Kwame Nkrumah
Par : Félix BANKOUNDA MPÉLÉ
On connaît le débat: les idéologies ne meurent jamais ! Ce, contrairement à la problématique revisitée principalement par Francis FUKUYAMA au début des années 90[1]. Et, c’est parfois au moment où on s’y attend le moins que celles-ci resurgissent. Tout de même, il faut que le contexte s’y prête, qu’il y ait une certaine adaptation et, surtout, que son recours ne soit pas creux, simplement opportuniste et circonstanciel, sinon, c’est presque peine perdue…
C’est l’ex-leader de la jeunesse au sein de l’ANC en Afrique du sud, Julius MALEMA, qui a depuis, en raison de certains conservatismes au sein du parti historique, créé son propre mouvement politique, le parti des Combattants pour la Liberté Économique (EFF), qui remet au goût du jour, l’éternelle et jamais évoluée question des États unis d’Afrique. Et, comme par hasard, au moment où la Première ministre Britannique, Theresa MAY, séjourne en Afrique du Sud pour sa tournée africaine.
Autrement dit, il y a fort à penser que moins que pour de réelles convictions, l’ex-enfant trouble de l’ANC le fait par opportunisme, et pour des raisons médiatiques. Une marque de fabrique de l’intéressé d’ailleurs, pour ceux qui le connaissent un peu.
Ne dément pas cette lecture dans la nouvelle sortie de celui dont la particularité était, chaque fois qu’il s’exprimait, de hérisser le poil de Winnie MANDELA, le fait que son discours est… creux, pour ne pas dire trop classique, voire déclassé: si on peut y lire les thèmes traditionnels et évidents, chaque fois ressassés, y compris aux enseignements en collège, du genre, une seule monnaie, un seul président, et des projets de développement communs, déjà largement systématisés par NKRUMAH lui-même dans son magistral « Africa must unite« , Julius MALEMA n’a pu résister au vieux et usé discours révolutionnaire de la lutte contre l’impérialisme, de la sortie du Commonwealth et de l’éviction du souverain britannique « à la tête de nos États ».
En d’autres termes, jeune physiquement, mais déjà octogénaire dans le discours et les stratégies, dans la manipulation, dans le sempiternel recours aux boucs émissaires. Car, s’il est une vérité qu’on ne peut plus nier, s’il est un fait établi que connaissent tous ceux qui observent bien les comportements politiques des dirigeants africains, c’est que LE PLUS GRAND OBSTACLE À LA CONSTRUCTION ET À LA RÉALISATION DU PANAFRICANISME AUJOURD’HUI EST PLUS LOCAL QU’EXTÉRIEUR.
Le recours compulsif et effréné à la souveraineté nationale, dont on sait qu’il est aux antipodes de l’État fédéral africain, et cela chaque fois qu’un enjeu de pouvoir se pose, convainc que les chefs d’État ont compris, depuis longtemps, que la meilleure façon de retarder l’avènement de celui-ci c’est d’en parler en permanence, tout en faisant quasiment le contraire dans la réalité, pour tacler les vrais panafricanistes.
Une stratégie autant observée pour la question, lancinante, que l’on ne pouvait plus éluder au début des années 90, de L’ÉTAT DE DROIT ET DE LA DÉMOCRATIE où, nous rappelle l’excellent journaliste et grand reporter Vincent HUGEUX, que « Les caïmans du marigot ont appris à manier le lexique du pluralisme, de la transparence et de la ‘bonne gouvernance’… pour mieux s’affranchir de ses effets » !
C’est ce numéro, mille fois vu et entendu, sans rien de nouveau, que nous offre ici Julius MALEMA, l’enfant terrible d’Afrique du Sud, à propos de son « GRAND PROJET DES ÉTATS-UNIS D’AFRIQUE ».
SACRÉS ET FUTÉS AFRICAINS !
Félix BANKOUNDA MPÉLÉ
[1]Francis FUKUYAMA, La fin de l’histoire et le dernier homme, Cham Essais, 2009. L’edition de base est de 1992. L’article originel de 1989.