Le défi est lancé. Au peuple et à l'opposition de le relever

En écoutant le fameux message à la nation du président Sassou Nguesso et le cadre choisi, nous avions eu l’impression d’être dans un cabaret humoristique. Mais au fur et à mesure que ce dernier progressait dans ses divagations émaillées de menaces, nous avons compris la gravité de la situation. À l’image d’un colorant qui change progressivement de teint pendant une réaction chimique, nous avons ressenti nos sentiments virer de cette plaisanterie insipide vers une once de colère en passant par un brin de pitié et un dégoût viscéral pour les auteurs de ce scénario grotesque. Le monde doit rire d’un pays qui en plein 21 ème siècle se permet encore d’avoir à sa tête des hommes avec des idées aussi rétrogrades et aussi primitives.

Pourtant les rêves et les ambitions du cobra royal qui sont entre autre de s’éterniser au pouvoir par tous les moyens possibles relèvent d’un  secret de polichinelle. Sans vergogne, il a tout de même ôser franchir la ligne rouge fixée par le peuple. Rien d’étonnant, quand on sait que la mégalomanie et l’égocentrique liées à la témérité, ont été parmi les causes pour lesquelles Satan fut banni du paradis.En effet, “la peur pousse les hommes à n’importe quelle décision extrême.” dixit George Bernard Shaw.

Qu’à cela ne tienne…

Mais si d’une part nous pouvons comprendre  l’acte posé par Sassou Nguesso surtout dicté par  la lâcheté et  la peur d’affronter la justice qu’il a pourtant toujours clamé incarner, de s’expliquer sur toutes les dérives ayant marqués ses 32 années de règne sans partage, d’autre part nous sommes loin d’appréhender qu’il soit encore soutenu par une cohorte d’intellectuels vils et corrompus. Ces derniers  oublient qu’ils brilleront juste le temps de lui servir de tremplin pour arriver à ses fins et par ricochet, éviter de répondre des crimes économiques et politiques qu’il a perpétré. Dommage pour ces pseudo intellectuels traîtres pour lesquels aujourd’hui l’appât financier et les honneurs sont plus forts que l’esprit cartésien et républicain. Ils ont oublié les expériences malheureuses de ceux qui par le passé ont fait confiance et cru aux discours de cet homme expert dans l’art de la manipulation et de la démagogie. Voilà les vraies raisons qui entraînent notre Général à s’accrocher désespérément au pouvoir même au prix de son propre sang; et nous passons sous silence les souffrances, les larmes et le sang des Congolais, tous confondus. Tout est-il que le défi est lancé. Au peuple et à l’opposition de le relever.Nous avons pris le temps de lire et d’écouter les réactions à chaud de certains membres de l’opposition. Nous comprenons la colère et même le désarroi de certains. Cependant, nous pensons qu’avec des enjeux aussi importants, nous devons éviter de rentrer dans le cycle des émotions négatives. Essayons de nous inspirer de l’exemple de cet athlète pourtant favori, mais qui reste serein et conscient qu’il doit prendre modestement le temps d’un tour de chauffe préalable avant de rentrer dans l’aire de jeu.En effet, nous semblons être dans une course de fond ou le premier à démarrer n’est toujours pas le meilleur et encore moins le vainqueur. Autrement dit, annoncer le référendum ne signifie en aucun cas l’avoir organisé et encore moins l’avoir gagné. Si Sassou Nguesso a lancé le début des hostilités par l’annonce d’un référendum anticonstitutionnel sur la question du « oui ou du non » de son projet démagogique de  » l’évolution des institutions », ce qui était d’ailleurs prévisible,  l’opposition congolaise quant à elle devra continuer non seulement à battre campagne pour le « non » au référendum comme elle l’a fait jusque là, mais mieux, exiger dorénavant son départ.

Nous ne cesserons de comparer ce débat à une compétition de course de fond où aucun athlète, ni même le favori, ne peut être sacré vainqueur tant qu’il n’aura fourni un effort et participé à l’émulation. Autrement dit, l’opposition ne devra en aucun cas paniquer, mais en favori, elle devra plutôt prendre le temps de:

– premièrement s’ organiser afin d’être à même de mieux mobiliser les populations,et- deuxièmement être altruiste afin de mieux canaliser l’énergie du peuple vers un mouvement insurrectionnel irréversible.La ténacité,  l’opiniâtreté et le sang-froid des populations viendra de leurs facultés de saisir les messages des leader de l’opposition, qui devront user de leur art de communication et de leur expérience politique pour transformer ce peuple que Sassou et ses sbires assimilent à un troupeau de moutons de panurges, en un troupeau de buffles connus pourtant pacifiques, mais une fois enragés sont capables d’anéantir même les prédateurs les plus féroces.

C’est pourquoi, ils devront désormais sillonner l’ensemble des régions et grandes villes du Congo, en vu de rassembler, mobiliser, sensibiliser et expliquer les enjeux politiques de la lutte et des bienfaits qui en découleront pour les populations. 

Cette stratégie de l’opposition consistera à instruire les populations sans distinction d’obédiences religieuses, ethniques ou politiques, par des messages simples et clairs sur les raisons du refus du référendum. Loin d’être des appels de guerre, ces messages devront insister sans anesthésie aucune, sur toutes les manigances, la mal gouvernance et les échecs sur le plan tant politique, économiques et social de 32 ans de règne sans partage de Sassou et ses sbires. Il s’ agira aussi de faire comprendre au peuple et surtout à ceux qui par manque d’informations, de sens civique et républicain, et aux fanatiques aveugles, les risques qu’engendre la continuité de ce système mafieux sur leur avenir et celui de leurs enfants. Il s’ agira de leur faire comprendre qu’il y’a  des alternatives nouvelles pour une vie meilleure, dans l’unité comme socle de la paix, l’égalité de partage des richesses communes,  la liberté de s’exprimer sur leur choix,  le travail comme synonyme de bonnes perspectives pour les familles et le progrès qui caractérise l’émergence d’un état. La détermination et l’audace du peuple à transcender sa trouille face aux milices armées du pouvoir, proviendra aussi de cette capacité des responsables de l’opposition à mobiliser et à persuader le peuple que ,devant une personne au profil narcissique, ubuesque et non réformable qui présume que sans lui, le Congo ne pourra jamais connaître la paix, l’unité nationale et le développement, il ne lui reste plus qu’à user de son droit à la désobéissance civile pacifique dans toute l’étendue du territoire de la république du Congo . Nous sommes à un point de non retour où l’ultime et pacifique moyen, mais à la fois déterminant, permis d’ailleurs par la loi qui est de montrer notre mécontentement et notre volonté de changement, reste probablement la désobéissance civile. En outre, les miliciens privés de monsieur Denis Sassou Nguesso , même armés jusqu’aux, dents seront -ils à mesure de contrôler un territoire aussi grand que le Congo? ou mieux, pourront-ils contenir une marrée humaine déchaînée comme un tsunami?La réalité est qu’avec un bilan aussi désastreux,  Monsieur Sassou n’a plus rien à proposer ni aux Congolais, ni à la communauté internationale, sinon la division, la misère, des larmes et du sang. Conscient de cette situation, l’opposition devra sans relâche continuer à battre campagne et à combattre Sassou Nguesso jusqu’à la victoire finale. L’exemple de la victoire des noirs de l’Afrique du Sud sur l’apartheid a montré que la victoire ne revient toujours pas aux plus forts, mais le plus souvent aux plus endurants et à ceux qui n’abdiquent jamais, et défendent des causes justes. Le message doit être clair; monsieur Sassou et ses sbires devront comprendre que dorénavant, tout ne sera plus comme avant. « Lorsque la constitution est violée, les démocrates ne doivent pas l’accepter » dixit l’opposant Otchombé. Ainsi Sassou Nguesso et ses sbires se sont lancer dans un combat qui prendra le temps qu’il prendra, mais qui finira par la victoire du peuple…

Vu que la communauté internationale épouse la volonté du peuple Congolais de se libérer de la tyrannie, nous sommes en raison de croire que monsieur Sassou Nguesso par son message vient de signer un acte qui a scellé son sort et celui de ses sbires.

« Seule la lutte libère… »

Par  Patrick KIBANGOU