Chers compatriotes,
Après 17 ans d’exil, et suite à mon engagement politique aux côtés de Mr Bernard Kolélas, président fondateur du MCDDI (Mouvement Congolais pour la Démocratie et le Développement Intégral), président de L’ERDDUN (Espace Républicain pour la Défense de la Démocratie et de l’unité nationale), de défendre le pluralisme démocratique, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, je me permets aujourd’hui au nom du collectif UPC-Unis Pour le Congo de vous adresser cette lettre relative à mon retour au Congo-Brazzaville, notre patrimoine commun, pays en proie à l’une des dictatures les plus féroces au monde.
Mes chers compatriotes, profitant du débat sur le changement ou pas de la constitution du 20 Janvier 2002, et tenant compte de la responsabilité de chaque Congolais devant le destin de notre pays : tout citoyen Congolais a le devoir de ne ménager aucun effort afin d’apporter sa pierre à la construction de l’état de droit. On ne saurait admettre que le vivre ensemble soit menacé par ceux-là mêmes qui ont changé sans vergogne la constitution du 15 Mars 1992, fruit consensuel de la conférence nationale souveraine. Hélas, un plan machiavélique allant à contre-courant des principes démocratiques fut érigé dès l’arrivée au pouvoir des instigateurs du coup d’état sanglant du 15 Octobre 1997, pour assouvir leurs appétits égocentriques, égoïstes et sous le fallacieux prétexte de préserver le socle de l’unité nationale. Pour ma part, je prends toutes mes responsabilités, et ce au péril de ma vie, de rentrer chez moi au Congo, les mains nues afin de prendre part, sur le terrain aux côtés des forces vives de la nation, au débat qui divise notre peuple, menace la paix et la stabilité nationale sans lesquelles aucun pays ne peut se construire et se développer.
Mes chers compatriotes, la constitution est la loi fondamentale d’un pays sinon le soubassement de la République. C’est par elle que l’on confère force et autorité aux institutions de l’Etat, rend possible la paix, la symbiose intercommunautaire, le vivre ensemble et permet l’égalité des citoyens devant la loi. Pour cela, toute tentative de changement de constitution au Congo, n’allant pas dans le sens de l’intérêt général, est un coup d’état constitutionnel. Voilà pourquoi, au nom du collectif unis pour le Congo-UPC, j’interpelle tous les républicains Congolais où qu’ils se trouvent de se mobiliser massivement afin de barrer la route aux manœuvres antirépublicaines des fossoyeurs de la République. Lesquels ont déjà trahi notre peuple, et pour de raisons de conquête de pouvoir personnel et clanique, fait occuper le pays par des mercenaires et des troupes étrangères en octobre 1997. Aujourd’hui les mêmes veulent encore nous imposer de façon unilatérale et sans honte le changement de leur propre Constitution du 20 Janvier 2002. Enfin, s’il m’était permis de donner un conseil aux mêmes, je leur demanderais de faire attention. Car, comme dirait l’autre, «la République est un rêve d’avenir partagé». Ce rêve d’avenir partagé se traduit dans les faits par le respect des lois de la République, par la promotion de la justice sociale et de l’égalité des chances dans la vie. En somme, ce rêve d’avenir partagé ne demeure vivace que s’il y a une justice respectée et impersonnelle. Pour ce faire, il y a lieu d’affirmer que si l’on détruit la justice, c’est le début de l’anarchie et de l’arbitraire, avec toutes les conséquences que cela implique.
Mes chers compatriotes, s’agissant du pseudo recensement administratif de 2014, base de la confection des listes électorales, je rappelle que pour les élections consensuelles de 1992 et 1997, il était mis en place une commission électorale nationale représentant toutes les sensibilités politiques et la société civile pour couvrir toutes les opérations y relatives. Par conséquent, le collectif UPC-Unis Pour le Congo, que j’ai la charge de coordonner, soutient l’opposition congolaise intérieure et rejette le recensement administratif unilatéral (ayant outrageusement vu le nord du pays devenu plus peuplé que le sud) organisé par les autorités de Brazzaville. A l’évidence, ce maquillage éhonté des chiffres ne vise en réalité qu’un but : l’organisation des élections frauduleuses comme en 2002 et 2009. En fait, de notre point de vue, seul un processus électoral maîtrisé, concerté entre toutes les sensibilités politiques et sociales sera susceptible de conduire à la mise en place d’institutions démocratiques crédibles, fiables et stables. Enfin, après avoir volontairement faussé d’avance les règles du jeu, Monsieur Sassou Nguesso et ses alliés doivent maintenant commencer à préparer sans appréhension et anxiété l’alternance démocratique de Juillet 2016.
Mes chers compatriotes, conscients de toutes vos souffrances et humiliations, mes amis et moi au sein du collectif UPC-Unis Pour le Congo et tous ceux de la diaspora politique qui œuvrent pour un Congo uni, prospère et démocratique, avions accepté de sacrifier notre jeunesse pour vous, afin de nous sortir de cet état d’esclavage moderne planifié et entretenu par nos propres concitoyens égarés. Lesquels s’illustrent par une mégestion telle qu’ils ont allègrement plongé notre cher et beau pays dans un chaos sans précédent. Enfin, en vous adressant cette lettre je vous confirme mon retour au pays les mains nues et n’emportant dans mes bagages que
la paix, la réconciliation nationale véritable, l’entente et l’unité nationale, seuls gages du renouveau démocratique. Je rentre donc au Congo, une prison à ciel ouvert quand ce n’est un aquarium politique ou les opposants sont empêchés de sortir et tout à fait conscient de ce que peuvent m’y réserver les ennemis de la paix et de la démocratie véritable.
Pour terminer, j’interpelle la conscience collective mondiale, les Etats Unis d’Amérique, la France, l’Union Africaine et l’Union Européenne d’aider les Congolais à s’engager résolument au respect scrupuleux de la constitution du 20 Janvier 2002, souhaité de tous ses vœux par le peuple Congolais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre.
J’ai dit,
Veuillez agréer, chers concitoyens, l’expression de mes sentiments patriotiques.
Londres, 26/07/2014