Par : Idriss Linge (Agence Ecofin)
(Agence Ecofin) – Au 31 décembre 2017, le total des avances nettes accordées par Glencore, le géant suisse du trading des matières premières, à la Société Nationale des Pétroles du Congo était de 548 millions $, a appris l’Agence Ecofin de sources officielles. Pour le compte de l’année 2017 les avances nettes reçues ont été de 210 millions $.
Les détails qui entourent l’opération ne sont pas clairement fournis. Mais les premières avances signalées au profit de la SNPC remontent à 2015, année au terme de laquelle l’entité a reçu 218 millions $ d’avances nettes, dont 53 millions $ remboursables tout au long de l’année suivante. En 2016 Glencore a rajouté 118 millions $ nets dont 44 millions $ remboursables en 2017.
A ce stade, il est difficile de savoir ce que la société d’Etat congolaise a remboursé de ces différentes avances. Les remboursements de cette dette sont prévus sous la forme de cargaisons de barils de pétrole remises à Glencore, à un prix de baril qui n’est pas divulgué.
Ces avances ont débuté avec le déclin des prix du baril de pétrole sur le marché international. A la fin 2015, ces prix avaient chuté de 45%, partant de 99 $ le baril à seulement 45 $. On peut penser que Glencore avait anticipé cette situation puisque, dès 2014, le groupe prévoyait une réduction des prix en raison du repli de la demande chinoise.
Dans tous les cas, la baisse du prix du baril aura eu un double effet sur la capacité de remboursement des différentes avances. Des prix bas dans le contrat de partage de production entrainent une baisse des volumes destinés au partenaire Etat. Et du point de vue de la dette « argent contre pétrole », cette situation entraîne une augmentation des cargaisons à fournir, pour atteindre les montants avancés, si les prix n’avaient pas été convenus d’avance.
Lors d’une rencontre de hauts dirigeants des pays membres de la CEMAC, les responsables congolais ont reconnu cette situation, mais se sont désolidarisés des agissement de la SNPC qui serait allée au delà de son mandat. On a récemment assisté à des changements à la tête de l’institution, sans qu’on ne puisse affirmer ou infirmer, si cela est rapport avec le désormais « scandale SNPC ».
Il faut dire qu’à la dette de Glencore, s’ajoute des avances nettes consenties par des banques internationales. Elles étaient de 549 millions $ à la fin 2017, elles aussi remboursable en cargaison de pétrole. Dans ce cas précis, il n’est pas clair si ce montant est additionnel des avances précédement déclarées. Dans ce cas, l’encours total des avances nettes due aux banques internationales par la SNPC serait de 1,6 milliard $.
En juin 2017, le gouvernement congolais a repris cette dette et, aujourd’hui, a engagé une procédure de discussion avec Glencore pour obtenir un rééchelonnement. La longue bataille menée par le Tchad d’Idriss Deby, lui aussi débiteur de ces géants mondiaux est là pour rappeler que rien n’est gagné d’avance.
Plusieurs pays africains sont ainsi pris dans la nasse des géants du trading des matières premières, avec une forte pression concernant l’exécution de contrat parfois très contraignants. Dans le cas du Tchad, des personnes proches du processus des négociations ont parlé de clause léonines (introduction de droits disproportionnés).
Cette pratique est favorisée par un manque de transparence des Etats et entités qui les représentent. La réponse qui est souvent opposée aux protestations de la société civile est que ce sont des données sensibles. Mais au final lorsque survient des erreur, ce sont les populations qui voient des ressources publiques diminuées par le reboursement de cette dette.
Chez Glencore, tout cela ne semble pas être un gros problème. Le groupe a proposé de distribuer un dividende de 2,5 milliards $ à ses actionnaires, pour le compte de l’exercice 2017.
Idriss Linge