Le triomphe de l’autosatisfaction indécente de Sassou Nguesso fait qu’il n’aurait jamais franchi le Rubicon qui sépare les hommes politiques de bas échelles et les hommes d’état de la trempe des LUMUMBA, MANDELA et beaucoup d’autres dont l’histoire retient pleins de renseignements pour l’avenir de leurs pays et de l’Afrique. Manquant de toute modestie et de lucidité politique, il se lance dans une critique, en serrant les dents, sur ses prédécesseurs qui auraient simplement failli.
Les Congolais ne sont pas dupes. Ils ont compris que Denis Sassou Nguesso est victime d’une incapacité à voir le réel et à s’y adapter comme en témoignent les errements de son intervention du 12 août 2015.
Il rêve. Il ne change pas, il rêve. Un rêveur éveillé. Il rêve qu’il est l’unique bâtisseur de la paix au Congo au prix de difficultés inouïes. Il rêve que ses mains ne sont pas tâchées de sang de nombreux congolais. Il rêve qu’il n’a pas créé des troubles au Congo et former des milices « Cobras ». Il rêve que le plan quinquennal 1982-1986 et le plan structurel ont été des réussites économiques. Il rêve la convergence de tous les départements du Congo et une équitable répartition des richesses nationales. Il rêve la paix et le développement économique du Congo seul lui peut l’incarner. : « Décidément, le Congo avance et se développe. » Il rêve un Congo, dont il se fait une « certaine idée », il rêve la patrie et son âme. Il rêve la croissance : « Elle est là. » Il rêve les moyens qu’il met en œuvre pour la renforcer : l’augmentation des salaires des fonctionnaires et la bourse des étudiants, l’augmentation du niveau de vie, le panier de la ménagère, l’amélioration du cadre de vie en ville et à la compagne, le développement des infrastructures économiques, éducatives, sanitaires, sociales. La liberté d’aller et de venir. L’égalité, la morale.
Il rêve être ouvert au dialogue : la concertation nationale, le dialogue de Brazzaville, Ewo, Dolisie et Sibiti sont des preuves irréfutables. Il rêve le rassemblement des politiques : « Ceux qui veulent venir au PCT sont les bienvenus. » Il rêve sa propre autorité et un pouvoir ad vitam aeternam : « Au Congo, connaissez-vous des présidents aussi audacieux et autoritaire que moi ? » Ce pourrait être un système, une méthode, une stratégie. Mais à ce point on ne peut pas le croire. C’est de nature. Un mélange de naïveté et d’orgueil. Une extraordinaire confiance en soi et en son destin. Et surtout de l’inconscience, une incapacité schizophrénique à voir le réel et à s’y adapter. Et d’ailleurs, si le Congolais ne le suit pas, si le Congolais résiste à cette parole enchantée, il y a bien une raison. Le Congolais qui a des difficultés de joindre les deux bouts du mois, de se loger, se soigner, étudier… a compris que la satisfaction enchantée n’est pas résolue, que la corruption est profonde dans notre société, que le clivage ethnique, clanique est profond et entrave l’unité nationale et la paix, les divergences politiques et électorales sont graves, que la paix et la sécurité nationales sont menacées, que les détournements et la mauvaise gestion des fonds publics sont un frein à l’embellie économique, faute que les décisions prises à cet effet par Denis Sassou Nguesso ne soient pas à la mesure des intentions. Le Congolais a compris que l’unité nationale est précaire. La majorité molle et branlante du PCT se disloque à cause de l’obstination du « Bâtisseur infatigable et l’homme de la paix des cœurs au fusil ».
Sassou Nguesso souffre d’un manque de lucidité et de fermeté
Il rêve, aveugle et sourd devant ces évidences, prenant pour de l’audace sa vision sanguinaire, clanique, ethnique, fétichiste, belliqueuse, satisfaite et iréniste du Congo. Mais qu’importent les bonnes intentions et la bonne volonté lorsque manquent la lucidité et la fermeté ? Il y a du fataliste chez lui. S’il est vrai qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession pourquoi alors cette masturbation intellectuelle d’autosatisfaction indécente en faisant croire aux Congolais que tout ce qu’ils ont connu de négatif est de la faute de son prédécesseur qu’il a chassé par les armes : Pascal Lissouba.
Au Congo, où tout se voit et se connaît, comment Denis Sassou Nguesso peut oser dire et se faire acclamer par des députés et sénateurs godillots (nommés par lui) ; question d’entériner une démocratie de façade.
Comment Sassou Nguesso peut-il oser parler de l’unité nationale dès lors que tous les postes régaliens du gouvernement et les grands corps de l’Etat sont dirigés par les ressortissants de la même ethnie que le Président ?
Dès lors que les recrutements dans la Force publique se font essentiellement à Oyo et aux environs.
Peut-on dire que la Force publique et son commandement sont-ils le reflet de la nation unie par essence ?
Qui peut croire que de 1997 à ce jour, aucune chasse aux sorcières n’a été organisée dans ce pays ? Que les nominations aux emplois de la fonction publique civile et militaire sont faites en fonction de la compétence des cadres et non des critères séparatistes ? Mieux encore ethnique et clanique ?
On dirait que la parole, dans laquelle Denis Sassou Nguesso excelle, le tient quitte du reste. Comme le pape. Mais le pape ne dispose que du pouvoir de l’esprit et ne répond que devant Dieu. Sassou Nguesso, lui, a tous les pouvoirs, et c’est devant le peuple congolais qu’il répondra de ses rêves inaboutis.
Il est capable à ce point de s’auto hypnotiser (propre à la méthode Coué), qu’il en arrive à s’auto-persuader que 100% des Congolais sont automatiquement acquis à sa propre autosatisfaction !
Il s’auto-propulse ainsi sur le devant de la scène nationale, tel un automate, alors que tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Abandonné par ses alliés politiques d’hier, le laissant à sa propre auto-contemplation, et ainsi s’y auto-ridiculisant !
Nous sommes priés de nous auto-injecter de son autoritarisme de façade, de son virus ethnique et clanique, pour ainsi nous auto-persuader qu’il est l’homme de la situation !
Peut-être serait-il temps que les membres de son clan d’Oyo et tous ses affidés, lui auto-suggèrent, qu’il n’est rien de tout cela, juste un petit bonhomme qui manipule les consciences les plus faibles avec l’argent du pétrole, continue à mettre des produits éclaircissants sur son visage et à se teinter les cheveux, qui a tronqué le kaki militaire en tenue trois pièces Smalto, afin de pouvoir le faire entrer automatiquement dans des affiches publicitaires, et des meetings auto-préparés par sa famille de courtisans d’OYO ?
S’aperçoit-il non seulement qu’il est tribal et qu’il a fait asseoir son pouvoir en jouant sur la fibre ethnique qui le boudinent dans ses villas cossues et tous ses enfants, neveux et parents sans être nommés sont des super-ministres qui font le beau temps au Congo ? Malgré cela, lui-même Sassou Nguesso est bouffi d’autosatisfaction ?
Un mensonge social
Habitué à malaxer les Congolais dans une farine indigeste made in OYO, il continue à croire que sa potion clanique, ethnique et fétichiste prendra encore sur les Congolais.
Les Congolais dont l’horizon est sombre avec ce pouvoir militaro-pctiste n’ont ni eau, électricité, fibre optique, hôpitaux, mais pourtant ce Monsieur qui passe par ses aboyeurs, se proclame « Le Pharaon du Congo ».
Depuis 2000, en 15 ans d’exercice de pouvoir la place du Congo dans le classement de Doîng Business ne fait que dégringolée. Mais qu’à cela ne tienne le chemin d’avenir se construit sur les ruines de la désertification morale et sociale du Congo.
De 1992 à 1997 le budget annuel atteignait les 250 milliards de f CFA, sont-ils comparables au 1500 à 4800 milliards f FCA qu’embrassent aujourd’hui le pouvoir clanique de Sassou qui le vénère comme le messie du Congo ? Est-il encore nécessaire de dire qu’avec les mêmes ressources les pays comme la Guinée Équatoriale, l’Angola, le Rwanda, etc… sont passés aux réalisations spectaculaires qui inspirent le respect, bien étant des états dictatoriaux.
Sassou qui dresse son bilan tronqué oublie de dire combien à coûter chaque portion de route construite. Comment sont financées les infrastructures routières qu’il se vante ? Nous savons que le kilomètre d’une route bitumée en zone tropicale coûte entre 150 et 550 millions or, on nous a fait croire que cela avoisinait le milliard f cfa. Ce système savamment mis en place par l’élite clanique au pouvoir permet juste de s’approprier des fonds de réserves, pourquoi s’auto-satisfaire ?
Tout a été dit sur la mafia Sassou au pouvoir, si bien le mensonge de ce 12 août ne peut surprendre le congolais averti. Le plus insolite du discours sur l’état de la Nation du chef de l’Etat a été de voir les députés de la nation qui sont censés représenter le peuple applaudir toute l’irrationalité et les contre-vérités qu’ils ont eu à supporter pendant à peu près deux bonnes heures.
Donc ils cautionnent cette folie du président de la République qui a comparé ses 32ans de pouvoir aux 3 ans de Lissouba. Dès sa prise de fonction (Lissouba) s’est vite retrouvée devant une guerre acharnée livrée par la bande à Sassou qui ne voulait pas le voir réaliser son ambition. Pour preuve, je vous renvoie aux confessions de Marcel NTSOUROU et dernièrement d’OKOMBI SALISSA. « Le Président Pascal LISSOUBA, ce grand homme, plus souvent mal compris que mal intentionné, n’a jamais, mais absolument jamais rien fait pour revenir au pouvoir. Il n’a jamais acheté une seule munition, une seule arme, pour reconquérir le pouvoir. Tous les Congolais le savent. Personne n’a jamais démontré le contraire » dixit André OKOMBI SALISSA.
Sassou en se livrant à cet exercice a omis de dire qu’il est le seul président congolais depuis les indépendances à posséder 112 Comptes, qui se soigne en France et en Espagne. Le seul en exercice qui a eu un président et un cardinal tués. Le seul qui a eu à gouverner sans être inquiété de quelconque trouble ou coups d’état. Le seul qui a connu des catastrophes du genre MVOUNGOUTI et 4 MARS 2012, cela laisse réfléchir, vous ne trouvez pas ?
Lorsque l’on est incapable de stopper le pillage à grande échelle perpétré par les BOUYA, KIKI, NGONDO, ETOKA, KOKO, GOKANA Willy NGUESSO, Edgard NGUESSO et autres, il est tout simplement indécent de venir donner des leçons de morale à un peuple qui n’est ni aveugle, ni handicapé mental. Lorsqu’on passe son temps à comparer l’incomparable, c’est qu’on se reproche de quelque chose.
Sassou est le menteur de la République le plus futé et le plus dangereux. Prenez par exemple. Pourquoi depuis son retour sanglant en esquissant vouloir apaiser le Congo, il nomme la plus part du temps un originaire du Kouilou au Ministère des hydrocarbures depuis 1997 pour crédibiliser sa forfaiture. La réalité est autre. Le Kouilou et Ponte-Noire, départements producteurs de la première ressource du pays sont dans le dénuement le plus absolu. Posé la question à Sassou, vous qui le faites passer pour le pharaon congolais, sur 2500 à 3000 milliards des revenus pétroliers de 1997 à 2015, combien a-t-il redistribué à la région du Kouilou pour son développement ?
Un mensonge institutionnel
Là encore il jette le pavé de l’indécision, de la fuite en avant en se prononçant sans se prononcer. Ce passage me taraude l’esprit, tellement il est truffé d’un paradoxe.
« Qu’il soit, par ailleurs, compris de nous tous que la démocratie n’est ni une coterie politique ni un arrangement entre les hommes politiques pour se passer des tours de pouvoir au mépris de l’expression du peuple ». Et de poursuivre « La démocratie, depuis sa naissance, demeure le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le peuple est donc seul souverain. Ne l’oublions jamais. La démocratie, c’est aussi, et bien le dialogue, dialogue sain entre les citoyens, entre tous les acteurs de la vie publique. Parce qu’il n’y a pas meilleure voie en démocratie que celle du débat public, qui permet à toutes les opinions, à toutes les contradictions de s’exprimer librement. C’est ce que nous avons fait à Sibiti, il y a quelques jours. Sibiti dont les résultats ne manqueront pas d’écho dans le futur. » dixit sassou Nguesso
En bon félin, Sassou Nguesso tient-il à gagner du temps et à faire dégonfler l’opposition pour convoquer le référendum après les 11e jeux Africains ?
Marion Michel Madzimba Ehouango (politologue et membre du Frocad) pense que « la vérité est que le Président Sassou n’a pas renoncé à maltraiter la Constitution. Sa stratégie de l’évitement ne lui permet que de gagner du temps par rapport aux engagements pris concernant les jeux africains (qui doivent se dérouler normalement), et il a besoin de ressouder son propre camp. C’est pourquoi il s’est choisi un adversaire qu’il a pourtant souvent négligé, du fait de la facilité avec laquelle il a débauché les collaborateurs (le régime Lissouba). Mais le fait d’avoir abrité le dialogue de Diata replace l’Upads en pôle position… Ses longues attaques contre ce régime me paraissent plus comme un « appel du pied » en direction de ses propres transfuges qui viennent de grossir les rangs d’une opposition qui lui, Sassou, voudrait identifier au régime « Lissouba » afin de diviser l’opposition.
Le Frocad doit veiller à ce que cette stratégie n’ait de prise sur sa cohésion.
Quant à l’IDC, principal destinataire du message, ses dirigeants devraient faire preuve de perspicacité afin de ne pas céder aux rappels du « passé commun ». »
S’il y a une personne qui menace la démocratie c’est bien Denis Sassou Nguesso en n’ouvrant pas la voie à une alternative sereine et en n’affirmant pas clairement que vous partirez en août 2016. Pire les citoyens sont persécutés et interdits de sortis du territoire simplement en affirmant leur opposition au changement de constitution.
Dans une vraie démocratie les forces publiques sont républicaines, or ce n’est pas le cas. Ce serait plus, des milices armées au service de votre pouvoir formé pour un seul but empêcher toute manifestation démocratique et l’aboutissement de l’alternance démocratique au Congo. Ceci pour assouvir vos souhaits de pouvoir monarchique.
La démocratie c’est aussi le respect de la loi et celle-ci vous intime l’ordre de quitter le pouvoir en 2016 sans passer par la case referendum ni troubles publiques.
Jean-Claude BERI