Passy “mermans”, le premier à jouer le rôle de guitariste mi-solo dans la nouvelle section rythmique des bantous en 1964

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Par :  Clément OSSINONDE

Le départ des Bantous, en juillet 1963 du guitariste-soliste Antoine Nedule “Papa Noël”, est un coup de poignard qui paralyse sérieusement l’orchestre. Une semaine durant, l’orchestre, si fort quelques semaines auparavant, devient la risée de tous : Les Bantous avaient misé une partie de leur style sur ce guitariste-soliste talentueux.

La chute est d’autant plus douloureuse que dans cette foulée, “Papa Noël” entraîne avec lui le guitariste rythmique Jacques Mambau “Jacky”. Ils sont immédiatement remplacés par le guitariste soliste Alphonse Passy Ngongo “Mermans” (en provenance de Mando Negro) et par le guitariste d’accompagnement Joseph Samba “Mascott” (venu de Novelty).

Un mois après “l’atterrissement” de Mujos dans les Bantous (6 janvier 1964 en provenance de l’African Fiesta), Gerry Gérard Biyela est engagé comme guitariste soliste titulaire (le 3 février 1964 venant du groupe Le Festival Select de Brazzaville). De par sa qualité technique, ses improvisations et son doigté, on lui préfère à Passy “Mermans” qui pour autant n’a pas démérité, et pour lequel on a d’ailleurs, rendu un hommage pour son courage et sa volonté de mieux faire en dépit de sa moyenne expérience à cette époque.

Une place de guitare mi-solo dans la section rythmique.

Si la venue de Gerry Gérard est saluée, la question s’est posée pour situer la place de Passy “Mermans” dans la nouvelle section rythmique du groupe. Après une longue réflexion suivie d’une étude appropriée, on lui attribue un rôle tout à fait particulier. Une innovation inédite des Bantous dans la musique congolaise : La création d’un poste de guitariste “mi- solo” (qui signifie “demi-solo”), jouant des motifs d’arpèges et remplissant un rôle “entre” les guitares lead et rythmiques. C’est-à-dire, de jouer des notes individuelles dans un accord séparément.

Il s’agit en fait d’une section rythmique dans laquelle,  les guitaristes peuvent échanger ou même dupliquer des rôles pour différentes chansons ou plusieurs sections d’une chanson. Une vraie révolution.

Alphonse Passy Ngongo “Mermans” est donc responsable en 1964 de la mise en œuvre de ce coffret de “mi-solo” qui a une importance historique considérable. Il constitue depuis un maillon indispensable de la guitare dans la musique congolaise. Citons parmi les premières œuvres réalisées sur ce style dont la qualité technique de reproduction fut extrêmement à la hauteur de la musique : “Comité Bantou”,“Camitina”, “Tantina”, “Club Bantou”, etc…

Enfin, plusieurs années après, l’artiste musicien émérite Crispin-Régis Lukoki, attribue au “mi-solo”, la notation musicale ci-après : “l’utilisation de la Tonique et la Dominante (en Do Majeur, Do et Sol ou Sol 7), bien que parfois on utilise le mot Fondamental pour désigner l’accord qui détermine le Ton” (un peu relatif aux harmonies de jazz).

Qui est Alphonse Passy Ngongo “Mermans” ?

Il est né le 25 novembre 1942 à Madzia en République du Congo-Brazzaville.

Durant ses études à l’école protestante de Bacongo, il découvre son intérêt pour la musique grâce a des cours de musique de solfège enseignés par le professeur Sébastien Matingou. Ce dernier va initier le jeune Passy à la mandoline, un instrument qu’il va maîtriser ainsi que la guitare.

Tout jeune, il évolue comme musicien instrumentiste de la chorale “Echo du ciel de Bacongo” à Brazzaville. Dés 1957, Passy Mermans devient le leader du groupe « Syncope jazz » au bar de Monsieur NERE à Baratier, (Département du Pool) suivi d’un autre groupe du nom d’ “Elengui Jazz”.

Deux ans plus tard, en 1960, “Elengui Jazz” devient Mando Negro (Mando = Mandoline ; Negro = Nègre) toujours sous la houlette de Passy Mermans.

-1963 à 1972- Orchestre Les Bantous de la capitale (en remplacement d’Antoine Nedule “Papa Noël” puis guitariste mi-solo suite à l’intégration de Gerry Gérard comme soliste titulaire.

-1972 à 1973-  Orchestre “Les Nzoï” (co-fondateur)

-1973 à 1976- Chef de l’orchestre Lisolo  (fondateur) et membre de l’orchestre national du Congo.

-1977 à 1988- Retour dans Les Bantous de la capitale.

-1990 à 1997- Orchestre Bantous Monument

– 1997 à ce jour –  Orchestre Les Bantous de la capitale

Auteur compositeur de grand talent, Mpassi Mermans compte à son actif des œuvres à grands succès, comme “Lemba”, ” Badetty”, “Bani-bani”, “Buboté mona pélé”, “Cest sérieux tantine”, “Fifi, Ton ami n’est pas ton ami”,  “Momimama”, …

Avec la disparition des illustres co-fondateurs des Bantous en 1959, Passy Ngongo Mermans 1er, demeure actuellement un des vétérans de l’orchestre Bantous, après le patriarche Edo Ganga (l’unique survivant brazzavillois de l’orchestre à ce jour).

Clément Ossinondé