Paix dans le Pool

paix-dans-le-pool1-300x185-3583903 Paix dans le Pool

Par :  Murielle Ossié

Barrières militaires levées, les populations ne doivent plus payer mais dénoncer tout abus

Après la signature de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, le calme semble être revenu dans la région du Pool qui, depuis avril 2016 a connu la guerre. Le comité mixte et paritaire mis en place pour le suivi de cet accord multiplie des actions pour la concrétisation de la paix dans ce département. Déjà la cessation de hostilités a mis fin aux coups de feu, le lancement des activités dans le Pool a eu lieu à Kinkala (chef lieu du département), le cortège donnant lieu de la levée des barrières militaires a prouvé la satisfaction des populations. Cette étape a fait vivre aux populations du Pool la réalité de la circulation des biens et personnes.

Le cortège composé d’une vingtaine de véhicules dont une douzaine de gros camions chargés de produits de première nécessité (farine, huile, allumettes, etc.) a effectué le trajet Kinkala-Missafou-Mindouli-Kindamba dans la liesse des populations le long de la route.

Les Ninja-Nsilulu et autres personnes sont sortis des villages pour vivre en Live le début de cette application de la libre circulation des personnes et des biens Certains sceptiques ont lancé quelques boutades aux organisateurs de cette mission « Il faut bien confirmer cette liberté des biens et des personnes. Que ça ne soit pas un leurre comme vous l’aviez faits en 1999…», allusion faite à l’accord signé après la guerre de 1998 qui n’a pas connu un aboutissement total. « Les armes n’ont jamais résolu un seul conflit au monde », a dit Séraphin Ondelé, président de la commission mixte à Kinkala lors de la cérémonie de lancement des activités de la commission dans le Pool au cours de laquelle il a demandé aux-combattants de « se tenir près pour le ramassage des armes qui se fera dans la période du 5 avril au 5 mai 2018 dans les centres qui seront ouverts à Kinkala, Mindouli, Kindamba, Mayama, Vinza, Goma Tsé-tsé, Mbanza-ndounga, Matoumbou, Kibouendé, Loulombo, Kinkembo, Kimbedi, Kindamba-Ngouédi » Dans cette même optique Ombelé a demandé aux esprits malintentionnés de mettre un terme à leurs tristes besognes qui détruisent la paix dans cette région. « Que ceux qui ont pris l’habitude de racketter les populations se tiennent loin de nous et considèrent que le temps du désordre est terminé » a-t-il dit.

S’agissant de ce mot d’ordre, le général Okoi, chef d’Etat-major des FAC, martelant sur les faits a également indiqué que « Des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre des agents coupables de ces actes. Il s’agit entre autres de la sensibilisation des usagers de la route et des populations à ne plus payer et à dénoncer tout abus à travers un numéro vert d’alerte. »

Bien que le premier mot d’ordre demandant aux militaires de lever les barrières de contrôle sur les axes conduisant dans le Pool n’ait pas connu d’effets, les populations espèrent que cette fois, le chef d’Etat-major tiendra le bon bout pour que ces mots soient exécutoires, car le Pool est devenu une poule aux œufs d’or où ces militaires exigent 500 à 1000 voir 2000 FCfa aux usagers de la route pour se faire les poches. Les populations sont devenues comme des étrangers dans leur région. Elles sont sommées de présenter la carte d’identité sur chaque barrière militaire. La personne ne possédant pas de carte d‘identité est passible d’une amende allant de 500 à 2000 FCFA. Encore que le permis de conduire, la carte professionnelle ou de service, le passeport, la carte scolaire ou d’étudiant ne sont pas reconnus par ces militaires sur leurs barrières.

«Ça, ça passe chez nous », disent-ils à ceux qui veulent les entendre surtout sur la route Brazzaville-Kinkala au village Koubolo, Soumouna et au poste de contrôle de Mayama, Ngamandzabala, Mpiémé, Moukoula, Mindouli, Loulombo et dans le Mayombe sur la nouvelle route de Yie. Les chauffeurs quant à eux déboursent sur chaque barrière et à chaque passage la somme de 1000 à 5000 FCFA de façon obligatoire. Le Pool est presque divisé en trois parties. De Brazzaville à Boko en passant par Louingui, cette zone est sous contrôle des militaires jusqu’à Kinkala, Missafou, Mindouli.
De Mindouli à Kindamba, cette zone est sous contrôle des Ninja. De Brazzaville à Ngabé, la zone est calme et les populations vivent dans la paix.

paix-dans-le-pool-300x159-1375330L’ouverture des voies dans le Pool a été donc un fait attendu par les populations pour croire à cette paix et à l’accord signé le 23 décembre 2017 à Kinkala. Car depuis la signature de cet accord, les militaires déployés dans cette région et les autorités administratives avaient interdit aux Ninjas en partance de Kindamba, Mayama et Vindza d’accéder par exemple à Mindouli. Une mesure que les Ninja ont également appliquée pour faire de cette zone leur chasse gardée. Des gens qui allaient de Kindamba à Mindouli et vis versa empruntaient des chemins sinueux que seuls les initiés maitrisent. C’est donc grâce à cette opération d’ouverture de routes que certains commerçants ont pu avoir de quoi à vendre à Kindamba où les populations ont fait deux ans sans voir le moindre véhicule de commerçants. Cette ville de Kindamba ne comptait plus aucune boutique ni de marché. Les populations ont vécu le troc. Le maire de Kindamba dormait dans l’obscurité. Il a même fait « un miracle » pour avoir une bouteille de vin qu’il a offerte aux membres de la délégation. Le Préfet du Pool nommé depuis février n’avait jamais mis pied à Mindouli ni à Kindamba a-t-on appris des populations. Il a donc profité de ce cortège pour être visible auprès de ses populations à travers quelques interventions sporadiques sur la libre circulation des biens et des personnes. Le cortège qui est arrivé à 21 heures a été accueilli dans la liesse à tel point que les petits sentiers de Kindamba étaient envahis par les populations ayant résisté aux affres de la guerre pour acclamer le convoi de véhicules.« La guerre ce n’est bon » avait chanté l’artiste Zoba Casimir dit « ZAO ». Car à cause de cette guerre la route Kinkala, Ngambari, Missafou, Mindouli jusqu’à Kindamba est devenue dégarnie, non exploitée presque impraticable et certains villages dévastées, des maisons dé-tôlées et éventrées. La liberté des Ninja a été aussi très évoquée. Car, désormais, ils peuvent circuler librement même avec leurs cheveux comme les frères de William ou comme des gens qui imitent le musicien Bob Marley. Ainsi, les trois missions de la commission mixte sur la sensibilisation, l’ouverture des routes, la levée des barrières pour la libre circulation des personnes et des biens a soulagé les populations, même si à chaque barrière levée des ninja dans cette zone de Mindouli à Kindamba, les Ninja s’interrogeaient sur le sort réservé au mandat d’arrêt contre leur chef, le Révérend Pasteur N’toumi.

Cette question risquera de poser problème sur le ramassage des armes prévu pour le 5 avril 2018 au regard des Ninja qui s’étonnent de remettre les armes avant la levée du mandat de leur chef.

Du côté des éléments de la force publique aussi la question de la levée des barrières de contrôle provoque des grincements de dents étant donné les fonds collectés sur ces barrières leur remplis la panse. Ainsi, lors de cette opération certains militaires ont remis leurs barrières après le passage de du cortège. Le cas des barrières situées au village Koubola, Soumouna, Mindouli, Ngamandzambala, Mayama. Le colonel commandant le sous-groupement de Mindouli a même été sommé par sa hiérarchie de faire respecter dans toute sa zone devenue un peu « complexe » la levée de toutes les barrières. Le colonel Okoango après Kindamba était même obligé de raccompagner le cortège jusqu’à Ngamandzabala pour faire respecter cet ordre.

Murielle Ossié

Source : La griffeinfos Journal