Thierry Lézin MOUNGALLA
Par: Laurent DZABA
Treize (13) jeunes congolais ont trouvé la mort dans la nuit du 22 au 23 juillet 2018, dans le commissariat de Police de Chacona, arrondissement n°9 de Brazzaville, Djiri.
Tout a commencé dans les ténèbres des rues sombres de Brazzaville. Lors de cette nuit d’horreur, une bande de pieds nickelés s’est acharnée sur des jeunes des quartiers nord de Brazzaville. Au cours de ce massacre à huit clos qui s’apparente à un rituel macabre, des jeunes suspectés d’activités criminelles ont été faits prisonniers et ont perdu la vie après de longues heures de souffrances, de pleurs et de douleurs atroces, sous le regard amusé des fonctionnaires de police qui sont restés impassibles, respectant les consignes qu’ils auraient reçu de leurs supérieurs.
Suite à ce drame national, Thierry Lézin Moungalla, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, intervenu le matin du 23 juillet 2018 sur les ondes de RFI, a tout bonnement travesti la vérité en affirmant : « Il ne s’est pas passé quelque chose au commissariat. Mais d’abord en amont il y a eu, dans la nuit du 22 au 23 juillet, un incident grave dans un quartier situé dans l’arrondissement 9, Djiri: une rixe absolument épouvantable entre deux bandes rivales. Deux bandes communément appelées, pour ce qui concerne ces voyous, des ‘bébés noirs’, qui se sont affrontées de manière très violente sur la voie publique avec toutes sortes d’armes ; blanches, comme au moins une arme à feu qui a été retrouvée. Et cet affrontement a entrainé la mort de plusieurs hommes, hélas. Voilà les faits. Le temps que les services de police compétents viennent sur les lieux, mettent fin à la rixe, embarquent tous ceux qui étaient encore présents sur les lieux, il y a d’abord eu constat sur place, hélas, de quelques morts. Et ensuite, un transfert des individus qui étaient maîtrisés par les forces de police vers le commissariat de Chacona. Les services de police ont constaté au PSP qu’un certain nombre d’individus étaient très, très mal en point et ils les ont dirigés ensuite vers les services d’urgence qui sont compétents ». Quel mensonge éhonté ?
Habitué à raconter des inepties à chaque fois que le gouvernement est en difficulté, ces paroles blessantes et dénuées d’intelligence du ministre de la communication n’ont pas manqué de susciter un tollé général de la population, d’où la convocation en urgence de la séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale, le 26 juillet 2018.
C’est donc au cours de cette séance que le ministre de l’intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou a avoué ce drame en affirmant : « Suite au décès tragique, le 9 juillet dernier au quartier Nkombo, de Obongo Julien, la police a organisé une opération spéciale dans ce quartier, dans la zone Kahounga au lycée Thomas-Sankara, et à Texaco, pour traquer ces délinquants. À cet effet, une vingtaine de personnes avait été interpellées dont seize placées en garde à vue au commissariat de Chacona. La nuit du 22 au 23 juillet dernier, treize d’entre elles y ont trouvé la mort ».
En dehors de sa prestation sotte du jour, le ministre Thierry Lézin Moungalla a aussi à son actif des déclarations stupides telles : « qu’il ne se passait rien dans le pool » alors que des populations civiles se faisaient massacrer, « Ntumi était un terroriste et qu’il n’était pas question de négocier avec lui » avant d’admettre que « celui-ci était devenu un acteur de la paix », on peut aussi citer sa déclaration sur « le terroriste qui voulait attaquer l’ambassade de France », une fable qui est restée sans suite….
Le Congo a connu pendant ces deux dernières décennies plusieurs ministres de l’information, porte-parole du gouvernement. De tous ces ministres, Thierry Lézin Moungalla est de loin celui qui manque d’empathie et qui applique à merveille le culte de la personnalité.
Nommé à la tête de ce département suite aux réticences de son prédécesseur à défendre avec zèle le changement de la constitution, Thierry Lézin Moungalla qui a toujours exprimé son mépris envers les congolais d’en bas, ignore certainement que sa rémunération vient de la sueur des congolais et non pas des poches de l’homme qu’il vénère comme un Dieu et qu’il a juré servir et défendre contre vents et marées.
Quand on sait que le Ministre Charles Zacharie Bowao avait été évincé du gouvernement après une communication maladroite le jour des explosions de la poudrière de Mpila, Thierry Lézin Moungalla qui brille non pas par ses qualités humaines et sa modestie mais bien au contraire pour son arrogance, sa vanité et son manque de compassion, ne méritait pas de rester un jour de plus dans ce gouvernement dit efficace après cette boulette.
Il est clair que si Thierry Lézin Moungalla reste au gouvernement grâce au soutien implicite du Président de la République, cela voudrait tout simplement dire que la mort tragique de ces jeunes congolais est le fruit d’un acte prémédité, un massacre planifié par le pouvoir en place.
Sinon, comment comprendre ou mieux, quel est l’intérêt d’un porte-parole du gouvernement à divertir l’opinion nationale et internationale par des propos à l’emporte-pièce, à l’heure d’internet et de Whatsapp, où la circulation de l’information est ultra puissante ?
La solidarité gouvernementale exprimée à travers cette volonté d’enfumage de cet acte odieux de condamnation à mort par dyspnée létale de nos jeunes compatriotes que semble manifester le Premier Ministre Clément Mouamba vis-à-vis de son ministre de la communication Thierry Lézin Moungalla n’est pas différente de la solidarité nazie exprimée à travers le ministère du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels, qui fondait sa stratégie sur la censure préventive organisée par le Reichsfilmdramaturg.
Les congolais vivent très mal cette parodie funeste organisée par le gouvernement de Clément Mouamba et se posent plusieurs questions :
Pourquoi salir la mémoire de ces compatriotes, en les traitant tous de « bébés noirs », alors qu’on sait pertinemment que ceux qui ont perdu la vie dans ce commissariat ne sont pas en majorité des voyous, certains ayant quitté, quelques heures avant ce drame, une salle de prière ?
Pourquoi ne pas organiser une journée de deuil national ou une cérémonie nationale pour les obsèques de ces citoyens présumés innocents ?
Si aucune action n’est organisée pour honorer la mémoire de ces jeunes et aider leurs familles à faire leur deuil, alors les citoyens comprendront que nous sommes bien en face d’un assassinat de masse planifié suite à une rafle maladroitement réalisée par la force publique et dans ce cas, une enquête internationale devrait être diligentée afin que toute la lumière soit faite dans ce dossier.
Thierry Lézin Moungalla devrait savoir que la communication n’est pas seulement une passion, c’est un vrai métier. Il devrait aussi comprendre que l’homme humble est entièrement tourné vers la vérité.
Le temps est donc venu de rabattre le caquet à ce Ministre qui est constamment obnubilé par l’image d’un acteur politique sérieux qu’il pense projeter aux yeux des citoyens alors qu’il ne fait que manipuler les personnes qui l’entourent pour combler ses besoins égoïstes.
Tout le temps embourbé dans une défense mensongère et incohérente du pouvoir, Thierry Lézin Moungalla qui est coutumier des analyses insensées qui suscitent à chaque fois des polémiques, est aujourd’hui totalement disqualifié pour porter la parole du gouvernement.
Laurent DZABA
Laurent DZABA