Marion Michel Madzimba Ehouango: Ethique et politique : Corruption morale et politiques publiques au Congo

Marion Michel Madzimba Ehouango, homme politique et enseignant à l’université Marien Ngouabi a fait une importante communication à l’Académie Catholique de Brazzaville pour l’Ethique, le samedi 07 mars 2013, dont le thème portait sur l’Éthique et politique : Corruption morale et politiques publiques au Congo.

DAC Presse reproduit ci-dessous l’intégralité de cette analyse politique.

« …Traiter du rapport de l’éthique avec la politique, nous amène forcément à envisager la question de l’intégrité morale telle qu’elle est attendue par les citoyens de la part de ceux à qui l’on a confié la responsabilité de notre bien-être collectif… Mais pas seulement, car la politique n’est pas un domaine clos qui exclut les autres activités sociales et même les contraintes comportementales sur des gens qui prétendent s’exclure du champ politique.

La question qui m’est posée et à laquelle je vais m’efforcer de répondre devant vous est celle-ci : « Quelle est ma perception en tant qu’en enseignant, en tant que politique, en tant que chrétien, bref…en tant que « être social », du rapport de l’éthique avec la morale en politique ? ».

Je me suis défini comme chrétien et citoyen, revêtus des qualificatifs d’enseignant et de politique pour montrer qu’en définitive quelle que soit la posture que nous voulons adopter en tant que « être social » nous n’échappons pas à la responsabilité d’une éthique collective. Car dans la société, personne n’échappe au champ politique.

Considéré sous cet angle, Il y a donc un glissement de paradigme au sein du discours philosophique entre la morale et l’éthique car dans la perception courante, on observe un glissement de concept renforcé par un même glissement de paradigme. Ce glissement de paradigme se traduit par la substitution au concept transcendantal qui souffre d’un hiatus entre l’idéalité des principes moraux et l’empiricité des conduites de vie, que l’on peut lier à l’éthique que je définis comme « …un concept intersubjectif d’autonomie où les règles pratiques sont validées au sein de rapports quotidiens (interpersonnels ou institutionnels) de communication ».

Je vais essayer de m’adapter au caractère hétéroclite de notre auditoire pour mieux faire comprendre la portée de cette problématique qui est très intéressante au plan de l’analyse savante caractéristique des universitaires, Mais qui conserve tout de même le caractère passionnel propre aux discussions politiques.

Aussi dans un premier temps je vais circonscrire le cadre de la discussion telle qu’elle se déroule en milieux savant…chez les spécialistes de ce type de réflexion pour, enfin dans une deuxième partie, traiter de façon plus concrète, je dirais plus prosaïque de la difficulté éthique telle que je la ressens dans notre société. Dans cette partie, vous m’excuserez d’insister sur la responsabilité des pouvoirs publics dans l’inversion des valeurs. Responsabilité dont nous sommes nous-mêmes complices consentants ou bien forcés, qui confirme les théories fonctionnalistes sur la question. Je parlerai de « TOSA O LIA » et de « MORO Ô BOSSO »

I- La controverse théorique:

Traiter de l’éthique en politique suppose donc la prise en compte d’une raison pratique, qui s’accommode et tranche tout à la fois avec le relativisme moral des philosophes post-modernes. Un relativisme qui part du principe que les questions pratiques, à l’instar des questions théoriques, sont susceptibles de prétention à la validité sous couvert de la réfutabilité de leurs contenus particuliers ( Un clin d’œil à mes amis David MAVOUANGUI et Charles Kounkou du département de philosophie en fac de lettres et des sciences humaines) …on retrouve là faillibilisme épistémologique de Karl Popper appliqué aux questions morales invitant à un « réalisme moral modéré » qui considère les problèmes pratiques sous le prisme dialectique des divers conflits historiques surgissant du monde social vécu. On pourrait par conséquent, se risquer à dire que l’éthique renvoie à une contrainte de déontologie sociale. Mais cela dit, peut-on alors convenir que selon la configuration de la « réalité » politique ambiante (celle de notre système politique en l’occurrence), il y a aussi une éthique qui correspond à l’environnement politique, et que celle-ci n’est pas forcément celle que nous idéalisons ?

Dans un excellent ouvrage traitant de la question « Intégrité morale et vie publique » J.Patrick Dobel souligne bien la difficulté de concilier intégrité morale et actions, voir carrière politique. Mais le plus troublant dans cette relation de l’éthique à la politique, c’est l’existence de théories bien élaborées en sciences politiques et en sciences économiques notamment, qui positivent l’action corrosive de la politique sur la morale et l’éthique. C’est dire combien il est compliqué et délicat de traiter de cette question.

A- Les théories fonctionnalistes en Sciences politiques et en Sciences économiques : LA POLITIQUE ET L’ECONOMIE S’ACCOMODERAIENT MAL DE LA MORALE, ET QU’AU CONTRAIRE, L’ETHIQUE COMPORTEMENTALE DANS CES DOMAINES COMMANDE UNE CERTAINE DOSE DE CYNISME.

Ici, au lieu de me disperser dans l’examen de multiples tares qui constituent autant d’antivaleurs dans une société, je regrouperai le tout dans le concept de « corruption » car pour être « corrupteur » ou « corrompu », il faut déjà que l’on ait des problèmes avec la morale sociale: La corruption en tant que déficit éthique a été considérée jusqu’au début des années 1990, par les théories fonctionnalistes en sciences politiques et en sciences économiques, comme un moyen efficace de contourner des réglementations ou des procédures administratives lentes ou tatillonnes, permettant ainsi le développement politique et économique. La théorie fonctionnaliste a longtemps présenté le phénomène de la corruption comme un élément permettant de compenser le fonctionnement déficient des institutions publiques.

En sciences économiques, Leff (1964) et Huntington (1968) soutiennent que la corruption favorise l’efficacité économique en dépassant les rigidités imposées par les gouvernements. Selon ces auteurs, la corruption faciliterait de manière générale la vie économique en en « huilant les rouages ». Cette idée a été reprise et développée ensuite, et de nombreux travaux théoriques se sont efforcé à montrer que la corruption est un vecteur d’efficacité. Dans le domaine du commerce international, par exemple, Bhagwati (1982) suggère que la corruption soit analysée comme une Directly Unproductive Profit-seeking activity (DUP), c’est-à-dire une manière de réaliser des profits en entreprenant des activités qui ne sont pas directement productives. D’autre part, une thèse longtemps soutenue aux U S A, voudrait que « l’enrichissement d’une minorité stimulerait la croissance et serait bénéfique à toute la société »… Le Président B.Obama et les économistes libéraux qui pourtant ont soutenu longtemps cette idée l’ont à présent abandonnée.

En sciences politiques, la corruption est parfois considérée comme un élément facilitant le développement des partis politiques en encourageant la participation et facilitant la création d’un environnement politique stable (nous pouvons aisément vérifier cette assertion en analysant le comportement de nos propres partis politiques). Pour Bayley (1967); Huntington (1968) et Merton (1968), la corruption est généralement perçue comme augmentant la loyauté et la confiance des citoyens dans le système politique, comme nous le démontreront dans la deuxième partie de notre intervention. Dans une étude portant sur la France, Becquart-Leclerq (1989) affirmait que la corruption agit comme de l’« huile dans les rouages », qu’elle est un substitut à la participation directe au pouvoir et qu’elle constitue un ciment entre l’élite et les partis politiques et améliore l’efficacité avec laquelle le pouvoir est exercé.

Bien que très prolixes, les travaux valorisant la corruption dans le cadre de l’analyse fonctionnaliste ont tout de même leurs limites.

B- La critique empirique des théories fonctionnalistes

À partir du milieu des années 1990, les premières données permettant d’évaluer l’ampleur de la corruption dans les systèmes politiques et en économie ont permis de tester les théories fonctionnalistes et de mettre en évidence les conséquences négatives de la corruption.

– En économie politique, l’hypothèse centrale selon laquelle la corruption est un élément exogène aux réglementations et aux procédures administratives est très contestée. Myrdal, par exemple, soutient en effet comme nous le remarquons tous les jours dans nos administrations, qu’il est possible que les agents publics créent des lenteurs ou des tracasseries administratives uniquement dans le but de percevoir des pots-de-vin. Myrdal (1968); Bardhan (1997); Kaufman et Wei (1999) montrent que la corruption est un élément endogène à la fixation des règles et des procédures administratives. Ils mettent en évidence, à partir des observations issues de différentes enquêtes effectuées auprès d’entreprises, une relation positive et significative entre les tracas bureaucratiques effectifs rencontrés et le montant des pots-de-vin versés par les firmes. Leur hypothèse ressemble à ce que nous constatons dans notre pays lorsque, par exemple le gouvernement prend des mesures facilitant l’accès à certains services publics, alors qu’on observe concomitamment de la part des agents chargés de ce secteur une augmentation de tracasseries (cas des passeports dits gratuits, par exemple). Les théories du second best qui sous-entendent que, corrompre suffit à accélérer les procédures ou à dépasser les obstacles administratifs sont également contestés. Car on a remarqué par exemple, que la capacité des agents publics à accélérer une procédure administrative peut être très faible, surtout lorsque cette dernière implique différents interlocuteurs (Shleifer et Vishny, 1993). Enfin, les effets positifs de la corruption sur la croissance et l’investissement dans les environnements marqués par un fonctionnement déficient des institutions ont été infirmés. Méon et Sekkat (2005) montrent que la corruption agit comme un « grain de sable dans les rouages » de la croissance économique et de l’investissement. En effet, ils soulignent que les effets de la corruption dépendent des autres aspects de la gouvernance (poids des réglementations, primauté du droit, efficacité du gouvernement…) et qu’ils sont d’autant plus néfastes que la qualité de la gouvernance est faible, comme il nous est loisible de vérifier dans le cas de notre pays où la croissance économique semble concourir à l’appauvrissement de la majorité des citoyens…

– En sciences politiques, plusieurs études ont également analysé l’impact direct de la corruption sur le degré de légitimité des États et mis en évidence une forte corrélation entre des niveaux de corruption élevés et un faible degré de satisfaction de la démocratie dans les pays (ce sera l’objet de la deuxième partie de mon intervention)… Anderson et Tverdova (2003) montrent que, dans 16 démocraties d’Europe orientale et occidentale, les citoyens de pays corrompus valorisent moins et ont moins confiance dans leur système politique. L’étude de Seligson (2002) portant sur cinq démocraties latino-américaines (El Salvador, Nicaragua, Paraguay, Bolivie) aboutit à des résultats semblables. Elle montre que le fait d’être victime de la corruption réduit la légitimité du régime politique. Enfin, Chang et Chu (2006) établissent que cette relation négative entre corruption et confiance dans les institutions politiques existe aussi en Asie de l’Est et plus précisément au Japon, en Corée du Sud, en Thaïlande et à Taiwan.

Cependant, si ces travaux mettent clairement en évidence l’impact négatif de la corruption sur la confiance dans les institutions politiques, ils ne testent pas véritablement le cœur de l’argumentation des théories fonctionnalistes: l’idée selon laquelle la corruption contrebalancerait les effets négatifs de la faible qualité de l’administration sur la légitimité des institutions politiques (Seligson, 2002).

Je m’inscrirai donc dans cette limite pour montrer comment dans notre cas, la corruption morale et politique peut constituer le soubassement d’un système qui se vante de sa « stabilité » et se recouvre pompeusement du qualificatif de « paix sociale »…. « La paix des cœurs et la tranquillité des esprits » dit-on…, que par une dérision osée, je résume par deux concepts : «Tosa ô lia» et «Moro ô boso».

II- « TOSA Ô LIA » et « MORO Ô BOSO » : La contrainte psychologique sur l’éthique politique

Que retenir, en définitive, des controverses théoriques dont j’ai parlé ci-haut? Les antivaleurs donnent l’impression de facilités économiques, mais en réalité sont désastreux pour l’intérêt général; tandis qu’en sciences politiques, ils sont antinomiques à l’idéal démocratique et altèrent les relations gouvernants/gouvernés et le degré de confiance aux institutions.

Cependant, malgré tout, regardons concrètement comment se manifeste ce rapport de l’éthique à la politique dans notre pays, et pourquoi, contre toute attente, les congolais sont devenus prisonniers de cette inversion de l’échelle des valeurs. Il y a beaucoup à dire… Mais je vais vous provoquer… En tant que membre d’une ethnie du nord, donc selon les clichés malicieusement exploités aussi bien par le pouvoir que par l’opposition, «je suis partie prenante au pouvoir en place ». Ce que je vais développer dans la conceptualisation des deux groupes de mots «Tosa ô lia… » (Obéis pour manger) et «Moro ô boso» (Un homme devant soi ….un protecteur….un piston…), intéresse, en réalité, tous les congolais quelques soient leurs ethnies… Mais je vais l’analyser sous le prisme de l’homme du nord, vu par les « autres » comme participant et opposant au pouvoir. Car c’est ainsi que j’ai perçu cette invitation personnelle à disserter sur ce thème dans le contexte actuel de notre politique.

A- « TOSA O LIA » Une contrainte sociale sur la conscience éthique du cadre congolais.

Dans une société comme la nôtre où l’Etat par les politiques publiques se révèle incapable de satisfaire les besoins essentiels des populations, et où le communautarisme ethnique fonde l’essentiel des rapports sociaux et parfois politiques, la solidarité occupe une place importante dans ce qu’on peut considérer comme la « qualité de vie » des citoyens. Ceux qui occupent des postures importantes dans les sphères du pouvoir politique assurent les fonctions distributives du système politique. L’entourage voit en l’élite intellectuelle, militaire et administrative, non pas forcément un « serviteur » zélé et impersonnel de l’Etat, mais une courroie de transmission des contraintes, mais également des avantages matériels et symboliques du pouvoir.

Cette situation, perçue comme telle par le cadre (qu’il soit politique, militaire ou administratif) influence son rapport avec les valeurs morales (pour ce qui est du rapport à la société) et éthique (pour ce qui est de sa mission de service public). Les comportements, même les plus rétrogrades, pour peu qu’ils soient standardisés par ceux qui dominent la société deviennent «normaux» et constituent paradoxalement l’éthique du cadre dans l’aspect fonctionnaliste du terme.

Mettez-vous à la place d’un cadre remplissant toutes les conditions objectives de promotion, mais qui se refuse à plier à ces exigences du groupe… Pensez-vous que son entourage, ses enfants, sa famille, etc…, comprendront que lui, se situe en marge de cette promotion que l’environnement considère comme normale dans sa catégorie ? De liens de mariage sont rompus, des familles disloquées, des principes moraux abandonnés, parce que nous ne voulons pas être perçus dans les quartiers, dans nos familles comme des «ratés», les rebus de la promotion sociale.

Allez dans nos villages, surtout dans le nord (de Gamboma à Tchikapika, pour ne retenir que ce périmètre qui a fait l’objet, de ma part, d’une observation empirique pour vérifier et développer cette théorie)… Il est très pertinent de faire une enquête sociologique du cadre de vie dans cet espace… Vous arriverez facilement à cataloguer les élites sociales en fonction du cadre de vie de leurs familles restées au village. Nous voyons donc que le système est volontairement corrompu, et que pour continuer à assurer leurs fonctions distributives, les cadres se donnent des « libertés » morales et éthiques…. Cela d’autant plus que, bien souvent pour améliorer leurs positions au sein d’un tel système, ils adhèrent à des cercles ésotériques plus ou moins fermés (otoueré, franc-maçonnerie, templiers, etc…) qui créent des liens d’allégeance avec les véritables détenteurs de pouvoir qui, comme par hasard se situent également dans les hiérarchies de ces cercles, cooptant et sanctionnant des cadres, les maintenant dans un carcan disciplinaire parfois en antinomie avec l’éthique originelle de ces mêmes cercles . Dans un tel contexte, ne pas obéir aux standards, même parfois contraires aux principes moraux de ces cercles, mais modélisés par la hiérarchie devient contreproductif… Les antivaleurs, constituant les références dominantes sont forcément partagés. La morale et l’éthique sont donc reniées au profit de la stabilité de nos propres situations dans le groupe social.

Voyez, par exemple la situation d’un professeur d’université qui n’a pour seule ressource que son salaire d’enseignant… Le gouvernement paie les salaires des fonctionnaires à partir du 25 de chaque mois… L’universitaire, lui, doit attendre entre le 05 et le 10 du mois prochain. Croyez-vous que son épouse, ses enfants, son logeur (s’il est locataire) ont de la considération pour lui s’il n’est pas capable d’assumer ses charges familiales en même temps que les autres salariés de l’Etat? Combien de nos enfants sont exclus des écoles privées pour paiement tardif de frais d’écolage? Et l’on s’étonne que certains d’entre nous ravalent leur éthique de cadre et développent des discours qui mettent en doute leurs formations intellectuelles pourtant vérifiables….

Corolaire de ce que je viens de conceptualiser sous le terme « Tosa ô lia » pour les relations avec le groupe élargi, il y a d’autres contraintes qui sapent les valeurs morales et éthiques; mais cette fois, au regard des pressions que le cadre doit subir de la part de sa propre famille, de son cercle restreint.

B- « Moro o bosso» : une contrainte familiale ?

Le principe de « Moro ô boso »… celui du « piston », le faire-valoir des passe-droits est le corolaire de « Tosa ô lia ».Le cadre qui réussit à s’insérer dans le système devient le « protecteur » de tous ceux qui lui sont liés.

Nous sommes dans un pays où les règles impersonnelles de l’administration, la justice, la promotion et la protection sociale sont des plus douteuses. L’appareil d’Etat est pris en charge par des groupes d’individus plus utiles au maintien d’un régime politique qu’au fonctionnement normal de l’Etat.

Dans un tel cas, les chaines de solidarité deviennent l’élément moteur du système. De la même manière que nous avons observé les allégeances, même contre la morale, au sommet de la hiérarchie sociale, nous voyons se répercuter les mêmes échelles de valeurs renversées à la base. Les standards éthiques sont répercutés au bas de la société.

Dans un contexte de répartition injuste et arbitraire de ressources matérielles et symboliques devant concourir à la valorisation de l’individu dans nos sociétés, l’accès à l’argent facile, l’accès aux fonctions de prestige deviennent des éléments de corruption morale et de dérives éthiques.

Comment rester intègre dans un contexte où parce que cadre, vous avez la responsabilité de servir non pas de modèle mais de promouvoir coûte que coûte et à tout prix, les membres de votre famille qui vous opposent à chaque difficulté, les réussites des «autres» dans la même situation qu’eux-mêmes mais «sauvés» par un «puissant» de la famille ? « Tosa o lia »… Si vous ne jouez pas le jeu, vous serez perçu comme un frein à la promotion sociale de vos proches. Vous privez votre clan et votre entourage de leur «Moro Ô Boso»; vous êtes traité d’égoïste…

Ceux qui n’ont pas de « protecteurs » au sein de la famille font des allégeances ailleurs, les femmes se livrent pour la promotion sociale de leurs époux consentant ou ignorants, les filles pour leurs frères et autres parents. Dans un tel contexte les cadres, quel que soit leur niveaux d’expertise ne sont respectés qu’au regard de leur capacité à régler les problèmes de leurs proches…. Ils sont « Moro ô boso » ou bien ils ne sont rien… ! Le parent malade au village, qui n’a personne pour le ramener se soigner à Brazzaville (quand il ne déplace pas au moins un médecin de la ville!), celui qui n’est pas capable de réussir « l’évacuation sanitaire » de son parent au Maroc, n’est pas « Moro ô boso »…

La rareté de l’emploi n’est pas en reste… Les jeunes qui n’ont pas de « Moro ô boso » doivent attendre le coup de chance! Dans un tel contexte, comment attendre que les valeurs morales et l’éthique sociale soient préservées? Il s’agit de survivre! Et tous les moyens sont bons….

C’est le système politique et social qui le veulent… Et nous sommes tous complices car les antivaleurs se nourrissent de la pression sociale. Le problème est que cette pression sociale est parfois cyniquement entretenue par ceux qui dirigent l’Etat. La loyauté à l’égard du chef même s’il fait mal, devient une valeur éthique car les cadre sont nommées avant tout pour leur « loyauté » et pas forcément pour leurs compétences techniques. Ceux qui critiquent sont traités d’aigris ou de « jaloux » …Alors ….Comment y remédier ?

Je laisse la question volontairement ouverte… »

Marion Michel Madzimba Ehouango