La victoire de François Fillon à l’élection des primaires de la droite n’est pas forcément une bonne chose pour les dictatures africaines et particulièrement celle du Congo-Brazzaville qui sévit depuis plus de 32 ans. Le programme esquissé par François Fillon pour ses futures relations avec l’Afrique prône le statut quo. Ce qui reste dans la continuité d’une politique basée sur la domination d’une francafrique renouvelée ici par la remise sur orbite des axes coloniaux.
C’est dire qu’avec François Fillon, l’Afrique francophone se ferait encore servir le plat dont l’aide au développement sera conditionnée à un effort considérable de ces pays africains à accorder une place prépondérante à la francophonie et surtout à la sauvegarde des intérêts de la France. Comme l’a si bien déclaré Bernard Debré, Monsieur Afrique de François Fillon, « Les deux sont liés d’ailleurs, parce qu’on sait très bien que la Francophonie a perdu du terrain et quand la Francophonie perd du terrain les entreprises françaises perdent du terrain. »
Il faut savoir lire entre les lignes, c’est la prédominance de la sauvegarde des intérêts de la France qui sera privilégiée dans ces rapports à venir qui sont définis d’avance par : ni ingérence, ni indifférence. Comprenez par-là que les pays en proie à une dictature dont les dégâts dépassent largement ce qui pouvait être encore supportable pour le commun des mortels seront livrés à leur propre sort.
Il est important pour les africains en général et les congolais en particulier de prendre conscience qu’ils seraient plus qu’urgent de sortir de cette grande cécité politique de croire que François Fillon, avec le retour de certains caciques du sarkozisme, que la dictature Sassou Nguesso sera inquiétée.
En effet, François Fillon, c’est un Sarkozy sans Sarkozy, sans Gaulois et sans frites. Un homme clairement de droite, peut-être comme il le dit, pour la première fois depuis plus de trente ans, et capable, à la surprise générale, de galvaniser une droite qui semblait n’attendre que cela pour réimprimer à nouveau la prédominance de la Françafrique en Afrique, particulièrement dans les pays d’Afrique francophone.
Cette élection doit être inscrite par les combattants de la restauration de la démocratie et de la liberté congolaise dans le registre du changement dans la continuité.
La conception de François Fillon pour l’Afrique ne sera rien d’autre que la continuité de cette assertion de Jean-Paul Sartre qui décrivait ces rapports en termes d’exploiteurs et exploités : « Vous savez très bien que nous sommes des exploiteurs. Vous savez bien que nous avons pris l’or et les métaux puis le pétrole des « continents neufs » et que nous les avons ramenés dans des vielles métropoles. Non sans d’excellents résultats : des palais, des cathédrales, des capitales industrielles ; et puis quand la crise menaçait, les marchés coloniaux étaient là pour l’amortir ou la détourner. (1) ».
Que pouvons-nous donc attendre d’un François Fillon qui jure d’appliquer le retour d’une politique traditionnelle et mettant en avant ses rapports avec des vieux clichés d’une Afrique soumise et serviable à merci à l’ancien colonisateur. Lorsque je vois certains africains, surtout pour les congolais qui se réjouissent de la victoire de François Fillon cela m’hérisse les poils du corps. Ce n’est pas tant le déni des problèmes gravissime que connaisse l’Afrique qui m’effraie mais plutôt la capacité de ces politiques français à se moquer de l’Afrique avec autant de cynisme et d’égoïsme.
Ce même François Fillon qui déclarait lors sa tournée africaine effectuée du 28 au 30 novembre 2013 dont en voici quelques morceaux choisis : « La France est un pays en faillite. L’horreur de la traite négrière doit nous porter, nous Occidentaux, à une profonde modestie, mais aussi à la vigilance car les braises du racisme peuvent toujours se rallumer »… Le temps où l’occident prétendait dominer et éclairer le monde est terminé depuis longtemps. Personne n’a de leçons à donner à l’autre et chacun est utile à l’autre…. La France doit encourager les pays d’Afrique à créer une Communauté Africaine des Gisements Miniers et des Ressources Naturelles…. Il faut donc trouver ensemble de nouvelles façons de travailler en Afrique en poussant nos atouts : une langue commune, de la formation pour les Africains, de l’emploi sur place, une transparence dans les affaires, un processus durable de Co-Développement. »
Il n’est plus question d’une Afrique partenaire mais seulement d’une Afrique qui doit sortir la France de la faillite. Et pour ce faire, François Fillon peut compter sur ses affinités légendaires tissés depuis plusieurs années avec les dictateurs africains dont SASSOU NGUESSO. Comme on dit chez-nous chasser le naturel, il revient au galop.
Le Congo ne sera sauvé par les autres que si nous-mêmes congolais prenons le combat à bras-le-corps
Face à ce pouvoir brutal de Mr. 8% qui ne changera jamais d’un iota de lui-même, il ne reste plus qu’aux congolais le choix de résister, oui, résister et encore résister si on ne veut pas se faire écraser et se retrouver deux mètres sous terre comme beaucoup de nos frères et sœurs qui tombent tous les jours dans le POOL . Il est impératif d’être solidaire avec tous ceux qui luttent farouchement et surtout ceux qui s’inscrivent dans une stratégie globale de survie de tous les opprimés, pas seulement pour les leaders politiques qui refusent de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle de mars 2016. C’est une résistance et un combat reconnus par la vraie Constitution de la république.
Les congolais doivent faire siennes les propos de Thomas SANKARA qui déclarait je cite : « Qu’il ne faut pas s’apitoyer sur l’esclave qui ne cherche pas à s’affranchir de son maître ». Nous sommes emprisonner par plusieurs maîtres qui nous étouffent et nous interdissent de revendiquer notre propre justice, notre liberté, notre droit à vivre en paix. Ces maîtres ont un nom La France et SASSOU NGUESSO.
Il est évident que la lutte pacifique prônée par beaucoup n’est plus tenante dans les conditions qui nous sont imposées. Non seulement elle sera longue, dure, sanglante, meurtrière mais nous avons aussi la possibilité d’entrer en résistance à l’image de Pasteur Frédéric BINTSAMOU dit « NTUMI ».
Cette résistance sera le degré élevé de notre engagement à la lutte pour l’alternance au Congo et devrait inspirer tous les Congolais désireux de s’affranchir de ce pouvoir clanique et despotique.
La résistance contre la dictature de SASSOU NGUESSO doit entrer dans une nouvelle phase. Ce système sassouïste fera certainement recours à sa méthode favorite, qui caractérise son pouvoir, à savoir la terreur et la répression massive dans le sang et la corruption des esprits faibles. Cette méthode sera associée aux instruments juridiques à sa dévotion : la manipulation de nos proches. Ceux qui n’hésitent pas un seul instant à vendre leurs âmes au diable. L’objectif visé sera de briser et d’étouffer dans l’œuf le vent de la résistance qui s’organise. Si NTUMI tombe demain, le pouvoir de Brazzaville gagnera mais pour peu que la résistance s’organise finira par s’effondrer parce qu’il est illégal et impopulaire.
La résistance doit être totale et non seulement confinée dans le POOL. Cette résistance doit réactiver les forces vives intérieures par la mobilisation et la détermination des congolais, partis politique, société civile et individualités confondus.
En revanche, il ne faut rien attendre ni de l’élection de François Fillon, en gros de la France, ni encore moins des Etats Unis, deux pays qui ont soutenu malicieusement le pouvoir de Mr 8% tant que leurs intérêts ne seront pas menacés pour espérer une volte-face.
Autrement dit le Congo ne sera sauvé par les autres que si nous-mêmes congolais prenons le combat à bras-le corps. Ne dit-on pas : « Seule la lutte contre l’inhumain si nous acceptons de le combattre ensemble peut réconcilier celui qui croyait au ciel comme celui qui n’y croyait pas », Louis Aragon.
Il appartient aux congolais qui souffrent réellement de ce pouvoir barbare, qui le vivent le martyr au quotidien, à eux donc de résister en priorité pour se libérer et imposer l’alternance voulue par toute une population . Il n’y a plus d’autres issues possibles puisque tout a été déjà essayé : dialogue, élections, ….mais en vain.
Jean-Claude BERI