Parfait Kolelas Hors-jeu.

00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000conventiiiii-7542184Alors que secrètement nous croyons en un sursaut après nos dernières prises de position, l’électroencéphalogramme reste désespérément plat. La réanimation devient impossible. Nous ne pourrions plus compter sur Parfait Kolelas qui est resté sourd et muet aux supplications du peuple du Pool en détresse. Les faits rien que les faits.

Trop d’hésitations, trop de valses, ont fini par rendre illisible le discours de celui qui était supposé représenter le Pool. Nous sommes arrivés aux limites de l’exercice. C’est un débat de fond que je lance. Ai-je tord ou raison ? Seul l’avenir nous le dira.

Nous sommes en plein cauchemar et nous manquons de ressort et de ressources. Lorsqu’on est un leader l’on se doit de faire attention à protéger son peuple dans le contexte qui est le nôtre. Malheureusement Parfait Kolelas semble se satisfaire de cette situation. Sans changer les images, rien ne change. Les bras m’en tombent. Ne voit-il pas à travers ces images de l’exode qui nous arrivent, la détresse de tout un peuple qui l’a porté lors des dernières élections présidentielles ? N’entend t-il pas ses supplications et complaintes qui montent au ciel pour implorer son action ? Serait-il devenu atone et aphone ? Disposant des moyens que nous n’avons pas, ce dernier peut faire plier ce gouvernement. Quand on a les moyens de faire plier le pouvoir, on le fait. Mais le désire t-il vraiment ? Personne ne lui demande de mettre la population dans la rue pour servir de chair à canon, ce qu’elle est déjà dans le Pool. Le bon sens commande d’autres actions pacifiques telles que la ville morte, la désobéissance civile ou une déclaration forte condamnant cette forfaiture.

En clôturant les travaux de la convention de son opposition congolaise élargie à la majorité présidentielle le 05 octobre 2016, ce dernier s’est résolu à fleurets mouchetés de condamner enfin les massacres du Pool. Il était temps car c’est ce qu’on attendait de lui depuis des lustres en tant que fils du Pool, député de Kinkala et bénéficiaire principal du vote sociologique de cette région.

Le scoop est tombé. Après avoir pris acte des résultats de la Cour constitutionnelle de l’élection présidentielle du 20 mars 2016 suivi d’un rétropédalage avec des recours sans effet devant cette même institution et la Cour africaine, la demande de grâce présidentielle pour Jean-Marie Michel Mokoko, Parfait Kolelas vient enfin de reconnaître son mentor Sassou comme Président élu à 8 % de tous les Congolais. Parjure et trahison continuent.

L’exercice n’a pas été facile, alambiqué, mêlant jérémiades et complaintes. La seule question qui vaille est celle de savoir si Parfait Kolelas aura ce qu’il n’a pas eu jusqu’alors malgré ses lamentations de la part du pouvoir dictatorial du Congo-Brazzaville ? C’est un marché de dupe, car dans son discours du 05 octobre 2016, il est dans les déclarations d’intention et non dans l’action. Ira-t-il jusqu’à déclarer une journée ville morte en mémoire des victimes du Pool ? La politique est une question de rapport de force. Ainsi, nous n’avons rien à demander à Sassou sinon que le contraindre avec des actions pacifiques à reconnaître la vérité des urnes. Nous savons tous qu’adepte du goût du sang dans la bouche des autres, de la force brute, ce dernier n’attend qu’une énième occasion pour nous exterminer tous avec son armada.

A l’instar de Gandhi, de Martin Luther King, la non-violence avec des actions pacifiques feront plier notre despote. Paulin Makaya, Jean-Marie Michel Mokoko, Modeste Boukadia et tous les autres croupissent en prison, sans violence, tout en gardant intacte leurs idéaux et détermination pour une société démocratique et juste au Congo.

Parfait Kolelas ne doit pas ériger en principe l’invisibilité politique faite de renoncements et de reniements. Force est de constater qu’un Congo apaisé et réconcilié avec Sassou n’est possible qu’avec lui en Chef de l’opposition congolaise élargie à la majorité présidentielle en dehors des plates formes IDC-FROCAD-J3M qui manquent peut être d’experts en magouilles politiques. C’est du vagabondage politique dicté par la girouette. C’est un positionnement pour le moins bizarre et la course au leadership pour assouvir un dessein politique de tournante au sommet de l’état suite à l’accord PCT-MCDDI qu’il n’a jamais dénoncé publiquement.

Les massacres du Pool sont antérieurs à cette convention. Donc en cela, Parfait Kolelas ne peut dire être rattrapé par ce drame. Il y a lieu de souligner quelques incongruences. Il manie la langue de bois en condamnant toutes les violences d’où qu’elles viennent. Encore faudra t-il se poser la question de savoir qui a agressé qui en premier ? La réponse est sans ambiguïté, mais il eu fallu avoir le courage de le dire. La demande d’une commission d’enquête parlementaire jadis refusée, ignorée, refait surface. L’ambiguïté des propos sur la jeunesse du Pool instrumentalisée dont il comprend par ailleurs l’action pour toutes ces années perdues, laisse perplexe. N’oublions pas que Parfait Kolelas est député, puis ministre de Sassou de 2009 à 2015 avant d’être viré comme un malpropre. En cela, il lui revenait de se préoccuper de ce problème. Les milices paramilitaires du pouvoir qui sèment la terreur dans le Pool ne peuvent être assimilées aux jeunes du Pool depuis trop longtemps abandonnés, oubliés par leurs leaders qui se sont servis d’eux comme marchepied pour assouvir des ambitions personnelles. Le retour du bâton est douloureux. Ne dit-on pas que ventre affamé n’à point d’oreilles ?

Il en aura fallu du temps pour demander une minute de silence en comité restreint. Le SOS via Caritas ne changera pas la donne tant le mal est profond. Il y a lieu de demander un arrêt immédiat et sans condition des massacres du Pool. Rien ne peut justifier le déluge de feu sur le Pool. En tant qu’homme politique, nous lui demandons de trouver des solutions politiques et secondairement de jouer à l’armée du salut. Les complaintes et les jérémiades sont de l’ordre de la morale et non de la politique. Il faut avoir les moyens de sa politique et la politique ses moyens. Quand ça veut lutter, un homme, ça peut lutter.

La reconnaissance de Sassou comme Président élu à 8% de tous les Congolais par Parfait Kolelas renvoie aux oubliettes notre rêve d’une alternance démocratique par la reconnaissance de la victoire volée du 20 mars 2016. N’ayant jamais dénoncé publiquement l’accord PCT-MCDDI, Parfait Kolelas fait toujours techniquement partie de la majorité présidentielle du Congo-Brazzaville. Nous ne sommes pas dupes. En cela son discours du 05 octobre 2016 est un coup d’épée dans l’eau, une opération cosmétique qui tend à nous passer une pommade anesthésiante. Décidément le costume est trop grand pour ses frêles épaules. A nous de le porter dorénavant. Qu’il ne parle plus en notre nom, qu’il s’en aille tartuffe rejoindre les autres et devenir Parfait Okolelas. Qu’il se rassure que nous ne serons pas là pour essuyer ses larmes de crocodile. Nous ne pouvons plus continuer à être la risée du monde.

Comme disait l’autre, circulez il n’y a plus rien à voir. Il est temps pour les vrais démocrates, sans attache partisane, résolus à faire triompher notre idéal commun d’une société démocratique au Congo, de continuer la lutte pour la libération totale du Congo de toute dictature. Le dialogue inclusif que nous appelons tous de nos vœux ne saurait être un rassemblement des Congolais autour de Sassou, mais le moment de ressusciter la démocratie qui a été assassinée au Congo.

Pour être compris, un message doit être clair. Mais celui-ci nous laisse sur notre faim.

« Il n’a pas pire aveugle en politique que celui qui voit mais qui n’a pas de vision. »

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA