Les sages du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou tournent le dos au Niboland démantelé

angoi-ngalla-dominique-2763512Le Niboland, c’est, taillé sur trois de nos actuels départements, le Niari, la Bouenza et la Lékoumou, un pays imaginaire surgi du rêve politique de Pascal Lissouba. Ledit pays est multiethnique, multiculturel, synonyme, comme tel, de cohabitation orageuse de ses habitants. Or, entre les principales composantes sociales du Niboland, pendant un peu plus de vingt ans, presqu’une génération donc, ce fut, jusqu’en ce mois d’avril 2014, plus qu’une entente cordiale, l’unité fraternelle, dans la ferveur, autour de Pascal Lissouba, le fondateur du parti aux trois palmiers. Mais, voici que, le temps passant et l’espoir dans le retour du leader charismatique de jour en jour faiblissant, tandis que montait, dans leur cœur, une grande soif de consolations, un peu contre leur cœur et leur conscience, les orphelins écoutèrent la voix de la raison et se jetèrent dans les bras tendus du pouvoir. Le Niboland n’ayant plus rien à leur offrir que l’amer souvenir de la défaite et des sacrifices inutiles. L’adversaire politique de leur leader leur a fait la promesse de les en consoler. Sans hésitation, les sages sont accourus. Quelle réflexion alors tirer de l’aventure des sages du Niboland, la sagesse commandant de nous retenir de jeter la pierre à des militants à qui, faute de convictions au moment de l’engagement, l’échec a fait regretter leur premier choix? Pour des tas de raisons, la citoyenneté, peut-être pour longtemps, est le problème de l’Afrique politique. Si exigeante, l’Afrique n’en a pas encore intériorisé les valeurs. La citoyenneté est un ensemble de choses que commande de faire un statut juridique: elle est un idéal politique qui appelle une éthique (le choix réfléchi du bien), et une morale (la réalisation obligatoire du bien) qui implique un ensemble de qualités et de vertus. La vertu étant l’habitude du bien. Le changement de famille politique que, sans vergogne, il peut nous arriver d’opérer, révèle à l’évidence, chez ceux qui le font, un défaut de convictions qui nous enjoignent de rester impérativement fidèles à nos choix. L’apostasie des sages du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou signifie donc que, au Congo, sauf cas rare (le P.c.t), l’adhésion à un parti politique est une affaire non de conviction, mais d’émotion circonstancielle, sur fond d’ignorance et d’irréflexion. Si, comme je le crois, c’est dans de telles dispositions d’esprit que les sages du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou ont pris une décision, non pas certes mauvaise, mais hâtive, alors, ils ne seront pas les derniers à retourner leur veste, si nos convictions politiques continuent à s’évaporer à la première épreuve que nous imposent le ventre ou la peur qui sont, comme chacun sait, de mauvais conseillers.

Dominique Ngoie Ngalla