Laurent DZABA
Par : Laurent DZABA
Mesdames et Messieurs,
C’est avec émotion certes mais avec entrain, que nous nous adressons à vous afin de partager ensemble, un peu de nos visions sur l’avenir de notre pays.
L’humilité c’est l’état d’esprit qui nous anime au moment où nous écrivons cette lettre. C’est cette attitude de vérité à l’égard de Dieu, des autres et de nous-même, qui nous permet de prendre conscience de ce que nous sommes : des citoyens ordinaires ;
Le respect, c’est de la considération que nous avons vis à vis des textes en vigueur et des autorités de notre pays, mais aussi l’acceptation des différences fondamentales que nous avons dans la manière de diriger notre pays. Mais le respect, c’est aussi et surtout celui des engagements que nous allons prendre et sur lesquels nous aurons des comptes à rendre à notre peuple ;
La détermination, c’est enfin notre persévérance et notre ténacité à aller au bout de nos idées, c’est notre droit inexpugnable. La détermination, c’est le moteur de notre action, celui qui nous permet de résister à l’animalisation de l’ensemble du peuple congolais.
Ces valeurs sont plus que nécessaires pour notre pays qui est plongé depuis longtemps dans une crise économique et sociale car elles nous permettront de dessiner ensemble une trajectoire vertueuse pour un Congo libre et prospère.
Mesdames et Messieurs,
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance en août 1960, plusieurs évènements ont jalonné son histoire. Malheureusement, il est triste de constater qu’en 59 ans d’indépendance, notre pays a connu plus d’épisodes sombres que des périodes de joie et de prospérité.
Cela ne fait aucun doute dans la mémoire collective Congolaise que le Parti Congolais du Travail (PCT), une machine à mal faire qui porte les germes de la division et qui a eu le privilège de diriger notre pays pendant 45 ans, incarne les solutions qui ont échoués et clairement devenu un refuge pour toutes les personnes qui excellent dans la corruption et les antivaleurs. C’est donc ce parti qui porte l’entière responsabilité de la faillite totale de notre pays car il est le géniteur d’une nouvelle classe d’hommes et de femmes voraces qui se sont enrichis sur le dos du peuple. C’est aussi ce parti qui a brisé la motivation et les rêves de plusieurs générations de congolais par sa capacité de nuisance et son sadisme inné.
Aussi, le peuple congolais ne supporte plus qu’on lui prive de ce qu’il aime par-dessus tout : la LIBERTE. Malheureusement, la liberté prônée par le pouvoir actuel est avant tout celle du renard dans le poulailler ; une liberté qui permet au prédateur d’imposer sa domination.
L’heure est donc arrivée d’affirmer les yeux dans les yeux à cette horde qui dénigre le peuple et qui brille par une suffisance sans limite, que dorénavant plus rien ne sera comme avant.
Mesdames et Messieurs,
Depuis un certain temps, on voit apparaitre ici et là des pancartes favorables à la candidature M. Sassou Nguesso Denis à l’élection présidentielle de 2021. Quel mépris ! Il est temps de prescrire en urgence une cure de modestie à tous ces fanatiques zélés.
Quand on a affiché durant ses mandats successifs des convictions dérisoires et limitées aux gargouillements du ventre ; quand on a trahi et humilié son peuple et quand on a échoué dans tous les domaines aux missions qui vous ont été confiées, on ne peut prétendre incarner l’avenir.
En tout état de cause, le mandat dont certains se gargarisent aujourd’hui n’est pas le fruit d’une onction populaire, mais une récompense gracieuse offerte par l’état français au locataire du palais du peuple, suite à l’engagement militaire et l’implication financière de notre pays en République Centrafricaine, au Burundi, en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres pays. Comme qui dirait, notre pétrole est peut être la cause de nos malheurs.
Malgré d’importants moyens financiers mis en place depuis la conférence nationale souveraine pour assoir la démocratie, il est triste de constater que l’insuccès a toujours été au rendez-vous. En dépit des discours politiques officiels qui font l’éloge des progrès « virtuels » constatés, cette démocratie de façade, nourrie année après année par un habillage juridique grossier, n’a pas d’avenir dans notre pays.
Aussi, ces semblants de dialogue « tissés d’une apparente unanimité du silence autour des principes élémentaires de démocratie » qui se déroulent toujours à l’abri du regard du peuple, ne sont que des stratagèmes qui permettent aux politiques de partager les restes d’un état en faillite. Aucune élection, aucun dialogue, n’apportera dans les circonstances actuelles le bien-être et la prospérité au peuple. Aujourd’hui, le sentiment de confiscation de la démocratie est très profond dans la société congolaise. Il est aussi évident qu’avec la débâcle des partis politiques traditionnels, il nous faut plus qu’une recomposition du paysage politique. La réappropriation du pouvoir par le peuple devient une exigence dans une société comme la nôtre qui aspire à plus de liberté et d’égalité. Face à cette maladie incurable qu’est l’illusion démocratique qui consacre la domination d’une minorité sur la majorité ; face à l’imperméabilité des tenants du pouvoir aux revendications légitimes du peuple, il nous faut opposer le désir d’agir collectivement. L’histoire est imprévisible. Laissons de côté cet esprit de capitulation qui nous conduit par lâcheté à devenir des chantres d’une paix qui excluent les perceptions économiques, sociétales mais aussi psychologiques de notre peuple.
Mesdames et Messieurs,
Loin de nous l’idée de faire une analyse poussée des indicateurs macroéconomiques de notre pays. Néanmoins, une chose est sûre, notre pays s’affaisse de jour en jour. Pour rappel, la dette de notre pays qui culminait à 3000 milliards de F CFA le jour de la clôture de la conférence nationale souveraine c’est-à-dire le 10 juin 1991, qui a été annulée le 28 janvier 2010 après l’accession du Congo à l’initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE), est aujourd’hui, neuf (9) ans plus tard, à plus de 5000 milliards de F CFA. Ce n’est plus de l’incompétence, c’est de la désinvolture.
Dans aucun pays au monde, on ne saurait accepter et tolérer cette légèreté. Jamais, alors jamais, depuis la création de notre pays, la situation économique n’a été aussi catastrophique. Dans ces conditions, le pouvoir ne peut pas se contenter de demander aux citoyens d’attendre patiemment alors qu’il a été incapable de trouver une seule bonne idée depuis plus de 4o ans. Longtemps considéré comme un modèle dans la sous-région, le système éducatif Congolais s’est aujourd’hui effondré. Malheureusement, pour les décideurs tant que les enfants des beaux quartiers de Brazzaville et de Pointe-Noire restent éduqués dans de bonnes conditions, nul n’est besoin de dire que le mal existe.
L’effondrement du système éducatif qui se traduit par l’insuffisance notoire des moyens, le manque d’enseignants qualifiés, les effectifs pléthoriques dans les classes, les conditions de travail déplorables, les enseignants mal payés, mais aussi l’inadéquation entre la formation et l’emploi qui a pour conséquence l’accroissement considérable du nombre de jeunes diplômés sans emploi, finira par créer un apartheid social. Véritable indicateur du mépris du pouvoir envers les citoyens, le secteur de la santé est la grande oubliée de tous plans mis en place dans notre pays. Depuis plusieurs années, médecins et infirmiers ne cessent d’alerter 3 sur leurs conditions de travail qui se dégradent. A l’image des éléphants blancs construits dans tous les départements dans le cadre des municipalisations accélérées, les centres hospitaliers sont dans un état de décrépitude généralisée.
Appelés à sauver des vies, ces centres ne servent aujourd’hui qu’à accompagner les citoyens vers les cimetières. Trahie, sacrifiée et abandonnée à elle-même, la jeunesse Congolaise ne se fait aucune illusion sur un avenir autre que celui de chômeur et de précaire. Que de générations déboussolées, que de vies gâchées !
Il est temps que ce jeu de dupes savamment entretenu par nos gouvernants s’arrête. Triste pays qui est incapable de proposer un avenir à sa jeunesse ! A travers ces quelques exemples on voit très bien que la situation du Congo est chaotique sur tous les plans. Les Congolais sont épuisés par une profonde crise multidimensionnelle qui est loin d’être terminée. Il nous faut trouver des solutions pour redresser un pays miné par plusieurs décennies de mauvaise gestion.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le voyez, l’avenir du Congo nous impose d’ouvrir un débat républicain franc, sans tabou ni passion sur la consolidation de l’unité nationale et la gestion du Pays. « Congolais, debout ! Fièrement partout, proclamons l’union de notre Nation », tels sont les premiers mots du chœur de notre hymne nationale tendrement affectionnée. La consolidation de l’unité nationale découlera de la fierté retrouvée d’être Congolais, partout à travers le monde. Cette fierté ne sera possible que si elle est fondée sur la justice ; car seule la justice a le mérite de réconforter, d’apaiser et de guérir les blessures du cœur. Apporter la consolation à ceux qui ont été affligés est un devoir sacré pour consolider l’unité nationale et éviter des règlements de comptes injustes et non fondés. La justice c’est aussi procéder à un véritable recensement et un découpage électoral proportionnel et représentatif. La gestion du Pays a longtemps mis au banc de la vie les principes sains de l’égalité et du travail pour tous. Pour établir une égalité pour tous, n’est-il pas impératif de passer au crible le mode de gestion des contrats et marchés de l’état, du patrimoine de l’état et des grandes entreprises, cela par des audits sérieux ? L’égalité pourra être vue de façon immédiate et directe par le respect des cahiers de charges ; et de façon indirecte par la redistribution des revenus des contrats et marchés de l’état à travers la redynamisation du tissu économique national.
Cela aura pour conséquence à terme d’ouvrir le marché du travail sur les bases saines de la concurrence loyale. Un gouvernement démocratiquement élu, aussi volontariste qu’il soit, ne pourra à lui tout seul réparer le désastre moral, économique, financier, politique et social causé par une gouvernance aussi anti républicaine. A moins que cela ne soit son seul projet de société. Il devra alors, dans ce cas, ne même pas prétendre à une réélection parce qu’il ne sera focalisé que sur la réparation des brèches. Nous insistons sur le fait qu’une réparation aussi herculéenne devra exiger l’effort de tous, car tous avons besoin de faire ce sacrifice. Comme il est écrit dans les saintes écritures dans Matthieu 9 :17 « On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent ». Voyez donc dans quel état se trouve le pays aujourd’hui. Il y a un besoin impératif d’instituer une période de TRANSITION, sous la direction d’hommes et de femmes apolitiques nourris de la seule ambition de la réparation du pays qui leur a tant donné et qu’ils aiment tant. Elle sera pilotée par un pouvoir exécutif et d’un pouvoir législatif.
Le pouvoir exécutif sera chargé d’appliquer les recommandations de la CONCERTATION NATIONALE SOUVERAINE qui devrait se tenir avant la fin du mandat actuel de M. Sassou Nguesso Denis. Le pouvoir législatif sera l’organe d’orientation et de suivi. Ceux qui y feront partie ne pourront concourir aux échéances électorales qu’ils organiseront. Le rôle de la TRANSITION sera de rassembler toutes les forces vives du pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour faire l’autopsie du pays, trouver et appliquer les remèdes qui s’imposent afin de poser des bases solides pour une véritable unité nationale et une gestion rationnelle de toutes les ressources du pays. Outre ces aspects primordiaux, la période de TRANSITION devrait aussi permettre d’organiser une opération nationale de ramassage d’armes de guerre, de réorganiser la justice et de reformer notre force publique afin qu’elle devienne réellement et définitivement républicaine.
Après cette TRANSITION, chacun pourra alors, sur la base de son projet de société, présenter au peuple les ambitions qu’il nourrit pour le décollage économique du pays. Le pouvoir reviendra alors au peuple de choisir qui il voudra. Aller directement aux élections de 2021 sur la base des données électorales actuelles et dans l’état désastreux actuel nous semble une erreur monumentale et une volonté de continuer à noyer le pays dans le sable mouvant du désastre et du désespoir. Ceux qui y participeraient auront alors fait le malheureux choix de l’intérêt individuel au dépend de l’intérêt collectif du peuple souverain, détenteur de la souveraineté. Une élection présidentielle en 2021 prolongera inutilement le processus de la restauration de notre pays qui INELUCTABLEMENT devra avoir lieu. Le peuple congolais est mature. Nous ne sommes ni des factieux, encore moins des insurrectionnels.
Cependant, l’avenir de M. Sassou Nguesso Denis est un sujet qui devrait intéresser tous les Congolais vu l’impact qu’il peut avoir dans la consolidation de l’unité nationale et la gestion du Pays. Quelles que soient les positions déjà arrêtées dans certaines officines politiques Congolaises et étrangères, seul le peuple Congolais est en mesure de décider souverainement. Et disons-le clairement, tout dépendra aussi de son attitude et de son engagement durant le processus qui nous mènera à la TRANSITION.
Mesdames et Messieurs,
C’est par devoir citoyen que nous devons tous accepter de mener ce combat. Nous devons être forts face aux turbulences qui s’annoncent. Ne cherchons donc pas de sauveurs car ensemble nous sommes capables de réaliser ce rêve, celui d’inventer le Congo de demain. Dans le passé, nous avons fait confiance à des femmes et des hommes qui n’ont pas respecté les promesses et les engagements pris. Une chose est vraie, il nous a toujours manqué de méthodes et de stratégies.
Aujourd’hui, rien ne sera possible pour personne si nous ne portons pas nous-mêmes, notre propre imaginaire social. C’est pour cette raison que nous avons créé le MOUVEMENT PANAFRICAIN et CITOYEN « Bougeons Nous » qui n’est pas un parti politique mais une identité, celle des patriotes qui plaident pour l’instauration au Congo d’une démocratie citoyenne et qui ont l’ambition de réconcilier et d’unir un pays miné par les divisions et les conflits à répétition.
Aussi, au lendemain de la publication de cette lettre, nous allons engager des rencontres citoyennes avec toutes les forces vives de la nation (partis politiques, confessions religieuses, associations, syndicats ….), tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, afin de recueillir les contributions qui nous permettront de rédiger un PLAIDOYER pour une TRANSITION DEMOCRATIQUE au Congo-Brazzaville, qui sera remis officiellement aux instances nationales et internationales.
Nous avons besoin de votre soutien. Vous pouvez compter sur notre engagement car nous n’avons pas d’ambitions personnelles. Nous ne sommes candidats à rien. Comme l’affirmait Thomas Edison l’inventeur de l’ampoule à vis : « notre plus grande faiblesse est de céder au découragement. La façon la plus sûre de réussir est toujours d’essayer encore une fois. » Notre seul combat et ultime rêve c’est de redonner à chacun toute sa dignité et de contribuer au bien-être de l’ensemble de notre peuple. Ensemble, pour un Congo libre et prospère. Plus jamais sans nous. Que Dieu bénisse le Congo.
Laurent DZABA
Ingénieur Numérique, Innovation & Intelligence Artificielle
Diplômé en Economie Financière