L’éducation atomisée par la dictature Sassouiste , elle se relèvera .

Par Jean-Claude BERI
L’éducation congolaise est-elle une dictature plus ou moins éclairée, dirigée par un système qui réforme selon leur conviction de balkanisation ethnique ? La politique scolaire est-elle influencée par les visions hégémoniques du président de la République, dont personne ne connaît le nom ? Oui, à bien des égards, et le phénomène se renforce.
L’Ecole de la République garantit à chacun, à chaque élève, un parcours identique sur l’ensemble du territoire national. Elle assure aussi la délivrance de diplômes nationaux, reconnus dans le cadre des conventions collectives, des statuts particuliers et des concours. Elle a par ailleurs vocation, dans la République une et indivisible, à être l’outil majeur, pour chaque individu, de promotion et d’une émancipation sociale par la transmission de l’instruction et le respect des valeurs communes : Unité, Travail, Progrès
Pourtant, alors que le fondement de notre égalité républicaine s’est constitué avec succès sur son Ecole, l’Education nationale est, depuis l’indépendance et le lien de l’unité, du savoir et du développement harmonieux d’une jeunesse en éveil permanent.
Depuis le retour sanglant au pouvoir de Mr Denis SASSOU NGUESSO, l’éducation botte en touche les principes fondateurs de celle-ci. On assiste aux politiques d’austérité, de préférence et de décentralisation abusive. Dès 2000, des consignes très claires ont été données afin de ralentir « le taux de croissance de l’instruction dans les zones jugées hostiles au pouvoir », avec des effets concrets : augmentation de la taille des classes afin d’y intégrer toujours plus d’élèves, diminution du nombre de sections et ce faisant moins de possibilités de formation aux élèves.
Là où le bât blesse le gouvernant congolais pense qu’ils ont en face d’eux, des imbéciles ou des gens atteintes d’Alzheimer. Dans un souci réel de rééquilibrage ethnique au sein du corps des médecins, le ministre François Ibovi avait résolu d’envoyer en formation à Cuba, des jeunes ressortissants d’une même ethnie. 256 jeunes congolais (premier phase) ont été formés en Médecine à CUBA. Seulement 86 de ces jeunes sont tous originaires de la Cuvette. Ces Médecins sont rentrés ce vendredi 11 septembre 2020 avec leurs diplômes. A en croire le ministre de l’Enseignement supérieur, Bruno Jean-Richard Itoua, (de l’époque) tous ces nouveaux médecins rentrés de Cuba bénéficieront de stage et seront tous intégrés à la fonction publique. Cela a-t-il changé quelque chose dans le fonctionnement du Corps médical congolais, ni dans le système de santé ?
La préférence excessive ne s’arrête pas là. Des infrastructures modernes et opérantes ont été construites à OYO permettant aux jeunes de la maternelle au lycée d’étudier dans conditions quasi-favorable. Cela a couté un peu plus de 77 milliards de 2000-2013. Combien d’écoles ont été juste réhabilité ailleurs ?
Territorialisation, rigueur budgétaire déséquilibrée, remise en cause de l’appareil de formation, tel est le cryptique dévastateur sur lequel se base l’ensemble des réformes de l’Education nationale, sous SASSOU ces dernières décennies.
La principale des conséquences est un changement profond de la nature même de ce que se veut être l’Ecole républicaine : se dessinent peu à peu les contours d’une Ecole territorialisée, avec des moyens disparates, un personnel tant fragilisé que dévalorisé, risquant d’avoir pour finalité la délivrance de diplômes locaux, répondant à une logique d’employabilité ethnique vue sur un bassin d’emplois précis.
Comme on le voit aujourd’hui, après 26 ans de règne sans partage 67 % de l’administration congolaise est occupée par des cadres d’un bassin précis. On voit très bien le rendement sur le terrain c’est la domination d’un prisme idéologique conquérant axé sur l’apparence et moins sur l’instruction ou la transmission du savoir. L’incompétence est devenue une qualité qui se transmets de père en fils à condition de montrer tes talents de voleurs, de fainéants et j’en passe.
A quoi a servi, toutes ces contre-réformes si l’éducation est sans cesse d’être attaquée, détricotée et les droits collectifs de l’ensemble des fonctionnaires et des agents publics sont continuellement affaiblis voire alignés par le bas : individualisation des parcours selon des critères non connus, du temps de travail et de la rémunération, mobilités calqués selon les secteurs géographiques bien définis…
A la fin SASSOU n’a produit qu’une génération aristocratie financière qui va mal qui est incapable d’enseigner, de produire de la matière à réfléchir. C’est une société devenue une gigantesque machine bourgeoise, à classer, soumettant ses sujets à un tri permanent, de la crèche à la maison de retraite. La conséquence est que l’intelligence est passée de luxe à nécessité du gain facile.
Le système SASSOU croit atomiser l’éducation congolaise en pensant le rendre à son service pour des siècles, il oublie que l’éducation est une mer sans large ni fin. Nous sommes tous d’accord sur au moins un point : l’éducation est notre meilleur outil pour améliorer le monde. Il est indispensable que l’éducation s’actualise et se tourne vers le monde de demain. Afin d’effectuer cette transformation, le premier pas à franchir consiste à observer ce qui se fait ailleurs, dans les autres systèmes éducatifs. Ayant pris connaissance d’expériences diverses, nous serons en mesure de partager les idées, les outils, mais aussi les erreurs et les échecs.
Les échecs de SASSOU sont des donnés qui sont à son actif, l’éducation congolaise se relèvera de ses cendres
Il est possible de transformer l’éducation ! Le vent du changement s’est levé et souffle sur l’éducation. Nous visons en quelque sorte le « printemps de l’éducation ». Nous voyons partout de petits bourgeons apparaître : des écoles, des réseaux d’écoles, des universités ou des ministères préparent le système éducatif de demain en pariant sur une éducation différente.
Au-delà de la responsabilité de SASSOU et son système, des moyens politiques et pédagogiques à mobiliser pour bâtir une école juste, équitable et formatrice de sujets vertueux, on interroge la responsabilité de ce que sera l’école de demain en tant que système éducatif tournée vers développement moral, culturel et économique du Congo, et dépourvue surtout des notions d’aliénation et le déracinement culturel , du tribalisme qu’il instruit aujourd’hui..
Jean-Claude BERI
http://www.dac-presse.com/8443-2/
http://www.dac-presse.com/lessentiel-bien-etre-congolais-faire-de-leducation-priorite/
Commentaires récents