gestion scabreuse de la lutte contre la Covid-19 et les violences de toutes formes qui font des milliers des victimes au Congo de penser à un crime de masse.
Le nombre de cas et de décès de la covid-19 ne cessent d’augmenter au Congo-Brazzaville. Officiellement, plus de 1000 cas et 30 décès recensés à ce jour.
Depuis le mois de janvier le professeur Jean Bernard Nkoua Mbon et nous-mêmes avons tiré sur la sonnette d’alarme. Au mois d’avril pendant que ce pays enregistrait 10 cas, son gouvernement a pris la décision de confiner la population sans les mesures concrètes d’accompagnement.
Paradoxe, le gouvernement congolais a attendu que le virus circule avec virulence et atteigne plus de mille cas au mois de juin pour opter pour le déconfinement quasi-total du pays avec à la clé la réouverture des bars, lieux de cultes, la reprise des transports en commun, etc.
Cette attitude donne du tournis aux scientifiques et à plus d’une personne qui ont opté pour le silence, question d’éviter les représailles de la « democrature ». C’est bien de faire du « copier – coller » de la mère-patrie, mais c’est mieux de savoir qu’en Occident, le nombre de décès et de malades dûs à la Covid-19 a considérablement baissé. La présence des températures élevées en cette période estivale semble plus ou moins favoriser la résilience. Or, le Congo est actuellement en période de saison sèche caractérisée par de baisses de température.
Souvenons-nous que c’est durant l’hiver, une saison froide que le virus a ravagé l’Occident. Sans être pessimiste, il faut s’attendre à plus de cas durant cette saison sèche qui vient de commencer.
Selon nos informations, il y aurait plus de décès que le nombre officiel avancé par le gouvernement. Etant donné la réalisation de tests de dépistage en très petite quantité et en dents de scie. Une centaine par jour comparativement à dix mille quotidiennement au Gabon voisin. D’autres décès Covid-19 ne sont pas enregistrés notamment, des malades qui restent chez eux et ceux qui ne sont pas testés bien avant que le pire ne survienne.
Bon nombre de Congolais estiment que la Covid-19 dans leur pays n’est qu’une invention des gouvernants pour s’attirer des faveurs des partenaires et amasser des fonds. Grosse erreur! La maladie est là et fait plus de ravages qu’on peut l’imaginer.
*La gestion de la crise au Congo relève d’un amateurisme inexplicable.*
Comment pouvez-vous expliquer qu’un Etat pétrolier qui génère des milliards d’euro ne puisse avoir que 23 respirateurs et manque constamment des réactifs pour organiser des tests massifs pour près de cinq millions d’habitants à peine ? Le docteur Mfumu Fila par exemple vient de perdre la vie par le fait d’avoir été intubé tardivement. La ministre de la santé Jacqueline Lydia Mikolo ne semble pas avoir la maîtrise de la situation. Elle fait du surplace. A la fixer dans les yeux, on lit une déception, voire une certaine culpabilité. Pour son honneur, elle ferait mieux de démissionner, que d’être prise pour responsable par les générations futures qui observent tout ce qui se passe. Bien qu’au Congo, lorsqu’on a donné son accord de participer dans un gouvernement Sassou, s’y retirer est synonyme de trahison.
Oui! Le président Sassou qui cumule 37 ans de règne, vieilli, usé avec ces accompagnateurs d’opposants qui pensent qu’à la présidentielle de 2021, n’ont plus rien à proposer à leurs concitoyens. Aucune inspiration ne peut venir d’eux si non de la démagogie. Comment croire aux opposants qui veulent candidater à une élection qui se fera sur un recensement biaisé ? Comment croire à une élite qui ne lève pas le doigt devant l’écocide que connaît le Congo ?
Comment croire à une élite qui veut bloquer l’école au moment où les enfants se préparent à affronter les épreuves des examens de fin d’année ? Normalement, les ministres Lydia Mikolo, Gilbert Ondongo, coordonateur du Task Force du Congo et le Premier ministre Clément Mouamba doivent être poursuivis par la justice pour non-assistance à personne en danger. De même, Jean Jacques Bouya qui n’a pu construire un hôpital digne de ce nom pour soulager les malades, ni une route solide, moins encore livrer une fibre optique qui donne satisfaction aux Congolais devrait être interpellés. Ne pas sanctionner tous ces mousquetaires y compris les dignitaires qui terrorisent le peuple par différentes formes de violences et tribalisme alors qu’ils condamnent le racisme, revient à dire que Denis Sassou Nguesso et ses hommes par leur gestion scabreuse des affaires publiques tuent de nombreux congolais qui n’arrivent ni à se soigner ni à manger.
Enfin, concourir avec Sassou Nguesso en 2021 sans réunir toutes les conditions de transparence d’une élection, pour n’emprunter que les termes de l’extrémiste Tony Moudilou, c’est d’être » traître vis-à-vis des Congolais à défaut d’être son cheval de Troie ou complice de crime de masse. »
*Ghys Fortune BEMBA DOMBE
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