Bon anniversaire au Président Pascal LISSOUBA
Pascal LISSOUBA, l’intelligence au service de la République, un Homme d’Etat incompris.
“La différence entre le politicien et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération.” De James Freeman Clarke / Discours
Le »meilleur de sa génération » comme disait l’autre, Pascal Lissouba est sans aucun doute l’homme politique qui a marqué plus d’une génération.
Pascal Lissouba est un homme politique congolais né le 15 novembre 1931 à Tsinguidi, dans le Département du Niari. Agronome de formation, il a été premier-ministre du Congo de 1963 à 1966. Élu président de la République du Congo en août 1992. Pascal Lissouba fait ses études primaires à Mossendjo et à Boko. Il commence ses études secondaires à Brazzaville et les poursuit à Nice, où il obtient son baccalauréat en 1952 au lycée Félix Faure. Il fait des études d’agronomie à l’École Supérieure d’Agriculture de Tunis et obtient en 1956 un diplôme d’ingénieur agronome. Revenu en France, il passe une licence en sciences naturelles. Il est ensuite stagiaire au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris et à l’ORSTOM (aujourd’hui Institut de Recherche pour le Développement dans la spécialité phytogénétique et amélioration des plantes). Il prépare une thèse en génétique sous la direction de Georges Rizet.
En 1961, il soutient à Paris sa thèse d’État et accède au grade de docteur ès sciences, avec félicitations du jury, mention très bien. À compter de juin 1961, il est chargé de recherches à l’ORSTOM. Il est promu maître de conférences en biologie végétale, par arrêté du 3 novembre 1961 du ministère de l’Éducation nationale. Lissouba rentre au Congo en 1962 et est nommé directeur général des Services agricoles, alors qu’il souhaite se consacrer à la Recherche et à l’Enseignement.
Le 16 août 1963, Alphonse Massamba-Debat, devenu Chef du Gouvernement provisoire après le renversement de Fulbert Youlou par une insurrection populaire, le nomme ministre de l’Agriculture et des Eaux et Forêts.
Le 19 décembre, Massamba-Debat, candidat unique, est élu Président de la République. Le 24 décembre, Il nomme Lissouba au poste de Premier ministre. Moins de deux ans après son entrée dans la vie active, il devient, à l’âge de 32 ans, l’un des principaux personnages de l’État et le premier collaborateur du Chef de l’État, il est par ailleurs le plus jeune Premier ministre dans l’histoire politique du Congo.Le gouvernement Lissouba manifeste dès le départ l’ambition de réduire la dépendance de l’économie congolaise vis-à-vis des capitaux étrangers. Il élabore un plan qui prévoit la nationalisation de plusieurs secteurs de l’économie et le développement d’une industrie d’État. La commercialisation des produits agricoles (ONCPA, RNPC) et le commerce d’importation (OFNACOM) sont nationalisés. Cependant, Le président Massamba-Debat tempère l’ardeur socialisante du gouvernement en mettant son veto à la nationalisation du transport urbain, de la production d’électricité et de la distribution d’eau. La collaboration des pays industrialisés du bloc communiste (Chine, URSS) et parfois occidentaux, permet la création de plusieurs unités industrielles publiques (cimenterie, construction navale, textile, manufactures de cahiers et d’allumettes).
L’action de rénovation rurale qui prévoit l’installation de jeunes de la ville en campagne pour développer l’agriculture échoue, faute d’adhésion.
Sur le plan social, le gouvernement Lissouba s’efforce d’assurer une couverture maximale du territoire en matière de santé et de scolarisation, en créant de nombreuses écoles et dispensaires.
Le Stade de la révolution, construit en un temps record, est inauguré en juin 1965. Il sert de cadre aux premiers Jeux africains de 1965.La longue période de vicissitudes (1966-1979)
Déchargé de ses responsabilités politiques, Lissouba enseigne la génétique au Centre d’Études Supérieures de Brazzaville. Parallèlement, il apporte son assistance aux planteurs de cacao de la région de la Sangha et réalise des expériences de croisement d’espèces de manguiers à Boko et à Loudima.
En juillet 1968, au beau milieu du bras de fer entre Massamba-Debat et les officiers progressistes menés par le capitaine Ngouabi, il cosigne une lettre ouverte au Président de la République. Avec ses amis Henri Lopès, Jean-Pierre Thystère-Tchicaya et Jean-Édouard Sathoud, il exhorte le Président à ne pas céder à la tentation du renfermement ethnique. Les quatre signataires préconisent l’instauration préalable d’une « démocratie nationale », encore à conceptualiser, avant toute édification d’un socialisme dont les conditions ne sont pas encore réunies au Congo. Ils demandent aussi au Président de désigner uLa retraite politique (1979-1990)
Les conditions très sévères de sa détention ont altéré sa santé. Aussitôt libéré, il se rend en France pour les soins médicaux appropriés. Il va y rester, s’éloignant pour de longues années du champ politique. Il enseigne la génétique à l’Université de Créteil. En 1985, il intègre l’UNESCO et est nommé Directeur du Secteur Sciences exactes et naturelles. Il est ensuite Directeur régional de l’UNESCO en Afrique pour la Science et la Technologie à Nairobi. Au cours de toutes ces années, Lissouba s’abstient de toute intervention et commentaire sur la vie politique du Congo et semble avoir définitivement tourné cette page de sa vie. Un comité qui serait chargé d’élaborer des reformes permettant de consolider l’unité nationale.
Après à la négociation entre Massamba-Debat et l’armée qui dénoue partiellement la crise politique, Lissouba est un des 39 membres du Conseil National de la Révolution (CNR) mis en place le 5 août 1968. Il fait également partie du nouveau gouvernement formé par Massamba-Debat, avec le rang de ministre d’État chargé du Plan. Le 31 décembre 1968, après l’aménagement de l’Acte fondamental qui permet à Marien Ngouabi de devenir Président de la République, il est nommé ministre d’État chargé de l’Agriculture et des Eaux et Forêts. Il garde ce poste jusqu’au remaniement du 21 juin 1969.
Le 17 octobre, il est mis en état d’arrestation et doit répondre devant la cour révolutionnaire de l’accusation de complicité dans le triple assassinat de Pouabou, Matsocota et Massoueme en 1965. Ses coaccusés sont Massamba-Debat, Noumazalaye, Ndalla, Hombessa, Lounda, Bindi, Maboungou-Mbimba et Van Den Reysen. Le 21 novembre, tous les accusés sont acquittés, exceptés Bindi, Maboungou-Mbimba et Van Den Reysen qui étaient jugés par contumace. Cependant, ils sont interdits de toute activité politique et sortie du territoire pour deux ans.
Les élections démocratiques (mars – août 1992)
Il revient à Brazzaville en février 1992. Une foule considérable de militants et de sympathisants de l’UPADS l’accueille à l’aéroport de Maya-Maya et l’escorte jusqu’au palais des congrès, où il tient son premier meeting. Il y prononce une phrase qui marque les esprits « Je suis venu pour vous servir, et non pas pour me servir ». Sa rentrée politique intervient dans la dernière ligne droite avant la série des élections de 1992. Le 2 août, au premier tour de l’élection présidentielle, il arrive sans surprise en tête, avec 282 000 voix (35,89 %). Bernard Kolelas qui a obtenu 20,32 % sera son adversaire au second tour. Entre les deux tours, Pascal Lissouba obtient le ralliement de quelques battus du premier tour : Joachim Yhombi-Opango, David Charles Ganao, Alphonse Souchlaty-Poaty. Le 11 août, le PCT et l’UPADS signe un accord pour constituer le socle d’une majorité parlementaire stable, gouverner ensemble quel que soit le résultat de la présidentielle et faire campagne commune pour l’élection de Lissouba au second tour de la présidentielle.
Le second tour a lieu le 16 août. Les résultats sont proclamés le 20. Pascal Lissouba devance largement Bernard Kolelas avec 506 395 voix (61,32 %) contre 319 396 (38,68 %). Lissouba est arrivé en tête dans 7 régions sur 10. Kolelas ne l’a battu qu’à Brazzaville et dans le Pool. Au Kouilou, les deux candidats sont au coude à coude. Le recours de Kolelas auprès de la Cour suprême, pour « fraudes généralisées et frappantes » de la part de son adversaire, est rejeté. Pascal Lissouba devient le sixième Président de la République du Congo.
Par GUY MAFIMBA