LE SACRIFICE DU POOL

000000000000000000000000000000scri-7775328Les événements qui ensanglantent le Pool ont pour origine la volonté de Sassou Nguesso de se maintenir au pouvoir par la force, au mépris des lois et de la volonté du peuple. Le référendum pour le changement de la constitution tenu le 25 octobre 2015 dans des conditions sauvages, notamment sans que le peuple n’ait connu le nouveau projet, a été rejeté par les populations des zones sud du pays, qui, du rond point dit du CCF jusqu’à Pointe Noire, avait refusé de se déplacer pour avaliser cette forfaiture.

Tout dirigeant sensé se serait inquiété face au risque de déchirement du tissu national suscité par cette tentative de passage en force, et aurait ouvert depuis là un dialogue franc pour la sauvegarde de la paix, de l’unité et du vivre ensemble suivant l’exemple des père fondateurs de notre République, YOULOU Fulbert, OPANGAULT Jacques et TCHITCHELE Stéphane.

Mais au contraire, lancé comme un train fou dans cette volonté de se maintenir coûte que coûte dans un pouvoir personnel et autoritaire quitte à laisser aux autres compatriotes le sentiment de ne compter pour rien dans cette République qu’il a tué, le Président sortant avait pleinement pris et assumé le risque de la scission, de la guerre voir même du génocide s’il fallait en passer par là pour que les ors de la République demeurassent à lui et à lui seul, jusqu’à ce que mort s’en suivent.
On ne peut donc pas, aujourd’hui que la crise est là, feindre d’en ignorer les causes ou en rejeter la responsabilité à d’autres que celui qui a décidé de passer par là pour régner sur un peuple divisé, sur des morts et avec un mandat usurpé. Telle est l’unique vérité historique.

Le Pool dont je suis fier de tirer mes profondes racines est connu pour ne pas avoir l’âme servile. Que certains de ses enfants refusent la soumission à la loi barbare du plus fort qui leur est imposée n’est que l’expression du droit naturel d’un peuple sur la terre de ses ancêtres à revendiquer que sa voix soit entendue. La guerre livrée contre eux pour obtenir leur soumission ou carrément leur disparition aux pieds de la volonté du plus fort est humainement, moralement et juridiquement inacceptable.
Le pays a besoin d’un dialogue paritaire et sans tabou, pour que soient entendues toutes les voix, légitimes, et non de la manipulation de quelques politiciens étiquetés du Pool, dont la fonction rémunérée est de servir de caution à tous les massacres des populations qu’ils prétendent représenter et pour qui le courage n’a jamais fait partie du vocabulaire sauf celui de frapper sur les plus faibles.

Ces personnages sont d’autant plus affligeants que les faits pour lesquels ils ont choisi un coupable n’ont fait l’objet d’aucune enquête. Car rien n’est clair. Je peux le dire parce qu’étant parmi les premières victimes des attaques des coupeurs de route attribuées aux « ninja nsilulu » sur la route Brazzaville-Pointe-Noire. C’était dans la nuit du 12 avril 2016, quand, rentrant de Pointe-Noire ou nous avions trouvé refuge, nous fumes attaqués, mes collaborateurs et moi ainsi que d’autres véhicules personnels, de voyageurs et de marchandises (9 au total), près de l’embranchement de Mayama. Environ 80 personnes pris par une douzaine de personnes armés. Nous fumes séquestrés quelques heures, dépouillés de nos biens et les véhicules furent incendiés sur place. C’est à pied qu’on nous avait laissé reprendre la route, femmes et enfants compris avant de trouver refuge 10 kilomètres plus loin dans une base-vie d’une société chinoise. Un jeune homme de moins de 30 ans pleurait toute la nuit pour avoir perdu son camion dans l’attaque, acheté 9 millions par lui même, le fruit de 10 ans de travail. un homme pensait à son grand frère « parisien » pour qui il gérait les deux pick up qui venaient d’être incendié, et qui comptaient sur ceux ci pour se réinstaller au pays.000000000000000000000000000000000scr-5330940

Réflexions dans cette anecdote: nous avions roulé ce soir là de Pointe-Noire à Loutété et avions rencontré un barrage de militaires lourdement armés tous les 20 km. Ils ne contrôlaient pas les identités (heureusement pour nous les politiques) mais fouillaient les véhicules à la recherche d’armes. Après Loutété, en entrant dans le Pool, il n’y avait plus aucun contrôle durant plus de 100 kilomètres quand nous sommes surpris par cette attaque. Comme si un périmètre avait été laissé… Au petit matin lors qu’arrive l’armée régulière pour s’enquérir de la situation auprès des rescapés sur le site chinois, il est plus de 8 heures après les faits, alors que leur base est seulement à Mindouli, 30 minutes de là: ils auraient du voir dans la nuit les flammes de véhicules brûler et entendre les canons des pneus explosant. 
Après avoir pris les informations auprès de victimes, les militaires décidèrent de se rendre sur le lieu des évènements. Je signale à un jeune soldat que les assaillants sont partis avec mon passeport et je lui promets de l’argent s’il me le ramène. Deux heures après, les militaires étaient de retour et j’avais mon passeport. Les prétendus ninjas étaient pourtant parti depuis plus de 10 heures!

Etaient-ils réellement des activistes ninja-nsilulu ou des milices à la solde du pouvoir ou de connivence? Rien n’est clair! Parole de quelqu’un qui les a vu, qui les a entendu parler, agir et qui sait par ailleurs ce qu’est un ninja. Il faut donc ne rien avoir dans la cervelle ou avoir tout vendu, prêt à signer n’importe quel déclaration, pour condamner des faits aussi flous et désigner des coupables idéaux. Cette réunion de soumis est un théâtre des dupes qui n’a pour nous comme seul intérêt que d’identifier à tout jamais les ennemis du Pool, capables de le tuer les yeux fermés.

Sassou Nguesso n’est pas légitime et il l’a fait par choix. Ce n’est pas le saccage du Pool qui lui rendra cette légitimité, pas plus que la reconnaissance internationale. Cela ne fonctionne pas ainsi, si ce n’est même le contraire.  Aux soit disant cadres du Pool qui viennent de se discréditer, sachez que vous portez la responsabilités de chacun de nos morts par vos appels à l’armée de « pacifier » la région, alors que la question est purement politique. Vous n’êtes pas des politiques, non vous auriez parlé à Sassou et à Ntumi et une solution, fut-elle provisoire, serait en cours, au lieu de privilégier la violence dans votre propre maison. 

Vous êtes irresponsables et maudits.

0000000000000000000000000000000hervemahicka-9251385Par : HERVE MAHICKA