NDLR : Congo-Liberty depuis sa création se bat tout spécialement sur le terrain des malversations économiques et financières auxquelles se livre le gang mafieux et familial qui nous gouverne. Petit à petit, nous sommes devenus une source d’information fiable pour quiconque s’intéresse au Congo. Nous le constatons par le nombre grandissant de journalistes, de diplomates et de responsables d’ONG qui se sont abonnés à notre site.
Nous sommes très heureux, et nous l’encourageons fermement, de voir dans des journaux étrangers des articles inspirés de problèmes que nous avions soulevés. Ces alliances naturelles font que plus aucune action criminelle ne pourra être cachée à l’opinion publique internationale ou être à l’abri des règlements internationaux qui régissent certains secteurs d’activités comme l’exploitation pétrolière.
L’article, ci-dessous, du très sérieux Times de Londres soulève quelques questions dont nous avons les réponses. Elles ne tarderont pas à être publiées….
Comme le souligne l’article, ni AOGC, ni KONTINENT n’ont voulu apporter des commentaires. Ces pétroliers « congolais » ainsi que leurs partenaires pensent toujours être dans une impunité totale. Il est fort à parier qu’ils seront bientôt détrompés.
Toute histoire, bonne ou mauvaise, doit avoir une fin !
La Rédaction
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Les partenaires locaux sont la fange des contrats de TOTAL dans l’offshore
C’était le jour de la prise de la Bastille dans la République du Congo et Total eu un nouveau contrat à célébrer. Le géant pétrolier avait obtenu un renouvellement de 20 ans sur son permis d’exploitation de trois champs offshore qui avait déjà produit environ 400 millions de barils de pétrole brut sur une période de 30 ans.
Pour un observateur occasionnel, les formalités de ce Juillet ressemblaient à toute autre cérémonie de signature. Pourtant, les contrats qui ont été signés alors étaient différents. Cette fois, à la demande du gouvernement congolais, les entreprises privées locales ont reçu une part de l’affaire.
Total a été discret sur la propriété des entreprises privées dont les représentants ont signé sur la ligne pointillée dans un centre de conférence terne à Brazzaville. Cela peut être parce que l’une des sociétés a été liée au président de la compagnie pétrolière nationale, tandis que l’autre semble être conduit par un ami du fils du président.
La République du Congo, aussi appelée Congo-Brazzaville pour la distinguer de la République démocratique du Congo, son grand voisin, se classe parmi les pays les plus corrompus au monde, selon le classement annuel de Transparency International. Denis Sassou Nguesso, son chef depuis 1979, a mérité l’infamie internationale il y a plusieurs années lorsque son entourage a réglé une facture d’hôtel à New York pour plusieurs centaines de milliers de dollars en billets de banque. Le Président Sassou Nguesso a nié toute idée de corruption.
Colin Tinto, un militant de Global Witness, a déclaré: « Alors que les véritables propriétaires des entreprises qui profitent de pétrole, gaz et minerais du Congo restent troubles, le soupçon persistera que les fonctionnaires donnent des licences à leurs propres sociétés écrans. Inquiétant, de nouvelles lois donnent toute latitude aux fonctionnaires de décider quelles entreprises en bénéficieront. Le gouvernement congolais doit réformer ces lois et révéler à qui appartient vraiment ces entreprises ».
On sait peu des trois entreprises privées qui détiennent ensemble une participation de 25 pour cent dans trois champs pétroliers offshore de TOTAL qui produisent 20.000 barils par jour. L’une d’elles est Africa Oil and Gas Company, qui a été fondée par Denis Gokana, le président de la compagnie pétrolière nationale et un confident de M. Sassou Nguesso.
Le Times a rapporté en Avril comment AOGC était devenu un partenaire d’Eni, l’énorme producteur de pétrole dont 30 pour cent sont détenus par l’Etat italien. AOGC a été dénoncé comme une entreprise « fictive » contrôlée par M. Gokana dans un jugement de la Haute Cour en 2005 (à Londres). Eni est également le partenaire junior de la française Total dans les trois champs pétrolifères dont les contrats ont été renouvelés le 14 Juillet.
Une autre des trois entreprises locales à avoir pris des participations dans les gisements de pétrole est Kontinent Congo. Elle est la filiale locale de Kontinent LLC, une société créée aux États-Unis par Yaya Moussa, un Camerounais ancien dirigeant du Fonds monétaire international qui a forgé des relations avec le gouvernement de M. Sassou Nguesso pendant une affectation à Brazzaville.
Dr Moussa jouit toujours de relations cordiales avec le régime. Une station de télévision axée sur l’Afrique mis en place par le Dr Moussa a comporté un entretien d’une demi-heure avec « Son Excellence Monsieur Denis Sassou Nguesso » parmi ses premiers grands portraits quand il a commencé il y a un an.
Un porte-parole de Total a refusé de nommer les actionnaires ultimes de ses nouveaux partenaires, qui, selon elle, avait été choisi par le gouvernement congolais. Total a déclaré: «Conformément à ses politiques et pratiques, Total a entrepris des efforts – y compris la diligence raisonnable – d’évaluer la participation de ces entreprises dans les opérations futures relatives aux champs».
« Parmi les mesures prises étaient les efforts pour identifier les propriétaires finalement bénéfiques de chaque société congolaise. Grâce à ces efforts, Total a acquis l’assurance qu’il pourrait procéder à la relation telle qu’elle est structurée dans ces circonstances ».
Un porte-parole de Eni a déclaré: «Nous avons réalisé une due diligence anti-corruption sur les partenaires désignés par le gouvernement. Ces diligences n’a pas identifié des sujets de préoccupation à cet égard, en considérant également les aspects généraux de la transaction».
Un premier groupe de campagne anti-corruption a dit que les nouveaux renouvellements de contrats ont soulevé des questions au sujet de l’adhésion du Congo à l’Initiative de transparence des industries extractives, une norme de communication inspirée de Tony Blair pour les pays riches en ressources naturelles.
Ni Kontinent LLC ou AOGC ont répondu à une demande de commentaire.
Article de Marcus Leroux
Traduction Rigobert OSSEBI