Par : Jean-Claude BERI
« Ayant déjà positionné ses éléments de manipulation politique sur le terrain dans le pool et placer ses déchets politiques en guise d’accompagnateurs pour 2021, sassou libère Paulin MAKAYA pour mieux le cerner et étouffer dans l’œuf toute tentative de réveil populaire. Cela reste une libération « sous surveillance rapprochée » car SASSOU ne lâche jamais sa proie tant qu’elle peut nuire. »
La libération de Paulin MAKAYA est une excellente nouvelle pour tous les démocrates congolais qui aspire à la paix et l’alternance démocratique. Il est indécent politiquement que le pouvoir continue de maintenir en prison des citoyens qui n’ont commis comme seule faute le désir de voir le Congo sortir de l’obscurantisme clanique. Les premiers mots de Paulin MAKAYA ont été pour ses frères encore emprisonnés dont il réclame le même traitement, c’est-à-dire la libération.
Au-delà de cette libération, l’opposition devrait saisir l’occasion de s’organiser pour pallier à l’instabilité politique qui se prépare pour 2021. Pour ceux qui connaissent bien le fou de Mpila, ils conviendront avec moi que de cette libération cache bien beaucoup d’autre chose qu’un simple respect de la loi. Notre première interrogation est pourquoi Paulin MAKAYA et pas Jean-Marie Michel MOKOKO, OKOMBI SALLISSA, Jean-NGOUABI et d’autres leaders de l’opposition injustement incarcérés ?
2021 approche à grand pas et SASSOU est déjà dans les starting block. La cooptation politique de TSATY MABIALA et de GUY BRICE PARFAIT KOLELAS dans la manœuvre de pérennisation de Sassou en 2021 était bien pensée par les officines de MPILA qui ont pensé dynamiter ainsi les bases des plus grands pourvoyeurs de voix au Congo. Même si la mayonnaise tarde à monter, tous les autres ingrédients sont déjà en place pour rejouer les scénarios catastrophe déjà connu par le passé. Je précise bien scénario pas prédiction.
Petit à petit les puzzles sont en train de se mettre en place pour accomplir le scénario. La libération de NTUMI dernièrement, l’une des pièces maitrise de cette pièce macabre qui est en train de se préparer sous nos yeux, abat déjà ses cartes dans le pool pour d’éventuelles troubles au service de son éternel commanditaire.
Ayant déjà positionné ses éléments de manipulation politique sur le terrain dans le pool et placer ses déchets politiques en guise d’accompagnateurs pour 2021, sassou libère Paulin MAKAYA pour mieux le cerner et étouffer dans l’œuf toute tentative de réveil populaire. Cela reste une libération « sous surveillance rapprochée » car SASSOU ne lâche jamais sa proie tant qu’elle peut encore nuire.
Les exemples les plus troublants du machiavélisme de sassou sont encore présents dans nos mémoires pour donner ne fusse qu’un soupçon de crédit aux diatribes mensongers de sassou.
L’opposition doit se préparer en conséquence…
Nous ne dévoilons pas nos cartes avant que l’hypothèse d’une rencontre de l’opposition avec Paulin MAKAYA ne soit actée pour ne mettre en difficulté personne. Nous sommes prêts à contribuer mais nous voulons surtout garder ce qui a fait le très grand succès de cette opposition : sa popularité et l’unité au-delà de ses egos. Nous pouvons avancer sans peur de se tromper que les formes de radicalisation mettant en difficulté la population peuvent se retourner contre l’opposition.
Il est temps que cette opposition trouve un accord pour sceller un vrai partenariat de combat contre cette nébuleuse dictature. Cela passe par la clarification de la position de NTUMI dans le cercle de l’opposition. Par la définition d’une feuille de route de rigueur cohérente et qui engage chacun des leaders hors ou en prison. Il est à noter que nous ne ferons pas ici l’étalage de nos propositions seulement elles seront au service du peuple pour la juste cause
En dernier, le choix d’une transition, sans sassou s’impose de façon irrémédiable. Trop de dossiers sensibles impactant toutes les institutions de gouvernance du pays ont été fourvoyées par des esprits malsains doués d’une capacité qui excelle dans le vol, la corruption et la destruction du tissu social .
« Le changement se construit, il ne se décrète pas. »
Face à l’impasse politique dans laquelle est plongée le Congo-Brazzaville depuis l’instauration du système de diktat politique mis en place par le pouvoir clanique, de plus en plus de Congolais songent à d’autres solutions que celles utilisées aujourd’hui par les acteurs inter-congolais.
Le refus catégorique du clan, par l’intermédiaire du parti satellite au pouvoir (PCT) de renégocier les cadres électoraux injustes, impopulaires, sectaires , antisociaux et antidémocratiques soutenus par le pouvoir conduit la classe politique congolaise dans une voie sans issue.
C’est ce que dénonce aujourd’hui la plus part des observateurs internationaux qui accordent aujourd’hui un intérêt particulier à la cause des démocrates congolais. Le constat de ces derniers est plus qu’alarmant et ne présage rien de bon face l’entêtement aveugle des leaders claniques qui s’organisent mutuellement pour s’ériger les pleins pouvoir dans un pays où le peuple ne demande rien d’autre que de vivre dans une paix démocratique tournée vers une alternance pacifique.
L’horizon économique du Congo-Brazzaville s’assombrit de plus en plus et le déterrement de la hache de la guerre n’est plus une vision utopique. Les membres du clan au pouvoir qui multiplient d’un côté les opérations de séduction envers le peuple et de l’autre les intimidations pour semer ou faire resurgir le spectre de la guerre civile usent de tout pour sécuriser un pouvoir qui s’effrite. Le tout en projetant tantôt l’isolement des membres claniques les plus influents et qui ne seraient pas du goût des fils et parents de SASSOU, tantôt en projetant même la mort de ces derniers. L’argent, le fétichisme et la mort deviennent au sein du clan les armes privilégiées pour conserver le pouvoir. Certains diront que c’est tant mieux les vampires s’entredéchirent entre eux. N’empêche que ça reste des congolais qui méritent autant de dignité et de respect. Seule la loi de la justice impartiale peut juger où condamner un congolais. Mais le massacre de CHACONA nous a révélé une autre triste réalité. Ils tuent tout congolais sans distinction.
De l’autre, nous avons une opposition, qui se découvre, comme sortie d’une lente amnésie, infectée, infiltrée, inféodée, instable, inorganisée mais surtout qui se laisse engluée par la frénésie de l’appât du gain facile au détriment de la défense des idéaux patriotiques. La raison est simple, la grande partie de ces leaders politiques dite d’opposition n’ont plus rien à prouver ni à défendre. Leur moyenne d’âge gravite entre 60 et 70 ans, voire plus. Beaucoup d’entre eux ont choisi de s’allier au diable pour finir en beauté le peu de jours qui leur restent à vivre. A ce jeu, c’est le clan au pouvoir qui mène la danse en injectant dans l’opposition des milliards de FR CFA et en canalisant les insatisfactions de certains par des propositions de postes alléchant. Au final c’est le peuple qui se retrouve baignée dans une démocratie saignée à coup de milliard, une alternance non seulement hypothéquée mais surtout bâillonnée par des assassinats et les arrestations arbitraires.
De ce fait le pays se retrouve gouverné par un castre qui décide de tout sur tout. Doit-on se résoudre à cette situation pleine d’incertitude et au lendemain catastrophique ?
Cette réalité n’est pas acceptable pour un peuple dont l’ambition est de vivre ensemble en paix dans une perspective complexe mais motivée par l’idée généreuse de bâtir un État uni et prospère. L’attitude actuelle du clan qui consiste à mettre en avant des personnes dont l’objectif avéré n’est plus ou moins que la course à l’enrichissement personnel est une minable vision de gouvernance. La gestion de la crise financière a démontré l’infection des antivaleurs dans toute la sphère socio-économique du pays. Des ministres coupables de détournements se pavanent devant des caméras en étalant une richesse honteusement acquise. C’est plus au moins qu’un groupement d’amateurs politiques qui aujourd’hui fait la honte et la risée de plusieurs palais africains et internationaux.
Pourtant, le peuple ensemble cri sans cesse son l’idéal de privilégier le Congo d’abord contrairement à ses gouvernants qui privilégient leurs intérêts. Les faits aujourd’hui parlent d’eux-mêmes nul besoin d’y revenir pour tenter d’expliquer une vérité toute crue.
La grande interrogation du moment réside dans la future gestation d’une nouvelle élite de politique congolais pour s’approprier le combat de la démocratie exemplaire et du développement égalitaire. C’est la clé du salut pour libérer le Congo. Il n’est plus, par exemple, question de prouver l’amateurisme et l’incompétence de nos gouvernants actuels. Le vrai souci réside dans nos tergiversations, nos divisions, notre opposition de façade, notre faiblesse d’esprit, notre manque de patriotisme….
Nous attendons que le pain nous soit tombé du ciel sans fournir aucun effort.. Ce qu’il faut c’est puiser dans le sens de l’engagement des idées justes et novatrices, de la confiance en soi pour être aseptisé de toute tentative de corruption, avoir foi en l’avenir car la jeunesse est la clé de la réussite de demain. Ces notions doivent conduire notre action pour qu’elle demeure exemplaire dans la simplicité et la rigueur afin éviter toute arrogance nuisible.
Notre culture africaine nous recommande de la courtoisie lorsqu’on souhaite s’ouvrir aux autres dans une démarche d’équité et de justice. C’est dans ce contexte que l’opposition congolaise ( la vraie) doit s’approprier ces valeurs pour retrouver sa voie et rebâtir une nation modèle. Nous réussirons ce combat par notre capacité à être nous-mêmes, à rassembler les congolais en leur proposant une nouvelle voie. Le changement se construit, il ne se décrète pas.
Jean-Claude BERI