Poto-Poto : Alerte, les Koulounas s’installent. Que fait la police ?

« La paix des cœurs et la tranquillité des esprits », le vœu cher au Président Sassou Nguesso prend peu à peu l’allure d’un slogan creux. Hier, synonyme de non crépitement des armes,

la paix telle que le désir actuellement nos compatriotes doit tout aussi se conjuguer avec un meilleur bien être, la sécurité des personnes et des biens. Déjà en proie à la misère, au chômage et à l’oisiveté qui touche 60% de la jeunesse, un phénomène tout aussi alarmant, le ‘’phénomène Koulouna’’ s’installe peu à peu à Brazzaville, créant de ce fait un climat de peur et de terreur. Les quartiers de Poto-poto et de Moungali sont les plus touchés.

Nuit du 25 au vendredi 26 avril 2013, peur sur Poto-poto et Moungali

Course-poursuite dans les rues et avenues, sang, cris et larmes ont rythmé la nuit des populations de Poto-poto et Moungali. De notoriété publique, connu des services de police ainsi que des Maires des arrondissements et des élus locaux, Poto-poto et Moungali sont mis en coupe réglée par des bandes armées, aux dénominations barbares à savoir : les ‘’Somaliens’’ du côté de la grande école de Poto-poto, le ‘’Gouvernement’’ terrorisant les environs de la rue Mbakas et ‘’l’Armée rouge’’ occupant outrageusement le long du chemin de fer, la rue du 5 février et les environs de la résidence présidentielle de M’pila. En fait une zone qui part de la rue Mbochi au Beach de Brazzaville en passant par le quartier Tsinguidi, la résidence présidentielle de Mpila et la rivière Madoukou. Toutes sortes de trafic s’y développent, le croisement de la rue Bacongo-Miadéka et le terminus de la rue Bangala du côté de Madoukou s’y développent, au vu et au su, la vente et la consommation de la drogue.

Fait aggravant, selon nos informations, une dame, chef de zone et militante du PCT est propriétaire sinon résidente dans la parcelle de la rue Bangala, lieu de tous les trafics. Le PCT serait-il devenu un parti dealer!

En effet, ce qui était considéré comme un épiphénomène, de simples disputes juvéniles s’est transformé en véritable guérilla urbaine dans la nuit du jeudi à vendredi, créant à l’occasion la peur et la désolation, pire une tentative d’homicide volontaire. Les avenues de France, le pont de la pointe hollandaise et la rue Mbakas ont été le théâtre d’une bataille rangée entre ces différents groupes de « Koulounas ». Munis de machettes, bouteilles et armes blanches, des jeunes drogués dont la majorité d’origine étrangère, pour la plupart de la RDC, dans un jeu de ping-pong attaques-représailles se sont affrontés pendant plus de cinq heures. Sur l’avenue de France, deux jeunes de la RDC, appartenant vraisemblablement à la bande ‘’Armée rouge’’ ont été assommés à coup de machettes et autres armes blanches. Ils ont eu la vie sauve que grâce à l’arrivée tardive d’une BJ de la police à la hauteur de la rue Likouala. Au niveau de la rue Mbakas, une jeune compatriote s’est vu sectionnée le doigt, son seul tort c’est d’avoir été au mauvais endroit et à la mauvaise heure.

En fait, elle serait une cousine d’un jeune « Koulouna », responsable quelques jours auparavant d’une attaque chez un groupe concurrent. Il faut signaler, cette même nuit d’autres échauffourées dans le quartier de Moungali et dans le quartier Tsinguidi à Poto-poto. Le réveil a été douloureux pour nos compatriotes qui se croyaient à l’abri de ces monstruosités et de ces barbaries déversées à longueur de journée par la chaîne de télévision ‘’Molière’’ de la RDC. Rassuré en cela par les sorties médiatiques et les gesticulations du DGPN Jean François Ndenguet. Ils ont vécu en ‘’live’’ le phénomène « Koulouna » qui est en fait la traduction de graves carences et dysfonctionnement de l’appareil sécuritaire de notre pays, l’enracinement des antivaleurs dans la société, bref une perte d’autorité manifeste.

Le phénomène ‘’Koulouna’’, haro sur la chaîne des responsabilités

Phénomène de société, conjoncturel ou tout simplement une crise de la gouvernance du Président Sassou Nguesso. Ce phénomène qui est une menace grave de la paix civile, vient s’ajouter à toutes sortes d’injustices et de violences qui alourdissent le climat et l’ambiance délétère, ceci hypothèque gravement le vivre-ensemble dans la paix, l’unité et le progrès dans notre pays.

En analysant les chaînes de responsabilités, notre rédaction épingle en premier lieu, Monsieur Zéphirin Mboulou, le Ministre de l’Intérieur et ses directions de la surveillance du territoire et celle de la police nationale. Autrement dit, la porosité de nos frontières, l’identification des étrangers malfrats, puis leur neutralisation, selon les lois et règlement en vigueur incombent aux généraux Philipe Obara et Jean François Ndenguet. Dans le cas d’espèce, ces différents groupes « Koulounas », leurs leaders respectifs sont connus des services de police des cinq commissariats qui quadrillent la zone (Plateaux, Mbochi, Poto-Poto et Tsinguidi). Ajouter à cela la caserne de la Garde Républicaine qui jouxte la résidence présidentielle de Mpila, un étau peut se refermer naturellement sur tous les malfrats qui écument nos rues et avenues dans cette partie de la ville capitale. La descente samedi 27/04/2013 du DGPN Jean François Ndenguet a d’ailleurs fait l’objet de railleries et d’indifférence des populations, reprochant à ce dernier un manque de volonté d’éradiquer ce phénomène.

La deuxième chaîne de responsabilité est attribuée aux Maires de Poto-poto et Moungali, leurs chefs de Quartiers, blocs et zones. Les députés Charlotte Opimbat, Jean de Dieu Kourissa, Onligou, tous du PCT, n’échappent pas la critique des populations qui se sentent abandonnées à leur triste sort. La militante du PCT de la rue Bangala, hébergeant une vente et une consommation de drogue accentue, sinon aggrave la responsabilité des pouvoirs publics, notamment ceux du PCT. Enfin, les populations de Poto-poto et Moungali ne peuvent échapper à leurs responsabilités coupables. Il est incongru et alarmant de constater la construction dans des parcelles, des taudis en tôles et planches, véritables nids de malfrats souvent étrangers. Prévu pour recevoir une dizaine de personnes, plus d’une cinquantaine y cohabitent dans une promiscuité et une insalubrité totale moyennant 5 à 10.000 CFA mensuel.

Le phénomène « Koulouna » est tout aussi la traduction d’un mal vivre, d’une jeunesse marginalisée, dépravée et précarisée, pour qui « la nouvelle espérance » et le « Chemin d’Avenir » n’ont su tracer des perspectives heureuses et meilleures. Cet océan de misère et de désespoir, constitué en majorité de jeunes, cohabitant avec des « Koulouna » en col blanc, qui entassent des milliards dans leurs domiciles privés, fruit des ‘’biens mal acquis’’ et du pillage de nos richesses naturelles dans l’indifférence et le sceau de l’impunité que leur confère l’appartenance à la famille présidentielle, celle du PCT, parti au pouvoir ou des loges ésotériques. Le tout pour un pays qui ne cesse d’afficher des croissances à deux chiffres.

Auteur: DIRECT BRAZZA