Nominations au CHU : Une humiliation de trop

laurent-dzaba-300x168-9906122 Laurent DZABA

Par:   Laurent DZABA 

Après les nominations à la douane, aux impôts et dans l’armée qui sont les chasses gardées de la caste au pouvoir, la nomination d’un sujet canadien à la tête du CHU de Brazzaville donne l’impression qu’à défaut de ceux qui sont issus du vivier familial et clanique, aucun cadre congolais ne trouve grâce aux yeux des dirigeants de notre pays.

La crainte de voir l’amateurisme des parents être comparé au professionnalisme des cadres issus d’autres contrées, pousse les gouvernants à prendre des décisions antipatriotiques qui tirent notre pays vers le bas. Ce n’est pas parce que les suiveurs et les parents ont failli, qu’il convient de traiter tous les congolais de fainéants ou d’incompétents.

Cette nouvelle humiliation de l’élite congolaise est une parfaite illustration de la volonté de certains citoyens mal inspirés de consacrer plus d’énergie à l’avenir de leur ethnie, au détriment de celui du pays. N’en déplaise aux théoriciens du pouvoir, les congolais ne sont ni tribalistes, encore moins xénophobes. Ils ne le seront jamais. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas les compétences du nouveau directeur mais la gestion des cadres.

Mettre l’accent sur les carences des anciennes équipes (management peu efficace, pas de suivi et de contrôle, trop de laisser-aller) pour justifier cette ignominieuse nomination est une chimère puisque le pouvoir actuel, promoteur des antivaleurs par son laxisme, son impunité et son clientélisme, est le principal responsable de toutes les dérives dans notre pays.

Si le symbole et le signal donnés par cette nomination bancale sont désastreux pour l’image de notre pays, il est scandaleux de confier la direction d’une structure à un membre de l’équipe qui en a réalisé l’audit, en brandissant un accord de partenariat. Dans aucun pays au monde on ne peut tolérer ce genre d’agissement. Cela s’appelle un conflit d’intérêt. Pour rappel, c’est la même équipe d’experts qui aurait demandé au Premier Ministre de stopper la construction des hôpitaux départementaux pourtant dans le programme de Mr Sassou.

Puisque l’Etat congolais dispose des résultats de l’audit du CHU, quel défi pourrait donc relever ce nouveau directeur, qu’un citoyen patriote ne serait pas capable de réaliser ? Est-ce que la nomination d’un sujet français à la tête du CFCO a-t-elle entrainé un « big-bang » au sein de cette société ?

Il est tout de même triste de constater que les diplômés de l’Institut Supérieure de Gestion (ISG), de l’Ecole Nationale de l’Administration et de la Magistrature (ENAM) et d’autres filières de l’Université Marien Ngouabi soient relégués à vendre des produits à la sauvette dans les rues de Brazzaville et Pointe-Noire. Si l’état congolais investis des milliards dans l’enseignement supérieur, c’est bien pour que les citoyens qui y sont formés, soient utilisés et non pas qu’ils se fassent marcher dessus à la moindre petite difficulté.

Le CHU est le miroir et la référence en matière de santé dans notre pays et il est dommage qu’on puisse tourner le dos à nos valeureux cadres. Cela dévalorise et discrédite notre formation et nos cadres. Une chose est sûre, lorsqu’on n’a jamais mis les pieds dans une université, il est difficile de comprendre la fierté pour un étudiant diplômé de servir son pays.

Avec les supplications du gouvernement envers les experts du FMI, tout se passe comme si le peuple congolais devrait se sentir obligé de recourir à l’aide venue d’ailleurs pour sauver les meubles.

Puisque les gouvernants ne croient pas à l’intelligence des congolais, alors allons plus loin ensemble. Faisons comme le feu président Houphouët de la côte d’Ivoire, procédons à la nomination d’étrangers dans le gouvernement. Maintenant qu’on a touché le fond, attendons sagement qu’il soit nommé un Premier Ministre venu de Thaïlande ; au moins nous saurons comment cultiver le riz, en attendant des jours meilleurs.

Nous sommes le Congo Uni, Plus jamais sans nous,

Laurent DZABA