Le jackpot des ministres et députés : une aberration congolaise ?

La question taraude dans toutes les têtes congolaises : comment justifier que les ministres et certains députés congolais soient payés plus qu’ils ne méritent ? Personne ne peut comprendre que le Congo vit à crédit et que la situation catastrophique maquillée sous l’embellie des grands travaux est une ruse politique. Le Congo continue inexorablement sa fuite en avant, faisant fi des recommandations, des propositions et du courroux des organismes internationaux.

A l’approche de 2016 et surtout en  ayant dans les starting-blocks le dialogue ou le référendum, une noblesse d’État tient les rênes du pays par un marchandage indécent sur le dos des congolais. Une « tribu » et un « clan » qui détiennent le pouvoir de dire et le pouvoir de faire tout en isolant la population congolaise dont ils ne comprennent plus les besoins et les attentes. L’essentiel, c’est d’être bien payés, indéboulonnables et jaloux de leurs privilèges tels des enfants gâtés de l’Etat.

Au sein de cette caste clanique et tribale domine une « aristocratie autoproclamée ministre » à vie  d’environ 1000 à 2000 personnes que l’on trouve à la présidence,  dans les ministères et à la tête des principales entreprises publiques qui font le mauvais et le bon temps au Congo. Ces personnes qui se prennent pour des élites du pays méprisent en réalité les congolais.

Pourtant le Congo serait en défaut de paiement si aucun redressement n’est pas opéré rapidement. Seulement, que constate-t-on ? Les ministres et députés, qui sont la cause de cette descente aux enfers, et qui sont le mieux au courant de ses finances, sont ceux que le sort du Congo intéresse le moins, puisqu´ils continuent à puiser sans vergogne dans ses caisses.
Comment comprendre que les députés votent pour l´affranchissement des finances de l´Assemblée Nationale des finances de l´Etat, et de voter pour eux-mêmes une augmentation salariale exorbitante. Malgré la souffrance palpable des congolais dont  l´appel à la raison n’est nullement entendu.

De ce fait, comment les ministres et députés peuvent-ils refuser le jackpot qui s’offrent à eux simplement en faisant le béni oui-oui ? Dites-moi quel ministre congolais ou député  accepterait-il de gagner 1 fois moins que le fonctionnaire congolais ? Dites, le président actuel accepterait de plafonner son salaire ? Que dire des multiples descentes privées à Oyo, converties en mission d’Etat aux frais du Trésor Public ? Combien dépense-t-on au détriment des congolais, en achetant des fleurs chaque année pour honorer le père, la mère, les frères et la fille décédés et enterrés à Edou ou à Oyo ?

Ces interrogations ne sont pas plus importantes pour le peuple congolais que l’organisation des dialogues à répétition ne servant qu’à engraisser les ministres et députés cupides. Pensez-vous qu’il aura encore beaucoup de prétendants à la carrière de politicien ?  Si oui nous aurions à ce moment-là des patriotes, travaillant pour le bien de la nation et non au profit de leur portefeuille.

A titre d´exemple, le président de l´Uruguay gagne six cent quatre-vingt Euros (680 €), le président Finlandais 8000 €, et François Hollande 12000 €. Mario Monti, premier ministre Italien a travaillé gratuitement, de même que Béji Caïd Essebsi !
Qui peut justifier aujourd’hui les salaires exorbitants des ministres et députés  Emmanuel YOKA,  Pierre OBA, Henri DJOMBO,  Denis Christel SASSOU NGUESSO,  Adelaïde MOUGANY, Guy parfait KOLELAS, Claudine MUNARI, Claudia SASSOU NGUESSO,  Richard MOUNDJO, Florent NTSIBA, , Jean Bruno ITOUA, Henri OSSEBI, Jean Jacques BOUYA, Georges MOYEN, Emile OUOSSO, Pierre MABIALA, dont à eux seuls cumulent entre 20 et 25 % de la masse salariale ?

On comprend parfaitement la déclaration du patrimoine de l’homme politique congolais est un vœu pieu que personne ne respecte.

Autrement comment comprendre qu’un ambassadeur, en l’occurrence M. Henri LOPEZ puisse toucher un salaire de 50000 euros soit  32.797.850 FCFA ? Christel DENIS SASSOU 75 187 euros soit 50.000 0000 de fr CFA ? Denis SASSOU NGUESSO puisse bénéficier d’un traitement illimité, j’aimerai bien que quelqu’un me dise c’est inscrit dans quelle constitution ? Ce constat qui ne date pas d’aujourd’hui est une aberration de bon nombre de pays africains en particulier le Congo-Brazzaville.

Serait-il illégitime de réclamer un referendum sur les salaires indécents des ministres et députés  congolais en lieu et place d’un referendum sur la constitution ?  Surtout, dans les circonstances actuelles, tant qu’on sait que le « smicard » congolais peine à joindre les deux bouts avec ses 80.000 f CFA, on pouvait attendre, de la part de nos ministres et députés, un effort bien plus significatif que le gel de leurs revenus.

De telles décisions ne seraient-ils pas de nature à redonner un peu de légitimité aux dirigeants politiques qui en perdent de plus en plus dans l’opinion, même si nombre d’entre eux ne le méritent pas. Et quelle force nouvelle cela leur conférerait vis-à-vis d’un monde économique qui leur a de plus en plus échappé ! Tant que le Congo persistera dans cette voie à rémunérer des ministres et députés qui sont loin de répondre aux besoins des populations, le Congo des privilèges et pot de vins sombrera le pays. De façon générale, les faits ci-dessus soulèvent avec acuité le problème de la moralisation de la vie publique et politique au Congo.

Comme l´humilité n’est pas un caractère de la plupart des hommes politiques congolais, faut s’attendre aux lendemains difficiles.

Dans ce contexte, il est facilement compréhensible que 90% des ministres et députés veulent le maintien de Denis Sassou Sassou Nguesso au pouvoir.  Si le Congo sombre dans les scandales financiers et la gabegie, c’est en raison du mauvais exemple donné par les hauts dirigeants. L’impuissance de SASSOU NGUESSO ne fait que renforcer l’ampleur du désastre. Le pourrissement auquel nous assistons est de la responsabilité de ces gouvernances médiocres et claniques. Ce n’est pas les ministres et les députés qui paient les congolais ouvriers mais ce sont bien les congolais  qui paient les ministres et députés. Un proverbe chinois dit « Le poisson pourrit toujours par la tête ! »

Ce n’est pas parce que Sassou distribue des sommes d’argent à tout va et a fait de la corruption et des antivaleurs une culture générale au Congo que le pays marche bien. Aucun Congolais ignore que le Congo-Brazzaville sous le règne de Denis Sassou Nguesso, est au firmament de la gabégie, de l’incompétence et de la médiocrité qui ont abouti à la consécration de la faillite de l’Etat.

Au Congo, la démocratie est morte, vive l’oligarchie !

Jean-Claude BERI
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