Il fut l’instigateur d’un style, un son, un mouvement.
C’est à ce groupe que revient le mérite de s’être le premier libéré du schéma un peu figé des orchestres de son époque pour apporter une dynamique et obtenir un grand succès auprès des jeunes, comparable à l’orchestre Negro Succès de Bavon Marie Marie à Kinshasa.
A l’origine, et à l’initiative d’Alphonse Mpassi Mermans, une formation musicale voit le jour en 1957 à Baratier (département du Pool), sous l’appellation : « Elengui Jazz ». Sur la demande de Mpassi, c’est Barthélémy Samba « Sabou Bathel » qui est nommé chef de la jeune formation qui compte en tout, neuf musiciens :
Barthélémy Samba Sabou Bathel
Alphonse Mpassi Mermans
Ange Bintsangou
Simon Meya
Gabriel Bikandou
Pascal Wenamio
Charles Nsongela
Marc Batamio
Edmond Moyo
Les conditions sociales, les instruments de fortune, ne permettent pas au groupe de fonctionner convenablement. Au terme de trois ans, en 1960, la formation musicale juge utile de se restructurer et de changer de nom : « Elengui Jazz » devient « Amigo Band ». Une sacrée trouvaille qui a pour but, une volonté de changement, à la recherche d’une rythmique plus dynamique pour ses productions.
1961, « Amigo Band » est à nouveau associé à un genre de création qui se révèle être bien plus qu’un exercice de style. L’introduction d’une mandoline dans le groupe, lui confère une fois de plus, un nouveau nom ; « Mando Negro », ou (Mandoline nègre), et pour la circonstance, trois musiciens s’y ajoutent : José Missamou, Jacob Massamba et Lezy. Malheureusement, ce trio nouvellement venu sera relevé en 1963, année au cours de laquelle (Juillet 1963), Mpassi Mermans, alors chef d’orchestre, abandonne le navire pour voler au secours des Bantous de la capitale qui viennent de perdre Nedule « Papa Noël », qui a rejoint Joseph Kabaselle à Kinshasa.
En 1964 Mando Negro reprend du service avec des jeunes talents qui vont changer la physionomie du groupe. Ce sont : le guitariste Ignace Nkounkou « Master », les chanteurs Fidel Zizi Babindamana et Didi Siscala. L’intégration en 1965 du talentueux guitariste rythmique Ngoumba « John Tamponé bango » (venu directement d’OK band), va cimenter l’aventure musicale de Mando Negro.
En 1968, l’orchestre s’installe à Pointe-Noire. La ville océane va permettre aux remarquables musiciens à beaucoup plus de travail et de succès, pour s’offrir le pseudonyme de « Kwala kwa » (rien que le « Makwala », nom d’un poisson de mer). Au sommet de sa gloire, Mando Negro représente brillamment en 1968, la région du Kouilou, à la deuxième semaine culturelle de Brazzaville. Puis, c’est de nouveau Brazzaville qui va servir de base à l’orchestre. Il s’installe confortablement au « Choisis Bar » à Moungali. Cette période sera suivie par le placement au compteur, des albums à grand succès comme « Voiture ya occasion », « Cimetière ya mabala », « Anonso », « Buku ya l’Etat », « Massamba », etc.
C’est vers la fin des années 70, que Mando Negro va connaître sa descente aux enfers. Les départs en cascade des musiciens, va entrainer au début des années 80 la fin de l’orchestre qui a fait tant rêver les mélomanes congolais et africains. L’ensemble de son œuvre a eu une énorme influence sur de nombreux musiciens de son époque.
Clément Ossinondé