Monsieur Mathias Dzon, l’intermittent du spectacle de la politique congolaise.
Par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

La Constitution congolaise en vigueur stipule dans son article 46 : « Tout citoyen a le droit de présenter des requêtes aux organes appropriés de l’État ».
Dans un post du 18 février 2023 sur les réseaux sociaux, nous avons interpellé à la suite de son communiqué de presse du 14 février 2023, monsieur Mathias Dzon sur sa réaction plus que tardive sur les 8 accords signés entre le Congo-Brazzaville et le Rwanda. Ces accords qui ne sont toujours pas ratifiés par le Parlement congolais suscitent l’inquiétude de nombreuses Congolaises et de nombreux Congolais car touchant à la stabilité, à la sécurité et la souveraineté nationales qu’aucun dirigeant ne saurait brader pour des intérêts égoïstes.
Monsieur Mathias Dzon et l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) ont répondu le 21 février 2023 à monsieur Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA en lui rappelant la « lettre ouverte » du 26 avril 2022 aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale du Congo-Brazzaville. Dont acte ! Une mise au point s’impose.
Monsieur Mathias Dzon feint de méconnaitre les règles de la correspondance administrative en n’utilisant pas les canaux de circonstance en vue d’avoir des réponses claires des organes appropriés de l’État à ses questions par ailleurs légitimes, pour ainsi informer ses militants. Les mots ont un sens, et monsieur Mathias Dzon, bureaucrate et ancien ministre, le sait aussi bien que nous. En optant pour une « lettre ouverte » qui est un texte engagé le plus souvent publié dans la presse, monsieur Mathias Dzon savait bien que le but de sa « lettre ouverte » n’était pas d’obtenir une réponse des présidents des deux chambres parlementaires en les interpellant, mais d’avoir un retentissement médiatique sur les réseaux sociaux. Une « lettre ouverte » qui n’est pas envoyée en privé par voie postale aux intéressés n’a pas vocation à recevoir de réponse ; c’est un coup d’épée dans l’eau. Si cette démarche n’a pas été faite, le gouvernement congolais peut alors se targuer d’avoir en face de lui une opposition immature et irresponsable.
En tant qu’homme politique de premier plan, chef de parti reconnu, opposant libre de ses mouvements et de sa liberté d’expression dans une dictature au Congo-Brazzaville, monsieur Mathias Dzon aurait dû comme le prévoit l’article 46 de la Constitution congolaise adressé un courrier, une requête en bonne et due forme soit au président de la République, soit aux présidents des deux chambres parlementaires ou soit au Premier ministre afin de s’enquérir de la situation exacte des problèmes qui se posent dans le pays. Ces derniers par parallélisme des formes, après avoir accusé réception de sa missive, lui auraient répondu dans le cadre républicain de ces échanges. Ce ne fut le cas.
Avec une « lettre ouverte », on ameute la foule sans pour autant s’adresser directement aux intéressés qui ne sont pas tenus de vous répondre. Nous sommes dans la politique spectacle, de l’entre soi, qui consiste à effleurer les problèmes sans pour autant les aborder dans le fond. L’on donne l’illusion d’être utile à la cause du peuple opprimé quand à travers ses actes l’on sert les oppresseurs ; c’est la République des copains et des coquins.
Le rôle d’un opposant, c’est de s’opposer quand cela s’avère nécessaire aux dérives d’un gouvernement. Il est bien évident qu’il est difficile de critiquer ses partenaires d’hier qui vous tiennent par la barbichette.
Ainsi, il n’est pas surprenant qu’après la « lettre ouverte » du 26 avril 2022, que monsieur Mathias Dzon qui n’attendait aucune réponse, ne se soit réveillé que plus de 9 mois après pour demander à travers un communiqué de presse du 14 février 2023 « l’arrêt immédiat de l’exécution des accords qualifiés d’illégaux signés avec le Rwanda » au gouvernement de monsieur Anatole Collinet Makosso.
L’on ne s’adresse pas au Premier ministre, chef du Gouvernement, par un communiqué de presse qui comme son nom l’indique est un document court réservé à informer la presse d’une situation précise. Un chef de parti de l’opposition peut écrire au premier ministre en vue d’avoir des éclaircissements sur certains points cruciaux qui impactent la vie politique. Avec un communiqué de presse, le Premier ministre n’est nullement tenu de répondre à monsieur Mathias Dzon et à l’ARD.
Il est bien évident qu’il ressort qu’après la « lettre ouverte » du 26 avril 2022 et le « communiqué de presse » du 14 février 2023, que monsieur Mathias Dzon se comporte comme un intermittent du spectacle de l’opposition congolaise qui veut plus divertir l’opinion que demander des comptes aux dirigeants congolais actuels. Ce long silence traduisant une absence de suivi des problèmes cruciaux de la nation, a permis au gouvernement congolais de dérouler sans encombre son projet, et sans avoir à rendre des comptes à la population ni à une opposition amorphe.
L’opposition congolaise a soi-disant un chef nommé en la personne de monsieur Pascal Tsaty Mabiala. Si monsieur Mathias Dzon qui interpelle le gouvernement congolais pense vivre dans une démocratie, il peut écrire à son chef de l’opposition qui portera ses interrogations devant la représentation nationale pour qu’elles soient débattues. À défaut du chef de l’opposition, le député national de la circonscription électorale de monsieur Mathias Dzon, surtout un député de l’opposition, peut également porter les préoccupations de ce dernier au niveau de l’Assemblée nationale dans une démocratie.
Le peuple congolais est las des relations incestueuses qu’entretiennent l’opposition congolaise et la majorité présidentielle. En politique au Congo-Brazzaville, tous les chats sont gris la nuit.
Le Congo-Brazzaville se meurt au jour le jour dans un chaos indescriptible, submergé par des inondations de tous types. Il est temps de se poser tous ensemble les bonnes questions afin de trouver les solutions idoines et fixer un cap pour la reconstruction du pays.
« Il faut que tout change pour que rien ne change » ; ce superbe aphorisme reflète l’enjeu sociétal qui s’offre à nous à savoir changer notre paradigme et vivre en développant le Congo-Brazzaville dans l’unité, le travail et le progrès, ou bien de rester tel quel et disparaître progressivement.
Encore une fois, à quoi joue monsieur Mathias Dzon ?
« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps », disait Abraham Lincoln.
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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