Sassou Nguesso et Okombi Salissa
Par: Alfred NGOUBILI.
La rocambolesque machination autour du maintien en détention, sans le moindre faisceau de preuve, dans les geôles de la DGST, d’André Okombi Salissa continue. Cette séquestration de la « honte » qui s’apparente avant tout à une véritable opération d’épuration politique contredit les dire du Président de la République qui insistait sur la réelle volonté du pouvoir de dire le droit dans toutes les affaires politiques. Les congolais se souviennent encore de ce mardi 10 janvier 2017, quand André Okombi Salissa fut arrêté avant l’aube, entre 3 h et 4 heures du matin, par les agents de la Direction Générale de la Sécurité du Territoire (DGST), dans les quartiers nord de Brazzaville.
Ce jour-là, interrogée par la famille de l’ancien ministre, les responsables de la DGST ont tout d’abord nié le détenir alors que le commun des mortels savait que son chauffeur, qui se trouvait avec lui au moment de son interpellation, avait été conduit à l’hôpital par les agents de la DGST et hospitalisé suite à des hématomes occasionnés par la torture et les violences subies lors de son interpellation. Cette interpellation qui devait logiquement permettre à ses accusateurs de démontrer la détention illégale d’armes de guerre (atteinte à la sureté de l’état) a tourné en eau de boudin parce que les fameuses preuves concoctées par les officines dans leur fumeux projet se contredisent, et que ce cinéma de mauvais goût n’intéresse plus personne en dehors de ceux qui ont fait de la disparition politique et certainement physique d’André Okombi Salissa, leur raison de vivre.
Aujourd’hui, les congolais comprennent pourquoi André Okombi Salissa qui a toujours servi son pays avec loyauté s’est retrouvé en clandestinité. Le peuple congolais dans son ensemble a compris que AOS ne voulait pas se soustraire à la 2 justice mais se cachait parce qu’il craignait pour sa sécurité, après avoir reçu des menaces et vu ce qui s’était passé avec les autres opposants. Les faits lui donnent raison aujourd’hui. Aussi, cette justice amnésique qui a tout bonnement mis à la poubelle toutes les menaces subies par André Okombi Salissa, la mise à sac de ses villas et le mitraillage de son cortège dans les encablures de Lékana, doit être fière de l’engrenage implacable dans lequel elle a enfoncé le leader de la CADD. Une chose est sûre, les divergences politiques entre le Président Sassou Nguesso et André Okombi Salissa dégagent un puissant parfum de règlement de comptes politiques d’une part et illustre d’autre part la négation de la liberté d’expression dans un pays qui se proclame démocratique. Le fossé créé à la suite de ces contradictions politiques montre aussi le peu d’empathie que le Président la République a, vis-à-vis de ses collaborateurs, anciens et actuels. Que ceux qui s’époumonent, prennent des risques et sont prêts à faire d’énormes sacrifices pour maintenir à flot un pouvoir qui méprise tous ceux qui ne sont pas issus de la famille biologique du Président, en prennent de la graine. Affaire politique et non judiciaire Les contradictions entre le Président de la République Denis Sassou Nguesso et le leader de la CADD ne datent pas comme certains le pensent avec le limogeage de « Tout bouge » du gouvernement. Il convient d’affirmer qu’André Okombi Salissa avait, quand il était encore au gouvernement, tiré le signal d’alarme sur le drapeau noir qui flottait sur les finances publiques de notre chère république. Cela lui a d’ailleurs valu une levée de bois vert de la part de certains caciques du régime qui ne supportent pas la contradiction.
Avec le recul, tout le monde s’accorde à dire que si des décisions courageuses avaient été prises à l’époque, nous ne serions pas réduits à attendre les experts du FMI comme les rois mages. Le leader de la CADD avait aussi été parmi les premiers à avoir demandé au Président de ne pas changer la constitution parce qu’il savait que cette décision hasardeuse pouvait avoir des répercutions catastrophiques sur la vie de la nation. Que de vie perdue pour rien. Le constat de l’après changement de la constitution et de la réélection controversée du Président Sassou Nguesso est alarmant et se résume en un mot : Blocage. En dehors de ceux qui souhaitent profiter d’un hypothétique chao qui découlerait de la crise sociale pour réaliser un coup de force militaire, aucune personne parmi celles qui chantaient à tue-tête « Otchombé fanda na ébonga » ne se réjouit de la situation actuelle et n’aurait imaginé un seul instant, le mépris et la haine que le Président et ses 3 Ministres inspirent aux congolais aujourd’hui. Au vu de ce qui se passe actuellement dans notre pays, tous les observateurs nationaux et internationaux sont d’accord pour dire que le Président s’est engagé dans une voie sans issue et effectue un mandat de trop, alors qu’il aurait pu bénéficier d’une retraite dorée avec la bénédiction des congolais.
C’est pour cela que ceux qui veulent se servir d’un conflit politique (qui pouvait être réglé dans les instances d’un parti) comme arme de destruction politique, afin de réaliser leur dessein, devraient avoir honte. Il est clair que le manque d’arguments juridiques qui pousse les tenants du pouvoir à user d’arguties, voire de faire une lecture politique insensée, biaisée et abracadabrantesque, affaiblit encore plus notre justice tant décriée pour sa partialité et son manque de professionnalisme. Mais, seule la libération d’AOS permettra à tout le monde de sortir par le haut. Que ceux qui sont en charge de cette affaire se regardent dans le miroir et pensent à l’image qu’ils donnent d’eux même et de l’institution qu’ils pensent servir. Ces esprits chagrins formés à l’école des coups tordus et de la manipulation de l’opinion qui restent silencieux malgré le caractère vide du dossier, n’ont certainement pas dit leur dernier mot. Les défenseurs de l’enfant de Lékana de leur coté, ne baisseront pas non plus les bras, simplement parce qu’ils sont du coté de la vérité.
La rumeur sur les négociations entre Sassou Nguesso et André Okombi Salissa « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif » dit un adage africain. Faire croire à la terre entière qu’on assiste à la capitulation d’un brave, de celui qui garde la passion pour la vie politique, en échange d’un plat de lentilles, est une chimère. Il n’y a aucune fierté à quémander la liberté quand est sûr d’être innocent. Dans cette affaire bricolée de toutes pièces, la famille de André Okombi Salissa est bien la victime.
Aucun congolais, même profane en matière militaire ne peut comprendre qu’un homme seul, peut réaliser un coup d’état, avec un arsenal aussi rudimentaire que les armes rustiques présentées à la télévision, soi-disant après une perquisition, qui elle-même est illégale. Qui peut croire un seul instant que « Tout bouge » pourrait négocier sa mise en liberté et laisser sa femme dans une procédure pour atteinte à la sureté de l’état qui n’existe que dans la tête de ceux qui pensent qu’ils ont le droit de vie et de mort sur les congolais ? Comment réduire toute velléité de résistance d’un homme qui a consacré toute sa vie à la politique, à des négociations contre quelques broutilles ? 4 Il est entendu que : « si quelqu’un ne vous accorde aucune importance, s’il vous ignore, vous abandonne ou vous méprise, ne mendiez ni de l’attention, ni de l’amour, car vous n’obtiendrez jamais rien de réel ou de sincère.
La seule chose que nous obtenons, en mendiant, c’est nous manquer de respect, entraver notre épanouissement personnel et offrir à notre personne toute la douleur issue du manque de dignité ». Le Président Sassou Nguesso, qui tire dans l’ombre les ficelles d’un système judiciaire à l’agonie, devrait ordonner la libération de Monsieur André Okombi Salissa et décider de l’arrêt des poursuites contre sa femme, simplement parce que le dossier à l’origine de leur privation de liberté est vide. Les congolais ne comprennent toujours pas pourquoi le Président a autorisé la libération de 84 Ninjas et arrêté les poursuites contre leur chef Ntumi, eux qui ont commis des exactions contre les populations du Pool et endeuillés des centaines de famille de nos soldats ; et maintenir en détention André Okombi Salissa qui n’a rien fait d’illégal. Tous les raccourcis vulgaires et autres recours aux croyances dans les clichés anciens qui tentent de démontrer qu’il y’aurait un duel entre le Président Sassou Nguesso et André Okombi Salissa n’ont aucun sens et n’auront aucun effet. Les contradictions sont légion en politique et ne sauraient justifier une guerre larvée entre AOS et son ancien mentor politique. Aussi, ceux qui demeurent dans le monde ancien, celui des sales besognes et des expéditions punitives, et qui essayent de justifier leur fidélité et démontrer leur amour envers le chef de l’état, en usant de la force publique et des instruments de l’état, manquent de culture démocratique et seront sans nul doute, les prochaines victimes de ce système qui n’arrête pas de broyer ses enfants. Les congolais qui suivent depuis plus de trente ans, les coups d’état farfelus et autres fadaises auxquelles ils étaient bien obligés de croire de la part d’un pouvoirchorégraphe, n’ont pas envie de suivre leur dernier spectacle. Monsieur et Madame Okombi Salissa sont innocents et ne méritent pas cet acharnement de la part de ceux doivent une partie de leur salut au sacrifice de « Tout bouge » et des autres personnes qui peuplent nos cimetières. Trop c’est trop !
Alfred NGOUBILI.