Pillage du pétrole congolais : Les secrets de l'enquête Collard

Jeudi, 21 Mars 2013 11:19 Administrateur News – Economie

L’enquête du ministère public suisse sur les opérations du trader Pascal Collard au Congo-Brazzaville menace les règles bien établies des attributions de barils dans le pays. Depuis près d’un an, l’affaire fait les gorges chaudes du petit monde des traders genevois spécialisés sur le golfe de Guinée.

Tout le monde connaît au moins l’un des protagonistes de l’opération sur laquelle enquête le ministère public suisse depuis janvier 2013 (AEI nº682). Surtout, les négociants s’inquiètent que cette affaire ne vienne bouleverser le petit marché du brut congolais. Le mois dernier, comme l’a révélé le quotidien suisse, Le Temps,Gunvor, ex-employeur de Pascal Collard, a porté plainte contre lui.

La société a toujours maintenu n’avoir eu aucune connaissance de ses agissements.
Le marché du brut est supervisé par Denis Christel Sassou N’Guesso, dit « Kiki », fils du chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso, et directeur général adjoint de la Société nationale des pétroles du Congo. Deus ex machina du secteur, « Kiki » n’apparaît jamais dans aucune vente de barils mais désigne aux négociants désireux d’obtenir des cargos les intermédiaires congolais avec lesquels ils doivent travailler (son ancien conseiller juridique Blaise Elenga, qu’ AfricaEnergy Intelligence avait désigné par erreur comme l’un des protagonistes de l’affaire Collard, y est en réalité totalement étranger). Quand Pascal Collard a négocié l’achat, en 2009, de 18 cargos de 920 000 tonnes avec une décote de quatre dollars, il s’est vu désigner deux partenaires : Maxime Gandzion, ancien cadre chez Total Gabon, ex-conseiller de feu Omar Bongo, et actuellement chargé de mission à la présidence congolaise ; et le Français Jean-Marc Emmanuelli, proche d’Edgar Nguesso, neveu de Denis Sassou Nguesso et actuel directeur du domaine présidentiel congolais.

Quant à Gandzion, il fait partie de la nomenklatura : il est le fils du ministre de l’éducation du père de l’indépendance congolaise, Fulbert Youlou (1960-1963). Longtemps très proche de Denis Christel, qui l’a introduit auprès de son père, il voit aujourd’hui ses comptes à Monaco bloqués suite à cette affaire.

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