Premier Ministre Congolais , Clément MOUAMBA
Par Laurent DZABA
Il y a quatre décennies, les congolais disséminés à travers le monde, étaient fiers de ce petit pays « par la taille » tout beau et si riche au centre de l’Afrique, qui ne manquait pas d’audace et qui était toujours invité à la table des grandes nations
Deux décennies plus tard, à la suite de la conférence nationale présidée par Monseigneur Laurent Mosengwo Mpassiya, la République du Zaïre changeât d’appellation pour devenir République Démocratique du Congo. A cette époque, certains Congolais de Brazzaville furent révoltés simplement à l’idée de se faire appeler Congolais, au même titre que ceux d’en face.
Depuis, beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts, la République Démocratique du Congo (RDC) a connu des avancées majeures (liberté de presse, liberté individuelle…) et devrait bientôt connaitre dans la paix et en douceur, la première alternance démocratique de son histoire tandis qu’au Congo-Brazzaville, la démocratie avance à reculons et les libertés, contestées par la majorité des citoyens.
Aujourd’hui, le « Congo moké » qui était devenu « Congo monéné » autrement dit, le Congo souverain et ambitieux qui voulait partir à la conquête du monde est devenu l’ombre de lui-même. Ceux qui, il y’a 40 ans déclaraient la flamme à leur pays et vantaient ses mérites, sont devenus ses enfants les plus médiocres. Même le Professeur Pascal Lissouba qui caressait le doux rêve de transformer le Congo « petite suisse », a courbé l’échine devant les partisans du « ébonga, ébonga té, toujours meilleur ».
Avec le développement des réseaux sociaux, le Congo Bashing, qui tire son origine de la multiplication des scandales financiers impliquant les personnalités faisant partie des hautes sphères de l’état, des résultats électoraux contestés, des emprisonnements politiques et de la restriction des libertés, a eu raison du peu de crédibilité dont disposait encore notre pays à l’étranger.
Comme si cela ne suffisait pas, la disparition tragique d’une dizaine de nos compatriotes dans un commissariat dans la banlieue nord de Brazzaville 1 1 (Chacona), le paiement à compte-gouttes des salaires des fonctionnaires, les humiliations subies par les retraités qui sont devenus de véritables maltraités, les étudiantes et étudiants qui sont réduits à la mendicité et à la prostitution, les hôpitaux devenus des mouroirs, des établissements scolaires reconvertis en fumoirs pour « bébés noirs », une insécurité totale et grandissante dans les centres urbains, ont fini par lasser les plus optimistes des congolais.
Désormais, plus personne ne croit au miracle. Loin d’être l’organe qui pousse les congolais à se surpasser et à se motiver dans la tâche qui nous incombe tous, celle qui consiste à trouver des solutions qui permettront à notre pays de sortir de la longue léthargie dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années déjà, le gouvernement est devenu une véritable machine à broyer et sans aucun doute, la cause lointaine des accidents vasculaires cérébraux (AVC) en forte progression dans notre pays.
Du rêve, les congolais sont passés au cauchemar. Abreuvés depuis leur enfance par des slogans démagogiques, plus aucun congolais ne croit aux tours de magie que les gouvernements successifs nous ont habitués. De tous les slogans démagogiques pondus par les idéologues du parti au pouvoir depuis plus 30 ans à savoir : Une école un champs, vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain, « il faut tokanissa après pétrole », autosuffisance alimentaire d’ici à l’an 2000, la nouvelle espérance, le chemin d’avenir, Congo-Brazzaville pays émergent d’ici à l’an 2025, la marche vers le développement, le slogan « allons seulement » est certainement le seuls qui tient véritablement la route.
Allons seulement, l’expression la plus répandue dans les rues de Brazzaville, veut simplement dire, que nos gouvernants n’ont aucune priorité, aucune vision, donc ne gouvernent pas, quitte à aller droit dans le mur. Tandis que la grande majorité de la population s’enfonce dans le dénouement total, ce gouvernement sapeur-pompier, adepte du « allons seulement » et qui ne sert qu’à éteindre le feu allumé par les travailleurs en colère, essaie de distraire l’opinion publique par des mesures irresponsables.
Les opérations lancées par le Ministère de l’Intérieur les 26 et 27 septembre 2018 en sont une parfaite illustration.
En effet, pour soi-disant mettre fin à l’absentéisme dans le service public, la police a lancé une véritable chasse aux fonctionnaires absents de leurs postes, jusque dans les bars et restaurants, avec le slogan « bar ou bureau, il faut choisir ».
L’excès de zèle dont semble faire preuve le gouvernement dans ces actions honteuses qui n’ont pour simple objectif que de détourner l’attention des 2 2 citoyens, est tout simplement ridicule. Avant de lancer de telles opérations, le gouvernement devrait d’abord s’assurer que les salariés congolais travaillent dans de bonnes conditions.
Quand on sait que la fonction publique congolaise est pléthorique et que près du tiers des fonctionnaires n’ont ni bureaux, ni chaises, on se doit d’être humble. Aussi, parler d’absentéisme quand près de la moitié des effectifs de la force publique déambule à longueur de journée dans les rues des grandes villes ou encore apporte de l’aide aux épouses des officiers dans leurs tâches quotidiennes, est simplement aberrant. Personne n’ignore que le gouvernement a fermé les yeux, il y a encore 2 semaines, sur une vaste opération de promotion sur les boissons alcoolisées (3 bouteilles pour 1000 F CFA), sans pour autant indiquer que cela était dangereux pour la santé.
Qui sait si, à travers ces promotions, les fonctionnaires n’ont pas été tout simplement piégés par les autorités qui avaient la ferme intention de réaliser ce coup de filet. Si c’est le cas, ce sont les membres du gouvernement qui devraient être poursuivis pour incitation à la consommation de l’alcool. Aussi, en rendant public la liste des 56 fonctionnaires à travers un communiqué du conseil des ministres sans qu’aucune enquête ne soit menée et sans mesurer l’impact que cela pourrait avoir dans les relations que ces personnes entretiennent avec leurs collègues, mais aussi dans leur vie privée, le gouvernement se rend coupable d’atteinte à l’honneur et à dignité humaine, atteinte à la vie privée et dénonciation calomnieuse.
Le gouvernement doit arrêter avec ces pratiques d’un autre âge qui n’honorent ni le Premier Ministre, encore moins la police Congolaise. Il n’y a rien de plus motivant pour un salarié que de travailler au sein d’une administration dotée d’un environnement sain et harmonieux. Quand on est incapable de remplir ses propres obligations vis-à-vis des fonctionnaires, il est donc absurde de vouloir sanctionner ou humilier à la moindre occasion.
L’Etat congolais doit donc commencer par faire confiance et respecter ses employés s’il veut qu’ils se sentent utiles et indispensables au développement de notre pays. Il est aussi temps d’arrêter avec cette infantilisation des congolais car, avec une meilleure organisation du temps de travail, les salariés les plus productifs peuvent prendre leur pause déjeuné quand ils désirent.
Des études ont démontré que les salariés qui ont une grande autonomie dans l’organisation de leur travail, sont pleinement plus efficaces que ceux qui restent clouer à leurs chaises comme des momies. Tout est question de confiance, d’objectifs à atteindre et des efforts pour les réaliser. 3 3 Déclarer la guerre contre l’absentéisme au travail est une bonne chose, à condition que cela se fasse sur le lieu de travail des salariés. Harceler les fonctionnaires dans les restaurants et même les bars est une atteinte à la vie privée.
Cela nous rappelle la vieille époque des milices populaires qui traquaient les citoyens sans raison valable. Il est aussi important de rappeler au gouvernement qui se vente d’avoir déployé la fibre optique dans tous les recoins du pays que le progrès technique et les nouvelles technologies sécurisées, notamment le réseau haut débit, a transformé le monde de travail. Le télétravail qui tend à se rependre partout à travers le monde est une réponse à la faible mobilité géographique et aux effectifs pléthoriques de la fonction publique congolaise. Tous les gouvernants de l’ancien monde qui ne rêvent que de listes de présence seront jetés dans les poubelles de l’histoire.
Aujourd’hui, les congolais commencent à se rendre compte des actions obscures aux conséquences funestes de ce gouvernement qui n’arrive toujours pas à régler les problèmes cruciaux des citoyens. L’avenir du travail, à un horizon de 10 ans, se jouera sans nul doute, dans les mutations au niveau de l’organisation du travail, au sein des administrations et des entreprises soucieuses de gagner en performance. Cela passera forcement par une dépersonnalisation du travail et un nouveau type de management. A l’heure du tout virtuel, les nouvelles technologies ont un impact non négligeable sur notre façon de travailler.
Le management physique devient peu à peu un management virtuel. La balle est donc dans le camp du gouvernement qui devrait réfléchir sur d’autres formes d’organisation du travail comme le télétravail par exemple mais aussi sur une réforme du code de travail qui devrait accompagner ce chambardement social.
C’est aussi un challenge, un nouveau défi pour les nouvelles générations. Nous sommes le Congo Uni, plus jamais sans nous.
Patriotiquement !
Laurent DZABA
Laurent DZABA
Ingénieur Numérique, Innovation & Intelligence Artificielle
Diplômé en Economie Financière
Membre de l’Association française pour l’intelligence artificielle (AFIA)
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