« Avant de négocier avec le loup, mets-lui une muselière » Vuleriu Butulescu /Aphorismes
Les sombres nuages qui s’amoncèlent inlassablement dans la gibecière dictatoriale sont de nature à sonner définitivement le glas de ce système odieux. Un système conçu pour assouvir la gloutonnerie du pouvoir d’un seul homme. Ou plutôt d’un homme désormais seul. A 72 ans, le boutefeu d’Oyo traverse la plus grave épreuve de sa carrière militaire et politique. Sur tous les plans, les choses vont à vau- l’eau. C’est le moins qu’on puisse dire. Ce qu’il a pu réussir avec maestria hier, n’est plus à sa portée. Le monde s’ écroule sous ses pieds. Le crépuscule n’est plus loin.
Le tyran d’Oyo, lecteur assidu de Machiavel(sic) a très vite compris qu’un des principes de son maître-penseur, selon lequel pour régner, « mieux vaut être craint qu’être aimé », n’a plus de prise sur le peuple congolais. L’homme est nu. Lui qui n’a aucun respect pour les institutions, ni pour sa propre personne, est désormais démythifié. En plus, il sait que ses compatriotes savent qu’ils ne lui ont accordé que 8% de suffrages le 20 mars 2016. Son amour propre est en lambeaux.
Sa dextérité méphistophélique qui lui servait autrefois de bouclier psychologique se fissure face à la détermination du peuple congolais, décidé de donner rectitude et lisibilité à son avenir. Dit autrement, il ne fait plus peur.
La lente agonie de l’Oyocratie s’observe à travers les nombreux regroupements, alliances, rassemblement où toujours les mêmes cadavres politiques se font appeler tantôt Pona Ekolo, tantôt M2NR et bientôt quoi encore ? C’est le destin de la médiocrité de ne savoir rien inventer, de recommencer éternellement à mettre le même contenu dans divers emballage pour tenter de tromper et de se tromper. La formation du gouvernement de bras cassés, dans lequel des pornographes notoires disputent la vedette à des individus qui n’ont pour simple mérite, que celui d’avoir tressé des lauriers au satrape d’Oyo, me laisse pantois.
Des négociations à fleurets mouchetés ne sont pas opportunes
C’est un truisme de le dire, l’accélération de l’effondrement de ce système à bout de souffle n’adviendra qu’avec un évènement décisif. L’histoire humaine est jalonnée d’exemples qui nous édifient sur les alliés circonstanciels d’un peuple. Laurent Désiré Kaliba et l’A.F.D.L ont eu raison du redoutable système Mobutu, la société civile burkinabè n’a donné aucune chance aux velléités monarchiques de Blaise Campaoré etc… Il serait aujourd’hui illusoire de penser que l’on donnerait le coup de grâce au régime le plus ignoble d’Afrique Centrale par les négociations, réclamées à tue –tête par Mathias DZON et par d’ autres « non partants » .
Il faut le rappeler s’il en est encore besoin qu’on ne négocie jamais avec une dictature, il faut la combattre et la renverser. Le faire, l’embellirait et la rendrait légitime. Sassou est celui à qui le Congo a tout donné. Ne l’oublions surtout pas, il a transformé le Congo, jadis pays de Cocagne en une authentique géhenne ; un véritable temple du tribalisme, du népotisme et de la médiocrité. L’un des pays pays au monde où le vice et les anti-valeurs sont portés sur les fonts baptismaux. Il ne fera jamais rien de bon qui irait dans le sens du mieux être des Congolais. S’il a délibérément perpétré des bombardements des populations civiles dans le Pool, pour s’adonner à son activité préférée « verser les larmes et le sang des autres », ce ne sont pas les négociations qui transformeraient le barbare qu’il est en enfant de chœur !
Comment peut-on être naïf , au point de croire qu’on pourrait faire entendre raison à un homme qui a imposé une Constitution qui consacre l’impunité en marchant sur les dizaines de cadavres des Congolais, et qui a eu l’outrecuidance de faire proclamer des résultats faux par une cour constitutionnelle illégale ? Ce n’est plus de la naïveté, c’est la mauvaise foi, doublée de calculs politiciens honteux. Non ! Sassou n’est pas digne de confiance, il a toujours cherché à doubler ses partenaires : NToumi, Kolelas père, Mbéri, Mvouba etc…, l’ont appris à leurs dépens. Un dialogue avec quelqu’un qui a une pierre à la place du cœur, n’est pas la panacée.
Comme nous le rappelle GENE Sharp dans son célèbre « De la dictature à la démocratie », la seule négociation qui vaille avec un dictateur, c’est celle qui concerne les conditions de son exil ou de son transfèrement au TPI. Point barre. Il n’y a plus une quelconque porte de sortie à négocier pour lui. Du referendum dans le sang à la défaite cinglante transformée en victoire, il les a toutes ratées.
La défiance, l’arme redoutable …
Face à un système fragilisé, et voué aux gémonies par la communauté internationale, point n’est besoin d’opter pour une rébellion qui implique un coût humain important, dévalorisant ipso facto le mérite du peuple par une espèce de victoire à la Pyrrhus.
Le peuple congolais qui a vu sa victoire volée par une horde de personnes sans foi ni loi, n’a pas perdu espoir. Il est vent debout. Il sait que la restauration démocratique est à sa portée, pour peu qu’il s’en donne les moyens. Le génie de notre peuple doit inventer les armes de la défiance multiforme de telle sorte que l’esprit de résistance prenne véritablement corps au sein de toutes les couches de la population.
Le refus catégorique de toute négociation doit être couplé à une désobéissance de masse de telle sorte que la répression, les actions d’intimidations et les enlèvements organisés par le pouvoir se heurtent à la détermination sans faille du peuple. A moyen terme, le système clanique est voué à l’affaiblissement, puis à l’effondrement.
La résistance interne autour des plateformes FROCAD-IDC doit être privilégiée. Cependant, une recomposition des forces politiques s’impose, tant les attitudes des certains leaders à l’issue du braquage électorale opéré par Sassou a laissé un goût amer. Toute la confiance que le peuple avait mise en eux, s’amenuise chaque jour comme peau de chagrin. Il va falloir une fois de plus imaginer un outil de cohésion susceptible de fédérer et de contrôler toutes les actions comme ce fut le cas de « la charte pour la victoire » pilotée avec doigté par Charles Zacharie BOWAO et par Guy Romain KINFOUISSIA, dans une moindre mesure.
Le général Jean Marie Michel MOKOKO, Okombi Salissa et Claudine MUNARI, seuls rescapés des campagnes géantes de corruption organisées par Sassou, ont désormais l’obligation de remobiliser les troupes, et mettre en relief les armes psychologiques, sociales , économiques et politiques de la défiance politique. C’est dans ce sens qu’une lettre leu avait été adressée par des compatriotes attentifs au sort de notre pays https://www.africanewshub.com/news/4873124-lettre-ouverte-aux-cinq-candidats-a-lelection-presidentielle-du-20-mars-2016-signataires-de-la-charte-de-la-victoire-29-fevrier-2016.
Dans ce combat sans merci contre la tyrannie, la diaspora congolaise ne boudera nullement le renfort décisif qu’il vient de recevoir : une plume acerbe et une parole qui porte loin, très loin. De fait, le célèbre écrivain –Professeur au Collège de France, Alain MABANCKOU, dont toute l’Afrique est fière, vient à point nommé au secours de son pays natal, en mêlant sa voix et sa plume aux « sans dents » et aux sans voix pour porter le coup fatal au système oppresseur de Brazzaville.
La nuit a trop duré, le jour doit se lever pour chasser le voile noir qui couvre notre pays et installer un souffle nouveau. Notre vaillant peuple, l’âme chevillée au corps, a pris une sérieuse option pour s’affranchir de cet avilissement ploutocratique qui maintient la chape de plomb. Engager des hypothétiques négociations comme le pensent certains, avec une dictature en pleine déconfiture, s’apparenterait, somme toute, à appliquer un cautère sur une jambe de bois. Nous le savions tous : de nos jours, seuls les peuples et non les urnes peuvent chasser les dictateurs. Si les urnes ont pu fissurer la citadelle oyocratique le 20 mars 2016, il n’en demeure pas moins que le peuple congolais, au passé glorieux, saura exhumer du tréfonds de ses entrailles, cette abnégation qui conjurera de façon définitive que son avenir aille de Charybde en Scylla.
Par: Djess dia Moungouansi