Maitre Ambroise Hervé MALONGA
Par : OUABARI MARIOTTI
Encore la mort. Maître Ambroise Hervé Malonga s’en est allé. La triste nouvelle de son décès, est tombée ce 11 juin 2018. Ephémère membre du conseil constitutionnel, de juin à octobre 1997, en pleines violences du coup d’Etat de Mr Sassou Nguesso, Maître Malonga était un avocat engagé. Sa disparition est une perte immense pour la nation congolaise.
Une vraie douleur au coeur et à l’âme pour nous, ses amis. Je retiens de lui, en tant qu’ancien garde des sceaux, le souvenir d’un avocat dont le métier était le fruit du mûrissement d’un long parcours semé d’embûches. C’était un officier de justice qui a servi avec honneur, dignité et intégrité. Un avocat des causes difficiles, soumis au secret professionnel, tel un psychiatre, enfermé dans la confidence, avec la capacité de convaincre et de réagir aux imprévus, s’employant à comprendre le point de vue des parties adverses. Combien de fois, n’ai-je pas assisté Maître Malonga, jouant, discipliné, précis et impartial, son rôle de médiateur dans divers conflits familiaux.
Hors des tribunaux, l’ex bâtonnier Maître Malonga a été un homme politique au sens fort du terme, un humaniste d’accès facile, d’une grande humilité grâce à laquelle se construisait la confiance des autres à son égard. Sitôt sorti de la détention arbitraire que lui ont imposée les putschistes du 5 juin 1997, il a dirigé, avec adresse, les coordinations successives des plateformes politiques CODE A et CODESA où nous nous retrouvions avec des figures comme Saturnin Okabé, Mboussa Ellah, Paul Dihoulou, Jean Michel Bokamba Yangouma, Grégoire Lefouoba, Jacques Mouanda Mpassi et André Milongo. Les deux derniers nous ont quittés.
Maître Malonga trouve la mort en payant le prix de son attachement au combat pour la restauration de la république et ses valeurs dans son pays. Souffrant depuis quelques temps, il n’a pu sortir du territoire national pour des soins appropriés dans des structures sanitaires spécialisées à l’extérieur.
Ainsi est-il une victime de plus du régime répressif de Mr Sassou Nguesso marqué par l’engorgement des maisons d’arrêt en prisonniers politiques, la confiscation des libertés fondamentales, le non-respect des droits humains, l’interdiction de la libre circulation des leaders politiques et autres membres de la société civile opposés à la logique dictatoriale du pouvoir. Un pouvoir par ailleurs injuste qui plongé le pays dans une crise socio-économique sans précédent. Que la famille de Maître Malonga dont je partage la profonde affliction trouve ici l’expression de mes condoléances les plus attristées. A l’ensemble des personnels liés à la justice congolaise, tous corps confondus, je dis ma solidarité. La mort nous rappelle le sens de notre existence. C’est vivre autrement dans un ailleurs une existence, un nouveau refrain. Mourir est notre destin à tous.
Repose en paix, Maître.
Jamais, nous ne t’oublierons.
Paris le 11 juin 2018 –
OUABARI MARIOTTI