Pascal Tsaty-Mabiala ou l’incarnation de la compromission permanente

mafimba-300x248-2474933Par  Guy MAFIMBA

« l’UPADS est utilisée comme un fonds de commerce d’accompagnement du pouvoir »

Le coup d’État permanent tel est l’essai de l’homme politique français François Mitterrand, publié en 1964 dénonçant la pratique du pouvoir personnel par le général de Gaulle, Pascal Tsaty Mabiala, historien de formation saura inspirer les historiens qui revisiteront l’histoire politique congolaise de ces vingt dernières années dans la rédaction d’un essai qui pourrait s’intituler : ‘’Pascal Tsaty Mabiala ou l’incarnation de la compromission permanente’’.

En effet, l’homme manie l’art oratoire, a fait main basse d’un instrument politique en éliminant tous ses concurrents politiques, l’UPADS, légué par un prestigieux Pascal, Pascal Lissouba. Lui, le nain politique, surfe sur le charisme de cet homme prestigieux, pour se tailler à coup de trahisons et compromissions le statut tant convoité ‘’d’opposant du pouvoir’’. De Mberi Martin en passant par Joseph Kignoumbi Kiaboungou ou Clément Mouamba, tous les trois membres de la galaxie lissoubienne, anciens caciques du PCT, cette tartuferie politique, disons politicienne n’a qu’un seul objectif à savoir, satisfaire l’égo surdimensionné du maître des lieux, Denis Sassou Nguesso.

Dans la dernière publication du journal Pole-Polele 199 à travers une plume assassine, une colère, voire une haine à peine voilée, Pascal Tsaty Mabiala s’est livrée lors d’une interview à un long réquisitoire sur la personne de Charles Zacharie Bowao, responsable du département Communication de la fédération Frocad-Idc-Cj3m. Que cache cette attaque sur la personne de Charles Zacharie Bowao, membre comme Pascal Tsaty Mabiala de l’opposition congolaise, en dépit des divergences d’approche qui les opposent ?

A priori, l’homme n’a pas digéré sa débâcle électorale, non pas de l’UPADS, mais d’un personnage qui a toujours su manier la ruse et le refoulé ethnocentriste pour s’imposer. En filigrane, Pascal Tsaty Mabiala est inquiet des suites de la crise post-électorale, ayant parié pour une ‘’normalisation’’ à brève échéance à la faveur de Sassou Nguesso ; la résistance des forces vives de la nation au pouvoir dictatorial de Brazzaville réduit indiscutablement sa marge de manœuvre dans la galaxie des ‘’opposants du pouvoir’’ à savoir : Parfait Kolelas, Pascal Tsaty Mabiala, Nick Fylla, Kignoumbi Kiaboungou, Anguios Engambe etc.

Tentant un décryptage !

Manifestement, lors de cette interview, l’historien Pascal Tsaty Mabiala tente une lecture tronquée de l’histoire politique tumultueuse congolaise pour se donner une virginité politique, loin de la vérité historique. Pascal Tsaty Mabiala l’ancien cacique de l’UJSC (Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise), passé par la case PCT, s’est attelé à vouloir justifier son nouveau statut ‘’d’opposant du pouvoir ‘’ et membre à part entière du ‘’Sassouland’’, tel que décrit par le jeune activiste congolais Andréa Ngombe comme l’attelage du , ce, à travers une réécriture des différentes séquences du combat pour l’alternance démocratique au Congo enclenché par les forces vives de la nation depuis 2013, bien entendu en revendiquant sa conceptualisation, son organisation, son leadership voir son financement.

En notre qualité d’ancien membre de la ‘’majorité présidentielle lissoubiste ‘’ aile Paris, cadre du RDD canal historique, membre fondateur du Frocad, membre du collège des présidents de l’IDC, la charge injuste et truffée de contre-vérités de monsieur Pascal Tsaty Mabiala ne peut me laisser indifférent.
Au sujet de sa traçabilité politique. Il est de notoriété publique que Pascal Tsaty Mabiala est membre éminent de l’UJSC depuis les années 70, Pierre Ngolo l’actuel SG du PCT est parmi l’un de ses meilleurs amis. Jeunesse du parti, il sied de souligner le rôle joué par l’UJSC dans la conspiration ayant entraîné la chute du Président Yhomby Opango. Conspiration bâtie sur un tissu de mensonges, art qu’a bien manié admirablement Pascal Tsaty Mabiala jusqu’à la conquête de l’UPADS et sa ruine actuelle. Comme Conseiller du premier ministre d’alors, Ange Edouard Poungui (1984-1989), Pascal Tsaty Mabiala ne peut s’exonérer du bilan politique et socio-économique du PCT, donc de Sassou Nguesso avant la Conférence Nationale Souveraine de 1991.

Au lendemain du big-bang politique consécutif à l’instauration de la démocratie en 1991, Girouette lorsque tu nous tiens, Pascal Tsaty Mabiala rejoignit l’UPADS du Président Pascal Lissouba, manifestement guidé par le positionnement et animé par des considérations subjectives. Dans cette galaxie lissoubiste, Pascal Tsaty Mabiala se distingue par une ‘’radicalité’ ‘étrange face à ses ‘’amis’’ d’hier dans une guerre de tranchées qui condamnera définitivement le régime du Président élu Pascal Lissouba, emporté par un coup d’Etat occasionné entre autres par la ‘’radicalité subjective’’ dont a fait preuve une ‘’écurie’’ de la majorité lissoubiste. Dernier Ministre de la Défense du Président Pascal Lissouba, ceci est un symbole fort de sa posture lors de cette tragédie qu’a connu notre pays.

Enfin, de son exil en Afrique de l’Ouest puis en Belgique, nous avons nullement constaté, ni enregistré l’activisme politique de Pascal Tsaty Mabiala pour le retour à l’ordre constitutionnel. L’on a plutôt noté la force de convictions et la loyauté des Ministres Mougounga Nguila Kombo, Lambert Ngalibali, Ouabari Mariotti, Benoit Koukebene etc…dans ce combat pour le retour à la démocratie.
Autrement dit, vouloir réduire la démarcation et le positionnement de Charles Zacharie Bowao à son éviction du gouvernement à la suite des évènements du 04 mars 2012, me conduirait à interpeller Pascal Tsaty Mabiala sur le sort du Colonel Loundou et tous ces jeunes tombés sur le champ de bataille pour défendre la démocratie, étrangement le pouvoir de Brazzaville est traité avec respect par ce dernier.

Au sujet du respect de l’ordre constitutionnel. Contrairement aux affabulations de Pascal Tsaty Mabiala, la problématique du respect de l’ordre constitutionnel bien qu’enclenché au sein de collectif des 16 et de l’UPDS a pris son apogée avec les dissidences nées au sein du PCT animées par André Okombi Salissa, Charles Zacharie Bowao d’un côté et l’ancienne majorité présidentielle avec Parfait Kolelas du MCDDI, Serge Blanchard Oba du MSD, Anaclet Tsomambet et Guy Mafimba du RDD, Mabio Mavoungou du RDPS, Michel Mampouya et Jacques Banangadzala, rejoins plus tard par le Révérend Ntumi du CNR. Par ailleurs, la parole courageuse et sans ambiguïté de madame Claudine Munari sur l’incontournable et l’exigence de alternance démocratique a été décisive. N’en déplaise à Pascal Tsaty Mabiala, la présence et l’apport de Charles Zacharie Bowao en France au côté d’une diaspora agissante a été le point d’appui d’une mobilisation et d’un lobbying sans précédent pour notre combat.

Toutes ses forces politiques qui se sont retrouvées pour l’alternance démocratique, acquis fondamental de la Conférence Nationale Souveraine a été un moment historique dans le processus démocratique dans notre pays, in fine la preuve que le compromis politique né de la réconciliation nationale au lendemain du coup d’Etat de juin 1997 ne pouvait rompre avec le contrat politique né de la Conférence Nationale.
En conséquence, les mobilisations populaires sans précédent des 27/09/2015, 17/10/2015 etc. ne sont que le fruit d’une convocation des intelligences et la mutualisation des moyens de cette plateforme hétéroclite, citoyenne et patriotique mue par la volonté de changement et du respect de l’alternance.

Au sujet de la création du Frocad. Hommage sois d’abord rendu à Clément Mierassa qui, le premier a créé le ‘’Mouvement Citoyen’’, précurseur dans le combat pour le respect de l’ordre constitutionnel. Le Frocad est en réalité dans la continuité de cette stratégie d’élargissement des forces acquises à l’alternance politique et la mutualisation des moyens. Paul Marie Mpouele, Raymond Ombaka, les professeurs Mbama et Anaclet Tsomambet, Patrick Mampouya, Jo Ebina, Guy Mafimba ont travaillé dans l’ombre, vérité historique oblige. Tsaty Mabiala et l’UPADS ainsi que d’autres forces politiques dont l’apport a été décisif ne peuvent se prévaloir d’être les fondateurs.
Toujours dans ce registre, le succès du dialogue alternatif de Diata est à n’en point douter une œuvre collective, inspirée dans les locaux du MSD de Serge Blanchard Oba par Augustin Kalakala dont j’ai soutenu l’idée et l’esprit, ce, dans l’approche de la CADD d’André Okombi Salissa qui voulait les ‘’choses en grand’’. Sous la direction de Serge Oba, Marion Madzimba et Pierre Dion, des femmes et hommes ont pendant plus de deux semaines préparer méthodiquement et minutieusement les travaux de dudit dialogue.

Vérité historique oblige, la paternité que se targue de revendiquer Pascal Tsaty Mabiala n’est que contre vérité. Nous avons appris plus tard que discrètement Pascal Tsaty Mabiala continuait les négociations avec Firmin Ayessa pour la participation de l’UPADS au dialogue de Sibiti. Enfin, Diata, siège de l’UPADS a abrité cet historique dialogue alternatif que suite aux refus répétés du pouvoir de nous accorder une salle publique ou d’autoriser la location d’une salle privée.

Au sujet de la ‘’Charte de la victoire’’. Pascal Tsaty Mabiala est passé maître dans la formulation des phrases assassines selon ses intérêts du moment. En effet, Le vendredi 16 octobre 2015, nous sommes à la veille du scrutin référendaire, au micro de Christophe Boisbouvier il menaçait : >, plus loin il déclarait >. Au lendemain de la répression sanglante du 20 octobre 2015 qui a vu une centaine de nos partisans tombés sous les balles assassines du pouvoir de Sassou Nguesso et l’embastillement de AOS et PAKO, Pascal Tsaty Mabiala lors de son oraison funèbre n’en démords pas, encore plus incisif, il déclarait lors de l’oraison funèbre ce qui suit : > et ils (l’opposition) promettent de >. Tout est résumé dans ces deux sorties médiatiques sur la duplicité et la tartufferie de Pascal Tsaty Mabiala. Sa posture politique, sa parole est souvent fonction des négociations sécrètes qu’il a enclenchées discrètement avec ses anciens amis du PCT. Depuis son élection en 2012 à Loudima avec le soutien politique et financier du PCT, en passant par sa participation aux différents pseudo-dialogues (Brazzaville, Ewo, Dolisie etc…), Pascal Tsaty Mabiala a de tout temps utilisé l’UPADS comme un fonds de commerce d’accompagnement du pouvoir.

Ainsi le 29 février 2016, Pascal Tsaty Mabiala a apposé sa signature sur la ‘’Charte de la victoire ‘’ dont ses articles 1 et 4 recommandent ‘’solidarité entre les cinq candidats en cas d’agression, d’arrestation et privations de liberté’’ d’une part, la mise en place d’un organe technique autonome de supervision des élections d’autre part, la coalition Frocad-Idc-J3m avait par cet acte historique scellé la victoire usurpée de force.