Les Congolais vont-ils réussir à déboulonner Sassou-Nguesso du pouvoir?

« Les congolais triompheront de cette dictature immonde! »

Après trente et un ans à la tête de l’État, le président du Congo Denis Sassou Nguesso se heurte à une importante fronde à Brazzaville sur le référendum organisé aujourd’hui pour lui permettre de se représenter.

A 71 ans, Denis Sassou-Nguesso cumule trente et une années à la tête du Congo, petit pays d’Afrique centrale de 4,4 millions d’habitants. Il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le référendum constitutionnel soumis aujourd’hui pour faire approuver une nouvelle Constitution doit permettre de faire sauter les deux verrous qui l’empêchent de briguer un troisième mandat en 2016 : la limite d’âge, fixée à 70 ans, et le nombre de mandats présidentiels, limité à deux.

Un « coup d’État constitutionnel » pour l’opposition et une partie de la société civile, qui voient la modernisation des institutions souhaitée par le chef de l’État comme un alibi. Président de 1979 à 1992, ce militaire de formation est revenu au pouvoir en 1997 au terme d’une guerre civile, avant de se faire élire en 2002 et 2009 lors d’élections contestées par l’opposition. Il se présente désormais comme le « garant de la paix » dans ce pays riche en pétrole, endossant volontiers le rôle de médiateur régional.

Visé par une enquête en France

Les observateurs craignent aujourd’hui des débordements, malgré les appels au calme. En un mois, plusieurs heurts ont eu lieu entre les manifestants antiréférendum et les forces de l’ordre, faisant au moins quatre morts. L’opposition pointe les « casseroles » de Sassou Nguesso et son désir d’obtenir « une immunité permanente jusqu’à la fin de sa vie ». Le chef de l’État congolais et sa famille sont notamment visés en France par une enquête pour « recel de détournement de fonds publics », concernant leur patrimoine immobilier dans l’Hexagone.

Les déclarations du président François Hollande, mercredi, sur le « droit » d’organiser un référendum au Congo-Brazzaville, ont fini d’irriter l’opposition. La présidence française a finalement rectifié le tir vendredi, « condamnant toute violence » et « soutenant la liberté d’expression » dans le pays, dans la veine du discours prononcé à Dakar en 2014, où François Hollande appelait au « respect des Constitutions ».

Camille Neveux – Le Journal du Dimanche