La violence politique, la prédation économique, la paupérisation des masses, la discrimination tribale, l’oppression et la répression populaire, la marginalisation des institutions politiques au profit d’une gouvernance basée sur des logiques informelles et illégales ont franchi sous le règne des Nguesso, les limites de l’entendement humain et de l’acceptable.
Ces dérives aux effets désastreux à court, moyen et long termes ont été porté à des niveaux tellement excessifs qu’ils mettent en péril les fondements et l’avenir de la nation congolaise.
Peut-on encore parler d’Etat, lorsque la loi cesse d’exister ? Au Congo, les lois ont progressivement été mises à mal du fait d’une corruption qui n’a cessé de s’étendre par la faute d’une gouvernance criminelle qui a consacré l’impunité pénale et la déconstruction des valeurs morales et déontologiques. Et aujourd’hui, la loi fondamentale est violée de la manière la plus brutale et la plus abjecte qui soit, par celui-là même qui est sensé en être le garant, le chef de l’Etat.
Pour accéder et conserver le pouvoir, Sassou Nguesso ne s’est jamais fixé une limite à ne pas franchir : intrigues, trahisons, organisation d’attentats, faux procès, élimination physique des concurrents réels ou supposés, guerres de conquête du pouvoir, expéditions militaires punitives contres des populations civiles dont le seul tort était d’être de la même tribu qu’un de ses adversaires politiques ont constitué les instruments de son ascension et de sa longévité politique.
Et voilà que par un coup de force d’une rare violence, notre dictateur-président a franchi un nouveau cap : l’assassinat prémédité et flagrante de la nation, par la mise en œuvre d’une répression sanglante et tribale à dessein, des populations qui appellent au respect de la légalité républicaine et à l’alternance démocratique. Imbu de la toute-puissance que lui confère l’énorme richesse qu’il tire du pillage des ressources de la nation, et de sa puissance de corruption, il a osé braver délibérément et sans crainte le droit et la communauté internationale.
En se permettant une telle forfaiture, Sassou Nguesso, le dictateur-sanguinaire, affirme qu’il entend se situer au-dessus des lois nationales et des traités internationaux. En imposant par la force d’une armée de mercenaires, une nouvelle constitution élaborée à huis clos, en dehors de toute assemblée constituante légale, et en violation des dispositions de la constitution en cours, juste pour convenance personnelle, Sassou a démontré le peu d’importance qu’il accorde aux lois de la république, et aux traités internationaux. De par un tel acte aussi ignominieux que flagrant, Sassou entend imposer sa personne, sa volonté, ses intérêts comme la seule loi qui devra compter dans la gestion des affaires congolaises. L’unique loi à laquelle il entend contraindre les congolais et la communauté internationale. Sassou entend personnifier la loi. Il impose au peuple congolais l’assujettissement, l’asservissement, la soumission à l’égard de sa seule volonté, aux seuls intérêts de sa famille et de son clan.
Dès lors, les notions de « droit, de citoyenneté, de liberté, de justice » cessent d’avoir un contenu et un sens. Mais du même coup, la parole présidentielle perd toute crédibilité. Et la solution d’un dialogue y trouve nécessairement ses limites, car que peuvent bien valoir les promesses ou les engagements d’une personne ou d’un groupe de gens qui sont passés maitres dans l’art du mensonge et de la manipulation politique ?
Et quand le président veut légitimer sa forfaiture par une « prétendue volonté du peuple », ses partisans proclament constituer « le vrai peuple ». Que deviennent alors les autres congolais ? Ceux qui ne se cautionnent pas cette dérive dictatoriale qui n’a d’autre explication que la folie d’un homme incapable d’assumer les conséquences de sa longue vie de criminel et de mafieux !
A l’évidence, le « peuple de Sassou » qui voudrait légitimer cette cruelle dictature, ne voient les autres congolais que comme des « sous-citoyens », quand ils ne rêvent pas d’en faire des apatrides. Ces gens ne conçoivent la réalité qu’à l’aune de leurs intérêts. Même ceux qui ont une certaine instruction en sont réduits à voir et penser la société et les rapports sociaux que sur la base de leurs intérêts personnels et familiaux. Les partisans du pouvoir « ont le nez dans la gamelle » et ne peuvent voir plus loin. Pour avoir construit leur fortune ou leurs espoirs sur la spoliation des autres, les discriminations subjectives dont ils sont les bénéficiaires, le vol des ressources publiques, l’égoïsme, la certitude de jouir toute leur vie des facilités et privilèges qu’offre l’exercice du pouvoir ou la proximité affective avec celui-ci, ils sont devenus aveugles à la souffrance de leurs compatriotes, sourds aux doléances et aux aspirations de la multitude, incapables de percevoir les enjeux véritables qui se jouent dans cette crise, et la fracture irréparable qui divise désormais la nation avec les terribles conséquences qui pourraient en découler à moyen terme.
Le peuple congolais : celui de la multitude, celui des laissés pour compte, celui qui subit l’oppression de ce pouvoir criminel… ce peuple ne peut et ne doit en aucun cas renoncer à cette lutte ô combien vitale pour la construction d’un « Congo un, indivisible et solidaire », une nation véritablement moderne et prospère.
Ce peuple que le pouvoir et ses clientèles ont résolu d’appauvrir, d’affamer, de brutaliser, de torturer physiquement et moralement, de réduire au silence par l’intimidation ou l’assassinat… ce peuple dont se réclament tous ceux qui se battent pour la légalité, pour un Congo véritablement libre, uni et prospère pour tous ses fils et toutes ses filles ; ce peuple qui est résolu à abattre les barrières artificielles imposées par l’instrumentalisation politique de la tribu et de la géographie doit mener ce combat jusqu’à son terme. Jusqu’à la liquidation totale et définitive de ce régime fou et criminel qui déconstruit l’homme en le privant de son humanité, de son intelligence et de sa dignité. Cette tyrannie tribale qui hypothèque gravement l’avenir de la jeunesse et de la nation.
Nous n’avons pas d’autres choix, la liberté est à ce prix.
Les leaders de l’IDC-FROCAD doivent avoir à l’esprit qu’aucune compromission ne sera avalisé par le peuple combattant. L’apartheid politique et social que Sassou veut instaurer au Congo, avec l’appui actif de ses collaborateurs et clientèles de toutes origines ethniques, ainsi que de ses appuis extérieurs, doit être combattu énergiquement, avec conviction et persévérance. Notre cause est juste, elle va dans le sens de l’histoire.
Il en va de l’avenir d’un peuple et du destin d’une nation.
Rassemblement pour le Congo