D’aucuns se souviendront que, dans le souci de rendre plus efficaces les services rattachés à la présidence de la République, le Chef de l’Etat, Denis Sassou-N’Guesso, avait décidé, il y a quelques années, d’élever certains officiers supérieurs des Forces armées congolaises (FAC), notamment des colonels et des généraux, à différents postes de responsabilité.
Parmi eux se trouvent les colonels Serges Oboa, Obami-Itou, Landry Simplice Euloge Ollita et le général Nianga Mbouala.
Malheureusement, une certaine confusion de rôles de chacun d’eux semble régner à la Présidence de la République. Le risque ne serait-il pas grand de retomber dans l’inefficacité ?
L’on se souviendra que le colonel Serges Oboa a été élevé Directeur général de la Sécurité Présidentielle (DGSP) après avoir été précédemment chassé de la Présidence de la République à cause de son altercation qui avait failli tourner en un affrontement armé avec l’amiral Hilaire Moko.
Cette élévation, il la doit en grande partie à Jean Dominique Okemba (JDO) et à son oncle Jean-Jacques Bouya, actuel ministre à la Présidence chargé de l’Aménagement du territoire et de la délégation générale aux grands travaux (DGGT). Parce que ce sont eux qui avaient plaidé sa cause auprès du Chef de l’Etat pour qu’il soit repêché après ses bisbilles avec l’amiral Moko.
L’on se souviendra aussi que Jean-Jacques Bouya n’était pas à ses premières faveurs vis-à-vis de son neveu. Car, du temps où il était encore Délégué général aux grands travaux (DGGT), il avait déjà fait positionner le colonel Oboa comme Responsable des Grands Travaux des Forces armées Congolaises dont le général Denis Sassou-N’Guesso est le commandant suprême.
Le colonel Obami-Itou, fils du président du Sénat André Obami-Itou, a été élevé au poste de Directeur des voyages officiels. Il fut précédemment Directeur de la Protection des hautes personnalités (couramment appelées VIP-Very important person). Il a eu le mérite de désarmer entre-temps un ministre très puissant qui s’était entouré de plusieurs éléments armés pour rencontrer Denis Sassou- N’Guesso. Plusieurs langues se délient dans la capitale pour dire que c’est depuis ce jour-là qu’a germé l’idée du nouveau mur de sécurité construit tout récemment à l’entrée de la Résidence officielle du Chef de d’Etat, au Plateau.
Pour sa part, le général Nianga Ngatsé Mbouala a été promu aux fonctions de Commandant de la Garde Républicaine (G.R), en remplacement du général Emmanuel Avoukou, décédé. L’actuel commandant de la G.R fut auparavant Commandant de la Zone militaire de défense (ZMD) Numéro 3 Gamboma, dans le Département des Plateaux.
S’agissant du colonel Landry Simplice Euloge Ollita, il a été élevé au poste d’Ambassadeur directeur national du protocole (DNP) après avoir assuré l’intérim de l’ancien DNP, Bonaventure Engobo. Sa titularisation, il la doit à ses compétences, à ses bonnes méthodes de travail.
Malheureusement une confusion de rôles est constatée au sommet de l’Etat
Le cas le plus récent en matière de confusion de rôles est celui qui concerne le ministre d’Etat, Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Firmin Ayessa, et l’Ambassadeur directeur national du protocole, Landry Simplice Euloge Ollita.
Le communiqué de la Présidence de la République du lundi 18 mai 2015, convoquant les Consultations du chef de l’Etat avec les forces vives de la Nation, indiquait que les invités seraient contactés par les services du Protocole d’Etat. Mais, contre toute attente, au lieu que le Bureau du colonel Ollita adresse les invitations attendues, c’est plutôt le ministre d’Etat Ayessa qui s’est rabaissé au poste d’agent du Protocole national pour contacter, non par courrier administratif, mais par coup de fil téléphonique, en usant d’un numéro masqué, donnant le pressentiment qu’il voulait se cacher.
Or, c’était faire la politique de l’autruche, cet oiseau qui croit se cacher dans le sable en y enfouissant sa tête alors que tout le reste de son corps est à découvert. Le timbre de la voix de Firmin Ayessa n’avait pas changé au téléphone. Plus d’un opposant ayant boycotté ces Consultations a signalé ou dénoncé cette fausse note protocolaire auprès des diverses chancelleries.
La question que le commun des mortels est en droit de se poser est celle de savoir si Landry Simplice Euloge Ollita a été viré ou non de son poste de direction par le président Denis Sassou-N’Guesso.
A la vérité, le cas Ayessa-Ollita n’est que l’arbre qui cache la forêt. Ils sont légion les chefs de départements de la Présidence de la République à se « bouffer » le nez. Tantôt, c’est sur les plates-bandes du colonel Oboa que les uns marchent ; tantôt, c’est dans les jardins du colonel Obami-Itou que les autres jettent des pierres, à défaut de chasser dans la forêt pourtant réservée au général Nianga-Mbouala. Pour quel intérêt ?
Qui tire les ficelles de la confusion et à qui profite le crime ?
Ce jeu de mauvais goût, qui consiste à usurper une compétence pour laquelle on n’a pas reçu mandat, est entretenu par des tireurs de ficelles, agissant dans l’ombre. Malheureusement, ces derniers oublient qu’ils tirent le pays vers le bas, et le risque est grand de faire revenir la Présidence de la République à la case départ. C’est-à-dire à l’inefficacité qu’avait bien voulu corriger le président de la République en élevant les cadres cités ci-dessus à des postes de prise de décision.
Or, la présidence de la République ressemble aujourd’hui à une basse-cour tribale, où plusieurs coqs chantent en même temps et n’importe où. Même les enfants et neveux du président de la République, qui sont devenus plus riches que le gouvernement, donnent des ordres aux officiers supérieurs. Ceux-ci les exécutent béatement, de peur d’être limogés. Pourtant, les fils du chef de l’Etat ne sont pas des chefs d’Etat. Mais qu’attend le président Sassou pour les discipliner ?
Le comble, au-delà de toute la confusion qui règne dans la cour du Roi, c’est de voir des marchands d’illusions, des courtisans, défiler devant le président de la République pour lui proposer d’acheter du vent. Autrement dit, en lui disant à l’oreille que toutes les conditions sont encore réunies pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2016, et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Ainsi il sera un véritable «Sese Seko», comme en rêvait le maréchal du Zaïre, Mobutu Sese Seko. Par contre, de nombreux analystes politiques, qui savent lire les signes du temps, estiment que les carottes du Chemin d’Avenir seront bientôt cuites en 2016, conformément à la Constitution du 20 janvier 2002, au nom de laquelle Denis Sassou-N’Guesso avait prêté serment en 2009.
Ghys Fortuné DOMBE BEMBA