Le prétendu plan de Pierre Oba dans les tribunaux

Le schéma des présumés spécialistes des séquestrations, tortures, enlèvements et tueries

Selon certaines indiscrétions, après les méga-meetings de l’Opposition réelle des 27 septembre et 17 octobre 2015 à Brazzaville et Pointe-Noire, les choses devenaient être de plus en plus chaudes et corsées aux yeux du pouvoir. Ainsi, le régime dictatorial de Mpila aurait envisagé d’emprisonner les Opposants dits «radicaux», dans le but de les empêcher de se présenter à l’élection présidentielle en 2016. En témoigne, le dernier Conseil des ministres tenu le 28 octobre 2015, qui parlait des poursuites judiciaires.

Il paraîtrait que c’est Pierre Oba, ministre de Mines et de la géologie, qui aurait donné l’idée au président Sassou-N’Guesso d’assigner à résidence certains leaders téméraires de cette Opposition, comme Guy-Brice Parfait Kolélas, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala. Le but étant à la fois de les empêcher de poursuivre l’organisation des meetings dans les autres localités du pays comme Dolisie, Nkayi, … et de les pousser à commettre le summum possible d’erreurs, afin de mettre la main sur eux, puis de les jeter dans les geôles. Ainsi emprisonnés, ils ne se présenteraient plus à l’élection présidentielle de juillet 2016.

Réagissant à la proposition du ministre Oba, le Commandant en chef des armées aurait bien agencé toutes ces idées, dans le sens du perfectionnement du « Plan Oba » pour qu’il n’échoue pas.

Par la suite, ledit Commandant aurait donné tous les éléments nécessaires au Secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), l’Amiral Jean Dominique Okemba (JDO). Ce dernier, par rapport à ses prérogatives, aurait recherché, recueilli et centralisé toutes les informations et données liées aux questions touchant à la sécurité intérieure et extérieure de l’État mais surtout à la marche de l’Opposition. C’est lui aussi qui aurait assuré la coordination des activités de collecte du renseignement de tous ordres, puis supervisé tous les services d’évaluation du renseignement dont il aurait orienté la gestion stratégique. De même, à la même période, JDO aurait proposé toutes mesures dans tous les secteurs de la vie nationale, en vue de l’amélioration du fonctionnement et de l’efficacité des différents services de sécurité et veillé à l’application des mesures prises dans ce cadre. Jean Dominique Okemba aurait, en outre, disposé, pour son action, du Centre de sécurité des télécommunications intérieures et extérieures. C’est ce dernier qui aurait instruit le blocus de l’internet à M. Akouala Administrateur général de Congo Télécom, par le truchement du colonel Atipo (directeur des affaires intérieures à la direction générale de la surveillance du territoire).

En sa qualité de numéro 2 du Conseil national de sécurité, il aurait évidemment, ou devrait informer plusieurs membres qui siègent au sein de cette structure qui dépend directement du Général d’Armées, Denis Sassou-N’Guesso. On peut citer, entre autres, les ministres Zéphirin Mboulou, Firmin Ayessa, Aimé Emmanuel Yoka, Jean Claude Gakosso sans oublier Gilbert Ondongo qui décaisse assez de moyens financiers pour mettre les troupes en branle et des engins lourds, tels que les hélicoptères, qui ont tiré à balles réelles et largué des bombes lacrymogènes dans les quartiers sud de Brazzaville (Djoué, Mfilou, Moutabala). Le Général Olessongo de Pointe-Noire ainsi que deux magistrats colonels du parquet (procureur de la République) auraient été mis aussi à contribution, par leur hiérarchie, pour violer les droits fondamentaux des citoyens. Point n’est besoin de rappeler que l’exécution de ce genre de plan n’a pas manqué d’être financée par le Trésor public.

Le régime dictatorial de Mpila envisagerait d’emprisonner les Opposants pour les écarter de la présidentielle 2016

Pour y parvenir, des manœuvres seraient déjà mises en branle pour passer à cette «phase-deux», entendu que la «phase-un» consistait à assigner certains Opposants à résidence, comme c’était le cas pour Okombi Salissa et Parfait Kolélas qui sont resté quadrillés pendant deux semaines ; tandis que les autres sont interdits de quitter le pays pour se rendre à l’étranger. Pourtant, le pouvoir en place sait pertinemment que l’assignation à résidence et l’interdiction de voyager sont contraires à la Constitution de 2002, qui garantissait la liberté à chaque citoyen ne faisant pas l’objet de condamnation d’aller et venir aussi bien à l’intérieur de son pays qu’à l’étranger.

Parmi ces manœuvres figurent la mise en accusation de tous les Opposants pour incitation à la sédition, à l’émeute et à la violence meurtrière pendant la campagne référendaire qui s’est tenue du 09 au 23 octobre 2015. Et, vu que parmi les Opposants se trouvent des députés et des sénateurs, le régime de Brazzaville préconiserait de faire tenir une session extraordinaire du Parlement réuni en congrès, aux fins de lever l’immunité parlementaire qui les couvre. Ainsi, ils seraient tous placés à la disposition du Procureur de la République. Et le reste suivrait comme sur des roulettes, à savoir : ouverture d’une information judiciaire, procès, puis condamnation à la peine d’emprisonnement.

Mais, qui a réellement usé de violence meurtrière entre le camp du Pouvoir (représenté par la police) et celui de l’Opposition (représenté par les manifestants du «Non» au référendum ?

Selon nos investigations, les 39 décédés et disparus enregistrés par l’Opposition au terme d’un bilan provisoire rendu public tout récemment, ont été victimes de violences et voies de fait, commises par les éléments en uniformes, armés par le pouvoir. Victimes, notamment, de tirs à balles réelles, du largage de gaz lacrymogènes aussi bien par les hélicoptères que par les troupes terrestres, d’étouffement dans les geôles non aérées des Commissariats centraux de police, etc. Quant à savoir qui a commencé à tirer à bout portant, la réponse est claire. Plusieurs témoins oculaires ont rapporté que ce sont les éléments de la police qui ont tiré les premiers sur la foule. D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de remarquer qu’il n’y a pas eu de morts du côté du camp présidentiel représenté par certains groupes de la Force publique. Les pertes en vies humaines n’ont été observées que parmi les militants de l’Opposition et les populations civiles sans défense, c’est-à-dire non armées. Puisque l’Opposition congolaise réelle clame toujours d’être une Opposition non armée. Ses seules armes étant ses arguments, sa parole et son action, dans le cadre de ce que lui permet la Constitution.

Et justement, c’est à ce titre et en se fondant sur la Constitution du 20 janvier 2002 que l’Opposition a fait appel au peuple congolais pour qu’il use de la désobéissance civile pacifique, à travers des marches pacifiques. Pour les leaders de l’Opposition, les manifestants accusés à tort de sédition n’ont fait que réagir à une action, c’est-à-dire à une provocation, pour ne pas dire à une dérive venant du pouvoir, qui a décidé non seulement de changer de Constitution alors qu’il n’en avait pas le droit, mais aussi d’empêcher le peuple d’effectuer sa marche pacifique, ou d’assister au meeting de l’Opposition.

Finalement, jugeons-en : qui a créé des problèmes là où il n’y en a pas ?

Il est clair, comme l’eau de source, que c’est sur le Pouvoir de Brazzaville que devrait être porté le doigt accusateur, en tant que auteur, commanditaire et responsable des scènes de violence qui ont endeuillé le Congo courant octobre 2015. Car, en organisant un coup d’Etat constitutionnel, il savait que l’Opposition n’allait pas se laisser faire, que le peuple épris de paix et de justice n’allait pas se croiser les bras. Toute action appelle une réaction!

Il est donc fort probable aussi que le peuple ne se laissera pas faire si le pouvoir, par le biais des adeptes de la manigance comme l’ancien ministre de l’Intérieur Pierre Oba, que plusieurs personnes ayant requis l’anonymat pointent du doigt comme étant le cerveau penseur de l’encerclement des opposants, ne courbe pas l’échine. Le pouvoir envisagerait actuellement de bâtir des stratégies machiavéliques ou des mauvais calculs, dans le dessein de s’offrir un boulevard débarrassé des Opposants ou poids lourds de la course à la magistrature suprême de juillet 2016. Car, «les mêmes causes produisent les mêmes effets», dit l’adage. Comment peut-on conseiller ce genre de pratiques à un chef d’État, quand on sait que la force publique est apolitique, donc instituée pour l’intérêt général. Nul ne doit l’utiliser à des fins personnelles. Qui ne sait pas que la liberté de la personne humaine est inviolable et que nul ne peut être arbitrairement accusé, arrêté ou détenu?

Tout prévenu n’est-il pas présumé innocent, jusqu’à ce que sa complicité ait été établie à la suite d’une procédure lui garantissant les droits de la défense? Tout acte de torture, tout traitement cruel, inhumain ou dégradant, n’est-il pas interdit ?

L’article 10 de l’ancienne Constitution ne dit-il pas que, tout citoyen, tout agent de l’État? Est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits humains et des libertés publiques?

L’ordre d’un supérieur ou d’une quelconque autorité ne saurait en aucun cas être invoqué pour justifier ces pratiques.

Tout individu, tout agent de l’État, toute autorité publique qui se rendrait coupable d’actes de tortures ou de traitements cruels inhumains, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, est puni conformément à la loi.

La Cour pénale internationale (CPI), qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, serait déjà dépositaire du schéma des spécialistes de séquestrations ci-contre. Affaire à suivre.

G.F. BEMBA DOMBE

Le schéma des spécialistes …